La difficile ascension d'une génération historique

Il y a trois ans, une petite bande de gamins donnait des couleurs plus réjouissantes à un automne morose.

Pour la troisième fois seulement, une équipe de jeunes Belges disputait une Coupe du Monde. En 1997, les U20 de Jean-François Gillet, Olivier Renard, Carl Hoefkens et Cédric Roussel avaient explosé en 8es contre le Brésil 10-0. Dix ans plus tard, Eden Hazard, Christian Benteke, Guillaume François ou Nill De Pauw n'avaient gagné qu'un match, contre le Tadjikistan, avant de se faire éliminer dès la phase de groupes. En 2015, un joyeux collectif dirigé par Bob Browaeys avait écrit une page de l'histoire du football belge en terminant troisième du Mondial U17.

Ils s'appellaient Wout Faes, Orel Mangala, Alper Ademoglu, Ismail Azzaoui, Jens Teunckens, Dante Rigo ou Laurent Lemoine. Ils ont aujourd'hui tous 20 ans ou presque. L'âge de l'insouciance encore. Celui des promesses à concrétiser aussi. L'occasion de se replonger dans leur épopée chilienne mais aussi de se projeter sur la suite de la carrière de cette génération dite des 1998. Embarquement immédiat pour ce nouvel épisode d'histoire de Diables.

En route pour l'histoire

En les voyant partir, les habitants de Talca éprouvent un petit pincement au coeur en cette fin du mois d'octobre 2015. Depuis 10 jours, ils avaient pris l'habitude de voir déambuler dans leurs rues une joyeuse bande de joueurs belges. Qui, plutôt que de rester cloîtrée dans son hôtel, s'était ouverte sur le monde, visitant deux écoles de cette capitale provinciale à 250 kilomètres de Santiago. Le voyage des hommes de Bob Browaeys va les mener plus au nord à La Serena. Le sélectionneur, prophétique, lance alors : "un autre tournoi commence".

Le premier a été poussif. Avec un parcours cahoteux en phase de groupes. Le nul inaugural contre le Mali tient du miracle vu la physionomie de la rencontre (26 tirs à 2). La victoire qui a suivi contre le Honduras a été poussive, elle aussi (2-1) et tout aurait pu s'arrêter après cette défaite contre l'Equateur (2-1). Mais l'Australie, qui devait s'imposer par deux buts d'écart contre l'Argentine, s'incline (2-1), ce qui propulse les Diablotins en huitièmes de finale au titre de l'un des quatre meilleurs troisièmes.

"On va essayer d'aller le plus loin possible"
Wout Faes, avant la Corée du Sud

Sur leur route, un premier épouvantail : la Corée du Sud. Les partenaires du phénomène Lee Seungwoo, pur produit de la Masia du Barça, se sont offert le Brésil (1-0), la Guinée (1-0) et ont accroché l'Angleterre (0-0). Wout Faes, en qualité de sosie capillaire officiel de David Luiz, voit sa popularité exploser au Chili au moment où les Diables, les grands, s'installent au sommet du ranking Fifa pour la première fois. "Du coup, les autres nations ne nous considèrent plus comme une petite nation. Ils nous prennent au sérieux", confie-t-il avec une ambition similaire à cette notoriété nouvelle : "On va essayer d'aller le plus loin possible".
La Corée du Sud en fait les frais.

Dans le bus qui ramène les joueurs à leur hôtel, Orel Mangala joue les DJ. La fête est belle. Avant que le sérieux ne se réempare du groupe. "Ils ont retrouvé leur calme car ils n'étaient pas seuls dans l'établissement même s'ils ont eu du mal à trouver le sommeil. Mais ils devaient se reposer car le tournoi continue", nous avoue Bob Browaeys. Qui, à l'idée de cette qualification en quart, confie spontanément : "Je ne l'aurais jamais cru. Non pas parce que je n'étais pas convaincu des qualités de cette génération. Bien au contraire. Mais je sais qu'il faut faire un parcours extraordinaire pour y arriver. À chaque fois qu'il le faut, ils répondent présent", savoure le sélectionneur en précisant : "la force de cette équipe est collective. Le groupe est très homogène. Cette génération est surtout très forte mentalement, elle ne stresse pas."
Son approche du quart contre le Costa Rica le démontre. Quand Wout Faes et Orel Mangala rêvaient d'une même voix de retrouvailles en forme de revanche face à l'équipe de France qui, avant d'être sacrée championne d'Europe quelques mois plus tôt, les avaient éliminés en demi-finale de l'Euro après une séance de tirs au but dantesque, le milieu anderlecthois précise : "on peut s'estimer heureux. Ce sera difficile et disputé". Ce qui ne l'empêche pas de voir un peu plus loin. Avec gourmandise. "C'est trop tôt pour parler de titre mais on l'a dans un coin de la tête, même si on ne veut pas aller trop vite".

