Belgian Tornados :
10 années de conquêtes

Depuis son apparition aux Jeux Olympiques de Pékin en 2008, où son histoire a démarré pied au plancher, l’équipe masculine de relais 4x400 m porte haut les couleurs de la Belgique sur la scène internationale. Plus que n'importe quel autre athlète, les Belgian Tornados, emmenés depuis le début par les infatigables jumeaux Kevin et Jonathan Borlée, sont les principaux fournisseurs de médailles pour notre athlétisme.

Une histoire exceptionnelle (20 finales internationales), un palmarès tout à fait remarquable (9 médailles et 13 records de Belgique) et, surtout, une aventure humaine et sportive hors norme sur laquelle nous nous penchons dans ce long format avec le sélectionneur Jacques Borlée comme guide principal : nos relayeurs ont fait de la continuité de ce projet une priorité absolue.

Aujourd'hui, au bout de cette première décennie de conquêtes, c'est tout le sport belge qui les en félicite...

Pékin 2008 : l'envol au Nid d'Oiseau

La saison 2008 marque les premiers pas sur la grande scène mondiale, chez les seniors, de notre quatuor représentatif.
Jacques Borlée, porteur du projet depuis ses débuts et désigné sélectionneur dès l'année 2007, savait précisément sur qui s'appuyer. “Je possédais un capitaine assez extraordinaire en la personne de Cédric Van Branteghem, qui coachait vraiment bien les jeunes. Avec lui, Kristof Beyens et les éléments moins expérimentés, j’avais une équipe assez bien équilibrée”, se souvient-il.

Et c’est donc avec le sprinter gantois, alors détenteur du record de Belgique (45.02) et âgé de 29 ans, que le relais 4x400 m belge vivra ses premiers moments de gloire. La route vers Pékin sera toutefois quelque peu tortueuse puisque le beau record de Belgique qui s’affiche sur le marquoir de Neerpelt (3:02.51, plus d’une seconde de mieux que les 3:03.68 datant de 1981), le 31 mai 2008, ne suffit pas. “Pour le COIB, il fallait faire absolument 3.02.50. Il nous manquait un centième !” rappelle Jacques Borlée. “Et donc on a recouru à Namur, deux semaines plus tard, et là on a fait 3.02.13. Un premier grand moment de bonheur pour notre équipe…”

Mais ce n’est rien comparé à ce qui attend nos représentants au Nid d’Oiseau de Pékin deux mois plus tard. Sur insistance de Jacques Borlée, les jumeaux Kevin et Jonathan y disputeront l’individuel (“pour prendre de l’expérience”), tout comme Cédric Van Branteghem, alors que Kristof Beyens passe deux tours sur 200m avant d’être éliminé et de renoncer au 4x400 m. C’est la chance d’Arnaud Ghislain, propulsé titulaire pour les séries du relais. L’équipe passera en finale par le chas de l’aiguille (3:00.67), à l’image de Kevin Borlée se faufilant pour arracher la qualification. Une attitude qui ne doit rien au hasard et que l'on observera d'ailleurs à plusieurs reprises ensuite…

Le scénario de la finale olympique, où les Belges s’inviteront dans le trio de tête pendant les trois quarts de la course, restera, lui aussi, comme un temps fort dans la vie du groupe. “Pourtant, le matin, quand j’annonce la compo aux gars (NdlR: Kevin, puis Jonathan Borlée, Cédric Van Branteghem, et enfin Arnaud Ghislain) en leur disant : ‘On va se montrer, on va s’amuser’, ils étaient tous réticents. Je leur ai alors demandé où était l’intérêt de terminer 8e et que l’on ne nous ait pas vus ! L’idée, c’était de s’accrocher le plus possible et finalement, on fait une course d’anthologie. Pendant trois tours, on est deuxièmes, Jo fait la course de sa vie, on s’accroche aux Américains et Arnaud a ensuite fait tout ce qu’il pouvait. On termine donc à la cinquième place, avec un chrono d’enfer (NdlR: 2:59.37). C’est resté longtemps notre course référence, un vrai grand moment qui a déclenché beaucoup de choses.”

