Dans la roue des AG2R et des Sovac Natura4Ever: la même passion mais pas le même statut

Dimanche 18 mars. Grand-Prix de Denain (Nord-Pas-de-Calais). 142 cyclistes de 21 équipes différentes sont au départ. Parmi celles-ci, on retrouve le duo Groupama FDJ et AG2R La Mondiale issues du World Tour, 15 formations "ProContinentale" (division 2), mais aussi quatre équipes "Continentale", soit la troisième et dernière division. Au bas de cette échelle du cyclisme mondial, la plupart des coureurs n'ont pas le statut de professionnel et gardent un boulot à côté.

Cette semi-classique française, sorte de répétition générale en vue des classiques pavées, est donc le théâtre d’une lutte inégale entre des formations aux budgets diamétralement opposés.

Nous en avons profité pour vous proposer une immersion chez AG2R La Mondiale ainsi que chez Sovac Natura4ever, une petite formation algérienne aux accents très belges puisqu’elle est dirigée par Geoffrey Coupé, ancien coureur originaire de Frameries, et composée de nombreux coureurs issus du plat pays... et d’un certain Davide Rebellin, 46 ans.

L’avant course: car de luxe vs vieille camionnette

Cyril Dessel discute avec la réceptionniste de l’hôtel Béatus de Cambrai. L’équipe AG2R La Mondiale et son directeur sportif sont des habitués du lieu. "Vous reviendrez lors du passage du Tour de France cet été, hein", s’enquiert la tenancière de l’hôtel alors que Dessel règle la nuit que son équipe vient d’y passer.

"Nous sommes arrivés la veille à 13 heures", lance Cyril Dessel. "Les coureurs sont venus en train ou en avion." L’ancien porteur du maillot jaune (en 2006) et vainqueur d’étape sur le Tour (en 2008) est méticuleux dans son nouveau costume de directeur sportif de l’équipe d’Oliver Naesen et Romain Bardet. Il a demandé à ses gars d’être là à temps pour se préparer dans des conditions idéales. "J’aime bien aller prendre le pouls des gars la veille dans les chambres. Cela me laisse le temps de leur parler calmement de la course et du plan."

L’hôtel adapte ses repas aux coureurs

Au programme: petite sortie de deux heures sur le vélo avant de passer entre les mains des kinés. "C’est la plus grosse partie du boulot", lance Dorothée Vaillant, la kiné emmenée sur la course. "On fait tout pour qu’ils soient chouchoutés et puissent juste penser à leur compétition."

La formation World Tour est venue à Denain avec sept membres de l’équipe en plus de ses sept coureurs. "Nous n’avons pas pris de cuisinier personnel mais des demandes précises ont été communiquées à l’hôtel pour le repas de la veille et pour que les coureurs aient leur petit-déjeuner d’avant-course avec des pâtes, du riz, etc.", explique Dessel. "Nous travaillons sur la course depuis un moment. Le tracé a changé et j’ai bien étudié le parcours notamment au niveau du vent."

Sur le coup de 10h40, les coureurs de la formation Sovac Natura4ever se retrouvent tous sur un parking situé à 500 mètres de la ligne d’arrivée. Ils ont effectué le trajet chacun de leur côté et découvrent avec déception que les vestiaires promis par l’organisation sont inexistants.

Massage dans la camionnette

L’équipe ne dispose pas encore de son bus et le staff comptait sur ces vestiaires pour permettre aux coureurs de se préparer au chaud et d’y trouver du réconfort et une bonne douche après l’arrivée. Il n’en est rien. "À la guerre comme à la guerre", souffle Florian Deriaux qui prend la situation de son massage improvisé dans une camionnette, porte ouverte pour donner de l’espace à son soigneur, avec le sourire. Il sera rejoint par Laurent Evrard afin de se décontracter ensemble avant d’aller se battre contre des coureurs qu’ils côtoient rarement.

"Personnellement, j’ai déjà évolué un niveau au-dessus et l’objectif de cette saison est donc de se montrer pour retrouver une équipe Continentale Pro. Dans l’immédiat, je vous avoue que le froid prend le dessus sur l’excitation de se confronter aux équipes World Tour présentes, mais on va trouver de la motivation là où il y en a", rigole Laurent Evrard.