Tout ira trop vite pour les Costaricains et leur gardien, impuissant sur une merveille de coup franc de Dante Rigo alors que, dans le même temps, Jens Teunckens fera des merveilles dans les buts pour valider cette qualification pour les demi-finales.

Moment historique ou pas, cette génération ne change pas ses habitudes. Les joueurs s'emparent eux-mêmes de la théorie qu'ils présentent au staff avant que les rôles ne s'inversent. Ils chanteront, comme ils l'ont décidé, la Brabançonne dans les deux langues. Ils feront front aussi pour soulager Jens Teunckens qui, avant ce match, reste le gardien le plus sollicité du tournoi. "Les Maliens avaient fait un très bon match contre nous", rappelle le Brugeois d'alors. "Mais nous avons tiré les leçons de cette partie".

Ce qui se vérifiera après une entame canon et l'ouverture du score de Dante Rigo, encore. Mais Sekou Koita, présenté à juste titre par le T2 David Van Renterghem comme "un phénomène" et ses coéquipiers vont mettre fin au rêve belge, qui tourne au cauchemar pour Teunckens qui se troue totalement sur le 2-1.

Dans le vestiaire, forcément, l'ambiance est à la déception. Vincent Kompany, en personne, rassure le jeune gardien sur les réseaux sociaux.

Signe que les esprits sont marqués par ces gamins qui, même avec la magie des réseaux sociaux, ne réalisent pas forcément ce qui leur arrive. "Directement après le match, c'était dur. Les joueurs étaient très déçus comme nous tous parce qu'il avait moyen de battre le Mali. Il y avait moyen de jouer la finale", reconnaît Browaeys, marqué par la détresse de son gardien. "Mais, même après ce fait de match, j'ai vu une force mentale sur le terrain alors que l'équipe aurait pu s'écrouler et perdre confiance. Et qui sait si Jens n'aurait pas été le héros aux tirs au but ? Lui comme les autres étaient déçus une heure. Ensuite, tous disaient qu'ils voulaient tout faire pour obtenir la troisième place".

Ce que les Diablotins, grâce à un doublé de Dante Vanzeir, auteur du but décisif à la dernière seconde, feront face au Mexique. Point final d'une incroyable épopée.

"Il n'est pas encore trop tard mais…"

Le ciel est gris. Bas. Mais les visages sont radieux. Même après de longues heures de vol depuis le Chili. Les joueurs de Bob Browaeys tombent dans les bras de leurs proches sur le parvis de la Maison de verre où ils sont reçus. Les célébrations s'étirent jusqu'au Heysel, avec une présentation officielle à la mi-temps du match des Diables contre l'Italie le 13 novembre. L'heure est à la fête. Mais aussi au questionnement sur l'évolution de ce groupe. "La plupart réussiront en pro", avance le sélectionneur tout en prenant soin de préciser que "le plus dur commence. Ils doivent garder les pieds sur terre. Ce n'est pas parce qu'ils ont fait une bonne Coupe du Monde qu'ils intégreront un noyau A".

Gert Verheyen: "C'est l'histoire de chaque génération"

La suite de l'histoire a légitimé le discours du technicien. "Parce qu'ensuite, c'est une pyramide", image David Van Renterghem, toujours adjoint de Browaeys.
"C'est l'histoire de chaque génération", observe Gert Verheyen qui a emmené les 98 jusqu'au Tour élite de l'Euro U19. "C'est bien ce qu'ils ont vécu là-bas mais cela ne veut rien dire. Pour certains oui, mais pas tout le noyau. Quelques uns sont plus limités et n'arrivent pas à franchir le cap. C'est classique chez les jeunes. Quand tu fais quelque chose en U21, cela a plus de poids. Chez les U17, c'est tôt. Pareil chez les U19."

Et l'ancien milieu de rappeler : "souvent, on a dit d'un joueur qu'il allait faire une grande carrière et, avec le recul, un autre, moins doué ou talentueux, a fait une plus belle carrière. C'est une question de sacrifices, de volonté pour y arriver et de choix en allant dans une équipe pour jouer. C'est plus difficile quand tu vas à Schalke, à Tottenham ou à l'Inter de jouer."
Le tacle à destination d'Alper Ademoglu est bien glissé. Talentueux, le milieu s'est perdu au fil de choix de carrière surprenants depuis son départ d'Anderlecht, vers Schalke donc, et végète en réserve à Bursaspor.