Ce haut fait d’armes constituera le point de départ d’une dynamique que même les circonstances défavorables n’interrompront pas. 2009 est ainsi marquée par la blessure (fracture de fatigue au pied) de Jonathan Borlée, tout frais champion NCAA, dont l’absence pesa lourd lors des Mondiaux de Berlin. Pas au mieux, l’équipe belge, qui intègre désormais Antoine Gillet et Nils Duerinck, se classe malgré tout à une quatrième place bien plus qu'honorable.

Doha 2010, un exploit

C’est en 2010, aux Championnats du Monde en salle de Doha, que, de l’avis de Jacques Borlée, se produira le deuxième déclic. “Là, je mets Cédric en 1, en lui demandant d’être le mieux positionné possible, au pire 3 ou 4, et je dis : ‘Kevin, je veux que tu partes comme un avion.’ Et, en effet, il part comme un fou et il fait exploser, au propre comme au figuré puisque les deux se blessent, le Jamaïcain et le Bahaméen, et on finit deuxième. Un véritable exploit, à mon sens, même si on ne l’a pas perçu comme tel sur le moment.”

Cette médaille d’argent confirme aussi la volonté de l’équipe belge de venir troubler la hiérarchie habituelle. “N’y voyez aucune connotation raciste mais si le complexe Jesse Owens est une réalité, à l’inverse les athlètes noirs peuvent vite perdre leurs moyens lorsqu’ils sont rattrapés ou dépassés par des blancs”, souligne Jacques Borlée.

“C’est ce qu’il s’est passé à Doha où, au sein des six équipes en finale, il y avait Buck, l’Anglais, qui est un sprinter blanc, et les quatre Belges. Les autres se demandaient vraiment comment ces athlètes venus d’un pays microscopique, qui n’a pas spécialement de tradition en sprint, avaient le culot de s’aventurer sur leur terrain de chasse et parvenaient à faire la nique à des pays comme les Bahamas ou Trinité-et-Tobago.”

Barcelone 2010 :
une médaille et un départ

À l’été 2010, l’équipe, portée par le titre européen de Kevin Borlée sur 400 m, dispute la finale des Championnats d’Europe de Barcelone. “Une course très forte, avec une bagarre de tous les diables”, dira Jacques Borlée, confronté à des choix difficiles en raison notamment des problèmes physiques de Cédric Van Branteghem, qui n’a pas couru en individuel, et du contexte psychologique lié à la finale du 400 manquée par Jonathan Borlée.

Aux côtés d’Arnaud Destatte, “qui fait une super course” et des jumeaux Borlée, Cédric Van Branteghem, qui a fait le ménage pendant la finale, tient finalement le choc et parvient à décrocher une nouvelle médaille, de bronze, avant de mettre un terme à sa carrière quelques semaines plus tard.
La fête n’en fut que plus belle !

2011, une reconstruction difficile

Une fois l’expérimenté capitaine à la retraite, il fallut entamer la reconstruction, trouver une nouvelle formule gagnante.
Ce qui ne fut pas sans mal: en témoigne une prestation chaotique, lors des Championnats d’Europe en salle de Paris-Bercy, début 2011, où l’équipe (Jonathan Borlée, Antoine Gillet, Nils Duerinck et Kevin Borlée) doit se contenter du bronze alors qu’elle est la favorite de cette finale.

Un chapitre qui laissera bien quelques traces mais les Mondiaux de Daegu approchant déjà à grands pas, pas question de se démobiliser. En Corée du Sud, où Kevin Borlée se classe troisième du 400 m, le relais belge, à nouveau au rendez-vous de la finale, fait mieux que limiter la casse
en se classant cinquième (puis quatrième quelques années plus tard...) avec Nils Duerinck dans le rôle autrefois dévolu à Cédric Van Branteghem.

“On a très bien couru !” juge le sélectionneur, dont les pensées sont déjà tournées vers les Jeux Olympiques de Londres et une saison 2012 qu’il entend notamment préparer avec ses troupes au cours d’une expédition sur le Langjökull, le deuxième plus grand glacier d’Islande. Une aventure à laquelle participent neuf athlètes, encadrés, entre autres, par Alain Hubert.

S’en suivra aussi, quelques mois plus tard, un stage de préparation au Texas, où les jeunes Belges sont accueillis par Michael Johnson, la légende vivante du 400 m, en personne. "Il est essentiel de créer un climat de sublimation", insiste à ce propos Jacques Borlée, convaincu que l'ambiance de groupe contribue à la... performance.