Un soigneur de l’équipe viendra annoncer la mauvaise nouvelle du jour aux troupes à son arrivée sur place: "Gaëtan ne vient pas", lâche-t-il, en parlant de Gaëtan Bille, l’un des leaders de cette formation. Des problèmes d’ordre privé ont en effet retenu le Liégeois à la maison. Les consignes tactiques ne changeront pas pour autant puisqu’il s’agit avant tout de montrer le maillot… surtout à partir de 15h, heure du début de la retransmission télévisée.

Ces consignes viennent de Mario Buscema, le directeur sportif désigné ce dimanche. Lui aussi connaît une préparation de course agitée: il distribue les oreillettes à ses coureurs, teste la connexion, place les vélos sur le toit de sa voiture, prépare minutieusement les outils qui seront les siens pendant la course (carnet de route, radio tour, des bidons et des barres énergétiques pour les coureurs, ...), s’assure de bien connaître la position de son soigneur à la zone de ravitaillement, etc.

Quand il apprend, vers 11h15, que l’organisation a décidé d’enlever neuf des douze secteurs pavés du parcours, et de reporter le départ de 15 minutes, il en avertit ses coureurs et modifie immédiatement ses notes sur le carnet de route, où il avait pris soin, la veille, de surligner les passages clé.

Problème de pédalier et coup de main d’Emile

Pendant ce temps, Thierry, le mécano de l’équipe, ne chôme pas. La vaine recherche des vestiaires a mis son travail en retard de plusieurs minutes et il est seul pour préparer tous les vélos.

"Dis, qui est le dernier mécano à avoir réglé ton pédalier ?", demande-t-il à un coureur. "Regarde comme il est dur à faire tourner, il est beaucoup trop serré, tu y perds des watts pour rien", lui montre-t-il après que le principal concerné ait confessé être passé chez un marchand de vélo de sa région pour un petit entretien de sa bécane.

Emile, un retraité qui suit souvent l’équipe, viendra finalement donner un coup de main bienvenu à Thierry, notamment en gonflant les roues des différents vélos.

Rap français, bus de luxe et changement de vélo

Il est 10h10 tapantes quand le bus d’AG2R quitte Cambrai vers la ligne de départ. Vu le froid, les coureurs de l’équipe restent tranquillement dans le bus. Au chaud, rap français à fond dans les oreilles. Cyril Dessel court partout. Le trajet a été modifié et il veut connaître tous les détails avant de distiller ses dernières consignes.

Dehors, Ludovic Florin, mécanicien du Team, brave le froid. Chaque vélo est inspecté avec minutie et chaque pneu gonflé avec la pression exacte réclamée par les coureurs. "Avec la disparition de nombreux secteurs pavés, j’ai dû tout recommencer après ma première vérification à l’hôtel", souffle-t-il en gardant le sourire. "Rudy Barbier a même décidé de changer de vélo pour avoir un cadre plus aérodynamique en cas de sprint."

Les supporters s’amassent progressivement en attendant d’apercevoir la tête de Barbier ou la barbe du Lituanien Gediminas Bagdonas. Les gars enchaînent les autographes et s’excusent presque de devoir partir. "On revient vite mais on doit aller sur le podium de présentation."

La course: le podium d'un côté, un seul coureur à l'arrivée de l'autre

Sur la ligne de départ (qui est aussi celle d’arrivée), alors que les coureurs Sovac Natura4Ever effectuent un dernier aller-retour depuis la flamme rouge en guise d’échauffement, Mario Buscema vient positionner sa voiture derrière le peloton. "Pour une fois j’ai eu de la chance, j’ai tiré le numéro 5 ! C’est aussi un fameux coup de chance pour toi, tu pourras souvent voir le cul du peloton", nous dit-il.

Il faut dire que la voiture de l’équipe n°16 d’AG2R ne verra que très peu la course et aura pour contrainte de devoir se faufiler dans le trafic quand elle devra venir dépanner l’un de ses coureurs. "Une vraie galère", grimace Cyril Dessel. En cas de chute ou de problème mécanique, le dépannage prendra beaucoup plus de temps…

"La priorité du jour, les gars, c’est de montrer le maillot. Faites-nous plaisir et surtout faites-vous plaisir !", rappelle le DS des Sovac à l’oreillette, alors que ses hommes viennent prendre place sur la ligne de départ.