"C'est un exemple", souffle Van Renterghem qui continue à suivre de près ses anciens protégés. "A leur âge, les choses les plus compliquées arrivent, il faut être bien entouré et l'entourage est important à ce niveau-là. Il y a le facteur chance aussi, il faut être dans une structure où, quelque part, tu as la confiance et la réussite de ne pas se blesser. Je pense notamment à Azzaoui qui a eu deux fois le genou en compote ou Vanzeir qui marque lors de la troisième place et qui a aussi été blessé gravement. Après, certains percent doucement. Dante Rigo, depuis le début de saison au PSV, a marqué deux fois mais a été blessé deux fois. Il est constamment dans le noyau A, il a été sur le banc en Ligue des Champions, une blessure l'a empêché d'aller en Espoirs. Wout Faes est à Ostende, ce n'est peut-être pas ce qu'il attendait, mais il est en D1. Orel fait son petit bonhomme de chemin en Allemagne. Azzaoui a eu une belle période à Wolfsburg avant de déchanter en raison des blessures. Les autres sont en D2 aux Pays-Bas ou en D1B en Belgique. Le plus dur est à faire mais ils sont encore assez jeunes. Il n'est pas encore trop tard. Mais on savait qu'on n'allait pas retrouver un De Bruyne ou un Hazard. On savait qu'on n'avait pas ce joueur qui, en forme, ferait la différence seul. C'était le collectif d'abord." Qui ne laisse que très peu de place aux individualités.

Ostende, Hambourg, Eindhoven, Geel et Roulers…

Jens Teunckens

Formé à Bruges à l'époque, le gardien titulaire est resté dans l'ombre avant d'être prêté la saison dernière à l'Antwerp où il a disputé deux matches de PO2. Transféré définitivement cet été dans la Métropole, il reste la doublure de Sinan Bolat en club et le troisième dans la hiérarchie chez les Espoirs.

Kino Delorge

Le latéral, formé à Genk, a disputé l'an passé ses premières minutes en pro à Dordrecht, en D2 néerlandaise, où il était prêté. A rejoint cet été le Dinamo Bucarest où il a disputé deux rencontres.

Rubin Seigers

Toujours à Genk, le défenseur polyvalent a goûté aux PO2 au printemps 2017 et a disputé des bouts de matches cette saison.

Wout Faes

Borduré à Anderlecht, il est allé chercher du temps de jeu à Heerenveen de janvier à juin 2017 puis à l'Excelsior Rotterdam la saison dernière avant de rallier définitivement Ostende cet été, où il s'est imposé comme un titulaire. Ce qui est également le cas en Espoirs.

Christophe Janssens

Apparu lors de la fin de saison 2016/17 avec Genk, qui l'a prêté la saison dernière au MVV Maastricht en D2 néerlandaise où il a accumulé du temps de jeu, le latéral gauche a rejoint Westerlo cet été où il tente de trouver sa place.

Matisse Thuys

Comme Janssens, il a été prêté l'an passé au MVV Maastricht, avec moins de réussite. Le milieu a également quitté Genk et le monde pro puisqu'il évolue à Geel en D1 amateurs.

Dante Vanzeir

Apparu dans le groupe pro la saison dernière, Genk croit en ce milieu prêté cette saison au Beerschot où il a inscrit trois buts en championnat.

Dante Rigo

Toujours au PSV, il a réussi un début de saison intéressant, se frayant une place dans le groupe et grappillant un peu de temps de jeu. Avant de voir son ascension freinée par une blessure.

Dennis Van Vaerenbergh 

Prêté par Bruges au FC Eindhoven, où il n'a pas vraiment pu s'exprimer, l'avant-centre a rejoint Dender en D1 amateurs cet été au terme de son contrat.

Alper Ademoglu

Son départ pour Schalke en janvier 2016 au terme d'un bras de fer avec Anderlecht, où il avait refusé de s'entraîner avec les Espoirs, avait fait grand bruit. En Allemagne, le milieu a évolué chez les U19 et en réserve avant de s'en aller début de l'année pour Bursaspor, où il a été reversé en réserve.

Ismail Azzaoui

Maudit d'une certaine manière. Dans la foulée de la Coupe du Monde, il avait été lancé en Bundesliga par Wolfsburg mais n'a pas été épargné par les blessures. Sortait d'une bonne saison en prêt l'an passé à Willem II avant de voir son genou lâcher cet été. Frustrant pour ce milieu offensif binational qui a ouvert la porte au Maroc.

Gaetan Coucke

Formé par Genk, le gardien a été prêté à Lommel cette saison où il est titulaire en D1B.

Laurent Lemoine 

Le défenseur central, titulaire aux côtés de Wout Faes, a été prêté à Roulers l'an passé par Bruges qu'il a quitté définitivement cet été pour Malines, où il compte trois petites apparitions.

Steve Ryckaert

L'autre Gantois a été prêté à Tubize l'an dernier et a rallié Saint-Trond cet été, où le défenseur central évolue en réserve.