Helsinki 2012, le premier titre

En 2012, l’équipe belge se découvre un nouveau membre de talent en la personne de Jente Bouckaert, lequel a éclaté lors des Championnats de Belgique. À un mois du rendez-vous olympique, les hommes de Jacques Borlée se rendent alors aux championnats d'Europe d'Helsinki où ils sont bien décidés à livrer une bonne répétition générale en prélude aux Jeux.

Elle se révélera spectaculairement… réussie, le quatuor composé par Antoine Gillet, Jonathan Borlée, Jente Bouckaert et Kevin Borlée décrochant, en 3.01.09, la première médaille d’or de son histoire !

À Helsinki, tout le monde a réussi à se transcender pour aller chercher ce titre. On est alors véritablement lancés sur Londres avec un Bouckaert qui a malheureusement été une météorite après être sorti de nulle part…” poursuit Jacques Borlée.

À ce moment de joie intense succéderont toutefois des courses plus délicates... au plus mauvais moment. Confrontée à une polémique en interne, à la blessure de Bouckaert et à la méforme de Duerinck, l’équipe, avec Michaël Bultheel comme solution de fortune en tant que dernier relayeur, se classe sixième des Jeux (cinquième après la disqualification de la Russie). Une véritable remise en question s’impose !

À ce moment-là, je me dis que le projet 4x400 m a eu des épisodes magnifiques mais on ne parvient pas à pérenniser le projet de façon vraiment concrète”, se souvient Jacques Borlée. “Et à vrai dire, on se demande tout simplement si on va pouvoir continuer à prester au plus haut niveau mondial.”

Moscou 2013: Dylan Borlée, un souffle nouveau

La saison 2013, entamée par une 4e place avec une équipe expérimentale (qu’intègre Tim Rummens en l’absence de Jonathan Borlée) à l’Euro en salle de Göteborg, verra percer sur 400 m un certain…Dylan Borlée, un élément dont l’importance n’allait plus être démentie. Le cadet de la fratrie, qui insuffle une bonne dose de fraîcheur au groupe, sera ainsi logiquement titularisé en compagnie de ses frères lors des Championnats du Monde de Moscou, avec Antoine Gillet en séries puis avec Will Oyowe en finale. Le relais belge se maintient sans trop de difficultés à la cinquième place mondiale (finalement quatrième, merci la Russie !). “Un résultat quand même surprenant après les Jeux mais la densité du 400 m dans notre pays est désormais telle qu’elle permet de tirer les athlètes vers le haut et de voir les chronos descendre, à l’instar de ceux de Dylan, de Will ou d’Antoine”, note Jacques Borlée.

La saison 2014, elle, sera malheureusement à ranger dans les épisodes plus sombres, tout tournant véritablement carré pour diverses raisons (blessures, maladies…). Les tensions de la famille Borlée avec sa fédération sont alors à leur paroxysme, les jumeaux en venant même à quitter temporairement l’équipe !

En additionnant les chronos individuels, celle-ci semble pourtant plus forte que jamais mais elle ne termine que septième nation européenne après avoir notamment loupé pour... un centième sa qualification pour la finale des premiers Relais Mondiaux organisés aux Bahamas. Une bonne nouvelle quand même: Julien Watrin se révèle à son tour comme l’un de nos meilleurs spécialistes du tour de piste…

Prague 2015: titre et record d'Europe !

Après avoir fait table rase du passé et des vieilles rancœurs, après avoir retrouvé aussi une vraie sérénité grâce aux bonnes relations avec Stéphanie Noël, la coordinatrice du haut niveau à la LBFA, le groupe prend un nouveau départ en 2015 et, cette fois, “la pièce tombe systématiquement du bon côté”. Et chacun interprète les cadeaux du ciel qui surviendront rapidement comme le signe que les Belgian Tornados sont repartis du bon pied !

“D’abord, il y a notre repêchage pour les Championnats d’Europe indoor à Prague, que nous apprenons à quelques jours du début de la compétition. Puis, il y a cette course de Metz où Dylan, aidé par Jonathan, va chercher sa qualification sur 400 m”, rappelle Jacques Borlée. Le jeune homme y réalisera le plus bel exploit individuel de sa carrière en remportant la médaille d’argent !