Le départ est donné et les coureurs n’attendront pas la fin du premier kilomètre avant de chercher à se réchauffer. Les attaques fusent et les annonces de radio tour aussi. Les premiers coups partent sans élément de la formation Sovac Natura4Ever mais Mario Buscema ne se montre pas inquiet: "ça roule fort, le peloton est en file indienne. Aucun coup ne va partir tant que ça roulera aussi vite".

La première conséquence de cette vive allure ne se fera pas attendre: Louis Deguide, un coureur estampillé Sovac, est le premier des participants à prendre quelques longueurs de retard sur le peloton après 8 bornes à peine. "Allez Louis, bats-toi pour reprendre les roues" lui lance immédiatement Mario Buscema à l’oreillette.

"Louis a pété"

Quelques minutes plus tard, en dépassant son coureur, il lui somme de "rester dans les bagnoles" pour s’accrocher à la faveur de l’aspiration des voitures des directeurs sportifs. Pas de chance pour Louis Deguide, la course ne connaît aucun véritable temps mort. Il doit abandonner après quelques kilomètres à peine.

Mario Buscema en avertit directement Geoffrey Coupé, le manager de l'équipe, par téléphone: "Ouais Geo, on n’est déjà plus que 5 dans le peloton, Louis Deguide a pété".

Au kilomètre 20, une échappée de dix coureurs, dont Wout Van Aert, champion du monde de cyclo-cross, prend une trentaine de secondes d’avance. La bonne nouvelle vient des ondes de radio tour : le dossard numéro 186 est présent. "Super les gars, Matthias (Legley) est dans l’échappée de 10", annonce directement Mario Buscema à l’oreillette.

Quelques minutes plus tard, il conseille à son coureur de ne pas trop en faire pour garder des forces et être capable de finir la course avec ce groupe, au cas où cette échappée serait la bonne.

"Radio tour prend des plombes"

Cyril Dessel reste calme. Les coureurs AG2R sont dans tous les bons coups. "Je leur ai demandé de rester attentif en tête de peloton", résume-t-il. "Le seul souci est que nous voyageons un peu à l’aveugle car radio tour prend des plombes à nous dire qui est dans l’échappée."

Ludovic Florin tente de manière acrobatique de régler un étrange bruit venant du toit avant d’essayer de combler l’absence de télévision sur le tableau de bord. En vain. Coup sur coup, Jauregui, Duval et Cosnefroy sont dans les échappées. "Bien les gars", susurre le directeur sportif de manière intelligible en hésitant tout de même sur le nom de ceux qui sont partis... "C’est qui encore qui est devant ?"

Mis à part l’absence de télévision, Dessel a tout l’équipement possible pour être informé de ce qui se passe devant. Son iPad le trace le long du parcours et ses deux radios lui permettent de communiquer avec ses coureurs sur un canal et avec son staff sur un autre. À l’arrière, le mécanicien s’occupe de recevoir les infos des coureurs. Un confort de travail qui tranche avec le roadbook en papier que lit Mario Buscema tout en conduisant la voiture Sovac Natura4Ever.

Malheureusement pour Sovac, l’équipe Direct Energie a "mis en route" au kilomètre 56. Une bordure s’est formée et le peloton a repris les échappés, dont Matthias Legley, avant d’exploser en plusieurs morceaux, bien avant 15h et le début de la retransmission télévisée. Au kilomètre 60, la voiture Sovac dépasse successivement Florian Deriaux, Alexander Geuens et Laurent Evrard. Les trois hommes lutteront encore quelques kilomètres avec une trentaine d'autres coureurs mais ils abandonneront au passage de la ligne d’arrivée.

Les différents pièges du parcours rendent la course plus nerveuse que jamais et le peloton s'étire sur chaque tronçon exposé au vent de côté.

"Matthias, roule dans les bagnoles !"