Orel Mangala

Pas forcément le plus simple à suivre puisqu'il a connu trois clubs depuis son départ d'Anderlecht en 2016. Champion d'Allemagne U19 avec Dortmund, il a suivi son entraîneur du Borussia à Stuttgart en 2017, en profitant pour accumuler 20 apparitions en Bundesliga. Cet été, il a reculé pour mieux sauter en étant prêté à Hambourg en D2 où il est indiscutable. Ce qui lui a permis de retrouver les Diablotins.

Lennerd Daneels

Toujours au PSV où il évolue avec les jeunes de son âge en équipe réserve.

Matthias Verreth

Comme Daneels, il est en réserve au PSV.

Jorn Vancamp 

Anderlecht a prêté cet attaquant à Roda l'an dernier avant de le laisser libre de signer au Beerschot cet été, où il est remplaçant.

Terry Osei-Berkoe 

Après son prêt à Knokke la saison dernière, ce milieu est retourné à Bruges où il évolue avec la réserve.

Steph Van Cauwenberge

Le gardien a quitté Bruges pour Roulers, où il demeure remplaçant.

Osimhen, Pulisic,
Alexander-Arnold et les autres

Aux yeux du monde, Victor Osimhen est né quelque part au Chili, au fil de ses 10 buts en 7 matches. Du jamais-vu à ce niveau. Et le Nigérian se retrouve désormais à Charleroi, pour se relancer. Puisque rien n'est acquis à son âge, son coéquipier Kelechi Nwakali, élu meilleur joueur du tournoi, en avait profité pour signer à Arsenal mais a enchaîné les prêts au MVV Maastricht, au VVV Venlo et désormais au FC Porto, en réserve.

D'autres joueurs présents au Chili ont connu une ascension plus rectiligne.

Plusieurs d'entre eux sont devenus internationaux chez les grands, disputant même la Coupe du Monde comme l'Anglais Trent Alexander-Arnold, titulaire à Liverpool, ou l'attaquant australien Daniel Arzani, plus jeune joueur présent en Russie. Ce dernier a été acheté par Manchester City et prêté au Celtic, où il côtoie le Français Odsonne Edouard qui y a été prêté par le Paris SG. Son compatriote Dayot Upamecano a intégré la galaxie Red Bull et est tout proche de l'équipe de France.
Les Maliens Amadou Haidara et Sekou Koita font aussi partie du giron de la marque de boissons énergisantes, mais en Autriche à Salzbourg, et sont devenus internationaux. Comme le prodige coréen Lee Seungwoo qui a quitté le FC Barcelone pour le Hellas Vérone où il s'épanouit, à l'image de l'Américain Christian Pulisic à Dortmund ou du Paraguayen Blas Riveros à Bâle.

"Chacun se développe comme il le sent"

Au Chili, il a souvent régné dans l'entrejeu tout en s'imposant dans le car comme le DJ officiel des célébrations de victoire. "Mais je ne me rappelle plus de toutes les musiques", prévient Orel Mangala dans un sourire. Le temps a fait son œuvre. Il n'efface pas les souvenirs. "Parce qu'une Coupe du Monde reste une Coupe du Monde". Et qu'elle a lié, d'une manière ou d'une autre, tout un groupe. "On est encore en contact via les réseaux sociaux où nous avons des groupes de discussions. On sait ce que tout le monde fait, cela crée des liens".
Tout ce petit monde s'est disloqué un soir de novembre après avoir été salué au Heysel à la mi-temps du match des Diables contre l'Italie. "C'était sympa, on a pu échanger, ils nous ont félicités mais, à ce moment là, jamais personne ne se dit qu'un jour, on sera peut-être tous en A. On profite plus du moment, personne n'y pense mais beaucoup veulent jouer avec les A".

"Pas facile de faire les bons choix"

Rares sont ceux qui en sont proches. Même chez les Diablotins, les héros chiliens ne sont que trois : Jens Teunckens et Wout Faes ont quasiment effectué toute la campagne de qualification pour l'Euro 2019, alors qu'Orel Mangala a pris part à quelques rassemblements en marquant les esprits. Dans le prolongement de son parcours en club qui a parfois été risqué mais s'avère payant dans son ascension vers le plus haut niveau. "Après mon prêt à Dortmund en 2016/17, j'ai suivi mon entraîneur à Stuttgart parce que j'avais besoin d'une année en pro", rembobine le milieu qui, la saison dernière, a compilé une vingtaine d'apparitions en Bundesliga. "Le projet était bon et cette année le plus important était de jouer, et j'ai choisi de partir en prêt pour avoir du temps de jeu à Hambourg. Cela me réussit bien." Ce qui n'est pas forcément le cas de ses anciens partenaires. "Pourquoi ?", s'interroge-t-il. "C'est difficile à dire. En club, chacun se développe comme il le sent, il faut prendre les bonnes décisions. Ce n'est pas facile. Mon entourage, mon agent et mon père m'aident à le faire. Mais j'ai toujours le dernier mot". Ce qui lui donne raison.