Ce résultat booste considérablement le moral des troupes avant une finale du 4x400 m où la Belgique, certes pas favorite, a clairement un coup à jouer.

Sans préparation spécifique et malgré la domination attendue des Polonais et des Tchèques, l’équipe s’aligne quand même dans l’idée de faire quelque chose”, précise l’entraîneur bruxellois.

“Pour l’anecdote, un des athlètes possédant alors le record d’Europe, devenu entraîneur au Danemark, vient chez moi et me dit que la Pologne ou la Belgique va battre le record. Je lui réponds que 3.03.01, c’est impossible ! Je fais alors une stratégie où je dis à Julien: ‘Tu fais ce que tu veux mais tu es deuxième aux 200 m, tu donnes toute ta vitesse, et tu essaies de maintenir cette position.’ Le reste de la course est, elle aussi, scénarisée et se concrétise parfaitement: Dylan maintient la position, et Jo et Kevin font le travail et remontent. On décroche ainsi le titre européen et, on ne s’en rend pas compte tout de suite, on bat aussi ce record assez incroyable en indoor (NdlR : 3.02.87). Un week-end de fou !”

Forts cette belle dynamique, les Belgian Tornados, qui restent à la merci du moindre pépin physique après la blessure de Stef Vanhaeren, se présentent sur la ligne de départ des deuxièmes Relais Mondiaux aux Bahamas. À Nassau, un chrono de 3.02.41 permet à nos représentants de se classer deuxièmes de leur série derrière Trinité-et-Tobago et de décrocher, par leur présence en finale de l’épreuve, leur qualification pour les Jeux Olympiques de Rio. Premier objectif atteint !

Mais le meilleur était encore à venir. Alignés dans cet ordre, Dylan Borlée, Julien Watrin, Jonathan Borlée et Kevin Borlée se joueront du vent et de la plupart de leurs adversaires pour se hisser, aux côtés des Etats-Unis et des Bahamas, sur ce podium qui a fière allure. Et, cerise sur le gâteau, les Tornados dépoussièrent les tablettes en établissant un fantastique nouveau record de Belgique (2:59.33).

Avec cette équipe, renforcée par la présence de jeunes, on est parti au moins jusqu’à Tokyo en 2020 !” lance Jacques Borlée. “J’ai six ou sept athlètes pour pouvoir jouer notre carte, à certains moments, au niveau mondial. Notre particularité, c’est qu’on arrive à être en forme au moment fatidique tandis que d’autres pays sont moins bien structurés, ou gèrent moins bien les pics de forme. À nous d’exploiter cela !”

Douche froide à Pékin et coup d'arrêt à Portland

Pékin 2015 marquera ensuite un tournant pour tous les spécialistes du 400 m. Dans le Nid d'Oiseau, les chronos s'envolent et les jumeaux Borlée resteront bloqués au stade des demi-finales mondiales. Un vrai coup sur la tête !
Kevin et Jonathan se remobiliseront pourtant pour les séries du relais 4x400 m où l'équipe doit composer sans Julien Watrin, blessé et remplacé par Antoine Gillet en séries. Au prix d'un bel effort collectif conclu par un Kevin Borlée inspiré, la Belgique, troisième de la course (mais classée deuxième après la disqualification des Bahamas), se qualifie pour la finale avec un nouveau record de Belgique (2:59.28).

Désireux de frapper un grand coup, Jacques Borlée voit toutefois son plan original voler en éclats après la blessure de Dylan lors de l'échauffement. “Cinq minutes avant la fin, Dylan s’est fait mal à l’ischio, une contracture, et je dois prendre la décision qu’il ne court pas”, raconte l’entraîneur bruxellois. “Cet événement a eu l’effet d’une douche froide sur tout le monde ! On partait dans l’idée de faire 2:58, on avait le potentiel pour le faire, et d’un coup, il faut tout chambouler. Et puis, vous savez, la famille Borlée, c’est une force mais à certains moments, c’est aussi une faiblesse. Quand l’un se blesse, les autres sont aussi atteints.”