Les conditions climatiques ont parfaitement été analysées par l’équipe AG2R. Cyril Dessel a tous les tronçons et leur difficulté propre en tête. "Vous allez avoir le vent de trois-quarts face durant quatre kilomètre, resserrez les rangs", "Le secteur pavé est dans trois kilomètres, on se place dans le top 15", "Il y a vent de face sur les pavés, il n’y aura pas de bordure" balance successivement le directeur sportif.

Le passage devant l’équipe d’assistance vaudra une petite frayeur à la voiture AG2R. En faisant de grands signes, Cyril Dessel sort un peu de sa trajectoire et tape le bas de caisse sur les pavés.

La prochaine victime du rythme infernal du peloton sera Matthias Legley. "C’est normal, il paie ses efforts faits dans l’échappée avec Van Aert. Difficile de lui en vouloir mais je me méfie de lui, parfois il baisse vite les bras", analyse calmement Mario Buscema dans la voiture Sovac, tout en se portant à hauteur de son coureur.

Il baisse alors sa vitre et change immédiatement de ton: "Allez Matthias, ne lâche pas maintenant, roule dans les bagnoles et accroche-toi, rien n’est perdu", hurle-t-il, entre la réprimande et les encouragements. Thierry, le mécanicien assis à l’arrière, donnera un ou l’autre bidon à son coureur, histoire de lui redonner un peu d’élan à la force du bras. Il recollera au peloton mais craquera définitivement 20 kilomètres plus tard, après s’être longtemps battu contre le vent et le froid. "Cette fois, il ne reviendra plus", explique le directeur sportif en dépassant un groupe de lâchés où son coureur a rendu les armes, pour de bon.

L’annonce à l’oreillette, à destination de Robin Stenuit, dernier survivant de l’équipe Sovac Natura4Ever, ne se fera pas attendre: "Allez Robin, cette course est toujours pour les sprinters et tu en es un, personne ne te fait peur aujourd'hui. Toute l'équipe compte sur toi, tu es seul dans le peloton maintenant, Matthias ne peut plus t'aider."

Dessel a un plan

Quelques minutes plus tard, le dernier représentant de la Sovac appellera sa voiture via l'oreillette. Mais les couches de vêtements empilées au dessus de son micro ne permettent pas de comprendre sa demande. À notre arrivée à ses côtés, il réclame des gants et perd un peu d'énergie à rouler seul dans le vent, aux côtés de son directeur sportif. D'autant plus que ce dernier est contraint à un freinage d'urgence pour éviter l'accident avec la voiture Roompot, qui dépanne l'un de ses coureurs.

De leur côté, les coureurs AG2R sont encore six dans le peloton et les équipiers viennent récupérer des bidons pour leurs leaders, qui restent bien "à l'abri", dans le peloton.

Dessel a une idée précise en tête. "On va pousser à cet endroit", lance-t-il à son mécano. Il attend que les coureurs aient fini la ligne droite qu’il observe depuis deux tours pour leur balancer les derniers détails du plan. "Les gars, c’est ici qu’on va mettre du rythme dans la dernière boucle. Alors on reste bien autour de Rudy (Barbier) et on se place bien."

AG2R dévoile sa main: l’équipe est là pour la gagne et compte sur son sprinteur.

La fin de course mettra plus encore en exergue le fossé qui sépare les formations World Tour et celles de troisième division. Pendant les 40 derniers kilomètres, Robin Stenuit fera le yo-yo en queue de peloton à l'une ou l'autre reprise. Il s'accrochera finalement à un groupe de lâchés, après que le peloton ait explosé en plusieurs morceaux.

Sovac Natura4Ever cité une fois à l'antenne... par erreur

À l'intérieur de la voiture, il est difficile d'avoir des informations précises sur la situation. La retransmission télévisée, captée à la faveur d'une connexion 4G parfois délicate sur la page Facebook de France 3 régions, ne montre que la tête de course. C'est finalement au passage de la flamme rouge que nous en saurons plus, lorsque Geoffrey Coupé appelle son directeur sportif: "Mario, dis vite à Robin de faire le sprint, je suis à l'arrivée et seulement 28 coureurs sont passés. Si son groupe est le prochain à arriver, il peut encore prendre des points UCI."