Jonathan n'était, selon ses dires, pas prêt à assumer le rôle de premier relayeur. Robin Vanderbemden (chargé de transmettre le témoin à Kevin Borlée avant qu'Antoine Gillet n'achève le travail) vivra son baptême de feu dans ce contexte difficile.
L'équipes se classera cinquième en 3:00.25. Un bon résultat en soi mais au vu des circonstances, c'est la déception qui domine dans les rangs belges.

Les Mondiaux en salle 2016, à Portland, donnent l'occasion à nos relayeurs (mis à l'honneur durant l'hiver avec l'attribution du Trophée National du Mérite Sportif) de couper les entraînements et d'aller titiller les athlètes américains sur leur sol. Au briefing, Jacques Borlée projette des images du stage mémorable dans le Grand Canyon organisé à l'automne et, à l'issue d'un pep-talk efficace, rappelle les fondamentaux : "Fiez-vous à votre instinct, écoutez vos sensations et lâchez prise ! Let’s... go Belgium !”

Le laïus semble porter ses fruits : Dylan, Jonathan, Robin et Kevin tiennent les Bahamas et Trinité-et-Tobago en respect pour s'imposer dans leur série en 3:07.39. Las ! La finale sera une tout autre histoire et tournera court pour les Belges, alignés dans le même ordre.

À la bagarre pour intégrer le Top 3, Robin Vanderbemden est bousculé et lâche le témoin dans l'incident. La Belgique ne peut éviter la sixième et dernière place. Une expérience cruelle mais porteuse de leçons. "Il vaut mieux que cela arrive ici plutôt qu'aux Jeux Olympiques", tente de relativiser le sélectionneur. Intérieurement, il n'ignore toutefois pas que son équipe a vécu deux mésaventures qu'il s'agira de gommer à l'Euro d'Amsterdam, un mois avant les JO.

L'or d'Amsterdam leur remonte le moral

Dans un moment très délicat, la famille Borlée va se trouver une alliée inattendue pour l'Euro : Olivia, qualifiée sur 200 m ! Pour la première fois, les quatre frères et soeur sont réunis au cours de championnats internationaux. La réalité du terrain rattrapera toutefois vite les jumeaux : Jonathan est éjecté des séries du 400 m et Kevin, qui souffre du pied, échoue à la quatrième place en finale. La nervosité est de plus en plus palpable dans le chef de Jacques Borlée. "Il faut absolument retrouver un élan positif: dans l'optique des Jeux, c'est important ! Une médaille, quelle qu'elle soit, ferait vraiment du bien", souligne-t-il. Son vœu sera, fort heureusement, exaucé.

En séries, Kevin Borlée est mis au repos mais Dylan, Robin, Jonathan et Julien font le boulot: première place en 3:03.15. En tant qu'outsiders, derrières les Anglais, les Belges se videront les tripes en finale: Julien Watrin transmettra à Jonathan, celui-ci joignant ensuite Dylan avant que Kevin ne se fasse un plaisir d'aller chercher Matthew Hudson-Smith tout en s'opposant au retour du concurrent polonais. La Belgique remporte son deuxième titre européen après celui de 2012 !

"On revient de l'enfer !" s'exclame Jacques Borlée, qui souligne le rôle clé joué par Jonathan au cours de cette finale dont il qualifie le résultat de "succès du renouveau". La sérénité est de retour au bon moment dans les rangs belges. Car il est déjà temps de s'envoler pour Rio de Janeiro !

Rio 2016: le rêve olympique détruit pour 3 centièmes

Aux Jeux Olympiques, le tirage au sort des séries est favorable à la Belgique, qui retrouvent les Bahamas et la Grande-Bretagne. Cette dernière équipe se voyant disqualifiée, les Belgian Tornados (Julien, Jonathan, Dylan et Kevin) terminent premiers de la course en 2:59.25. La troisième finale olympique du relais 4x400 m est dans la poche ! Et l'espoir de jouer les trouble-fêtes en finale grandit.

Dans la même composition, le quatuor signe alors un fabuleux nouveau record national en 2:58.52 (un chrono faisant de la Belgique le septième pays - le troisième européen - le plus rapide de l'histoire). Malheureusement, trois petits centièmes séparent nos couleurs des Bahamas, le jump de Kevin Borlée pour accéder au podium se révélant vain.

Encore 5e à l'entrée de la dernière ligne droite, Kevin Borlée n'était qu'à 3 centièmes de la médaille de bronze

Encore 5e à l'entrée de la dernière ligne droite, Kevin Borlée n'était qu'à 3 centièmes de la médaille de bronze

La déception est terrible même si cette prestation collective est assurément la meilleure de l'histoire des Belgian Tornados. “J’espère de tout mon cœur qu’on sera récompensé un jour. On travaille tellement dur…” dit Kevin. "Trois centièmes, ce n'est rien du tout mais la différence est énorme", résume, quant à lui, Jonathan.

Belgrade 2017: les jeunes s'affirment

C'est en toute décontraction, dans la foulée d'un stage en Australie pour les Bruxellois, que les frères Borlée, Robin Vanderbemden et Julien Watrin se présentent à l'Euro de Belgrade. Le sélectionneur, lui, répète son envie d'effacer le mauvais souvenir de Portland.

Il décide pourtant de se priver de son fils Jonathan afin que les jeunes s'aguerrissent. Et n'hésite pas à bousculer l'ordre dans lequel les athlètes sont alignés : Robin - Julien - Kevin - Dylan. De l'inédit !

"Si je ne le tente pas ici, quand le pourrais-je ?" interroge Jacques Borlée. Son inspiration sera la bonne même si le titre file cette fois en Pologne. Les Belges, en argent (3:07.80), n'ont certainement pas à rougir de leur prestation.

Frustration, encore, aux Mondiaux de Londres

Dylan Borlée, Jonathan Borlée, Robin Vanderbemden et Kevin Borlée décrochent une belle troisième place en séries (2:59.47) derrière les Etats-Unis et Trinité-et-Tobago. "Une douzième finale d'affilée en plein air? C'est clair, ça fait plaisir!" sourit Kevin, pourtant très affaibli par un norovirus quelques jours plus tôt. En évoquant la finale, le quatuor continue de mentionner cette "récompense" pour leur travail derrière laquelle ils courent. Comprenez : une médaille mondiale !

Mais la réalité de la piste est toujours aussi cruelle pour eux. C'est, en effet, une nouvelle quatrième place (3:00.04) qui les attend à l'issue de cette finale dominée par Trinité-et-Tobago devant les Etats-Unis et la Grande-Bretagne. Les positions de Dylan et de Robin ont été inversées par rapport aux séries mais coincés dans le peloton dont ils tarderont à s'extraire, les nôtres, partis depuis le couloir 9, ne parviendront plus à rejoindre le trio de tête. Vraiment rageant !

"On donne toujours le maximum et j'espère qu'un jour la chance sera avec nous parce que j'ai l'impression que le sort s'acharne", se désole Jonathan. "On est toujours quatrième, cinquième ou sixième. Les équipes devant nous changent, à part les Etats-Unis, et nous, on reste coincés derrière. C'est très frustrant de ne pas passer ce cap, je pense pourtant qu'on le mérite."

Birmingham 2018, le bonheur retrouvé

"C'est l'une de nos plus belles médailles !" Le bronze a, cette fois, fait leur bonheur ! La bataille des centièmes a tourné à l'avantage des Belgian Tornados aux Mondiaux indoor de Birmingham où Kevin Borlée, notre quatrième relayeur, est allé arracher - pour un centième ! - une belle troisième place aux dépens du Trinitéen Gordon.

Au bout de cette finale historique qui a vu la Pologne s'emparer du titre et du… record du monde (et donc d'Europe, dont elle dépossède la Belgique), c'était du pur plaisir dans cette équipe au sein de laquelle le jeune (18 ans) Jonathan Sacoor était aligné pour la première fois (en troisième position en séries comme en finale), démontrant d'emblée pourquoi Jacques Borlée l'avait remarqué et pris sous son aile quelques mois plus tôt.

Qualifiés autoritairement (avec une première place en série devant la Pologne) en 3:05.22, les Belges avaient décidé de ne rien changer pour la finale, Dylan prenant le départ à son compte avant de céder le témoin à son frère Jonathan. Une tactique payante grâce à la solidarité et à la science tactique de nos représentants (3:02.51, record national), à nouveau récompensés d'un podium comme en 2010 à Doha.

Une neuvième médaille pour leur 20e finale internationale : malgré le temps qui passe, les Belgian Tornados
continuent à écrire l'histoire de l'athlétisme belge. Pour notre plus grand bonheur !