Mario Buscema transmet au plus vite l'information à son leader mais il est trop tard, Robin Stenuit prendra finalement la 55e place, au milieu de son groupe. Le bilan comptable est donc plutôt maigre, pour la Sovac Natura4Ever, qui totalise une petite citation à l'antenne, lorsque Thierry Adam, le commentateur de FranceTélévisions, a confondu la tunique verte de l'équipe algérienne avec celle d'une autre formation.

Chez AG2R, le final est plus haletant, avec la troisième place de Julien Duval. Une dernière boucle de 30 kilomètres rythmée par la présence de Nico Denz dans l’échappée puis par une bourde de Rudy Barbier que nous avons vécue a posteriori, Cyril Dessel préférant davantage de calme pour guider ses hommes dans la lutte finale.

L'après course: prise en charge maximale vs retour à la maison sans même prendre une douche

Les derniers kilomètres restent en travers de la gorge du DS d’AG2R. Il n’a pas accepté l’erreur de placement de Rudy Barbier qui a mis à mal la stratégie de fin de course. Il a félicité l’ensemble de l’équipe mais n’a pas hésité à faire comprendre son mécontentement à son leader lors du débriefing.

Une fois le speech terminé et la douche prise, les coureurs sont libres de rentrer chez eux. "Il n’y a pas de soins au programme car nous n’avons plus accès à l’hôtel", explique la kiné Dorothée Vaillant.

Les coureurs d’AG2R La Mondiale ne doivent même pas s’occuper de leur vélo. Le mécanicien et les assistants se chargent de les nettoyer, de les contrôler et de les ranger dans un bus rempli de cadres et de roues dont le prix ferait saliver beaucoup d’équipes de divisions inférieures.

En voiture encore tout transpirant

Chez Sovac Natura4Ever, l'après-course de Mario Buscema a débuté avant même sa descente de la voiture, lorsque Geoffrey Coupé l'appelle: "Dis Mario, toi qui maîtrises mieux le néerlandais que moi, tu peux voir avec Alexander Geuens comment il se sent ? Il a été lâché un peu tôt tout à l'heure, non ? On décolle demain pour la Tunisie, on y va pour la gagne, je veux qu'on reprenne la première place du classement par équipes sur l'Africa Tour. Il est prévu dans l'équipe mais je veux être sûr de disposer de coureurs au top. S'il ne se sent pas à 100%, je mets son billet d'avion au nom de Rebellin, qui a envie devenir". Le directeur sportif s'exécute et Alexandre, malade, laissera finalement sa place à son capitaine de route.

Matthias Legley tente, lui, de se réchauffer depuis une bonne demi-heure suite à son abandon avant le dernier tour. Il nous raconte son échappée avec Van Aert et huit autres coureurs entre la première et la deuxième heure de course: "C'était incroyable, on roulait à 50km/h, parfois plus, et je voyais les jambes de Van Aert tourner tellement rond, alors que moi je commençais déjà à pédaler carré. Je n'ai pas eu besoin de la consigne de Mario pour prendre moins de relais parce que j'étais à bloc. Certains coureurs de l'échappée ont réclamé que je collabore mieux, mais ils ont ensuite vu que j'étais bel et bien à 100 % de mes possibilités."

Robin Stenuit, lui, s'est changé très rapidement après sa descente du vélo et est prêt à prendre la route pour Villers-la-Ville, où il habite, 20 minutes à peine après qu'il ait passé la ligne. Il ne le sait pas encore, mais Denain aura eu raison de lui et, fiévreux, il abandonnera le Tour de Tunisie dès la première étape, mardi.

La conclusion de la journée revient à Geoffrey Coupé, très lucide au moment d'analyser la prestation de ses hommes: "Notre niveau, ce sont les courses 1.2. En 1.1 et en hors-catégorie, on est là pour prendre de l'expérience avant tout. Si on peut montrer le maillot, c'est tout bénef car une seule heure de présence à la télévision rentabiliserait l'investissement de nos sponsors. Ici, je suis déjà content d'avoir placé un coureur à l'arrivée. Robin va prendre de l'expérience, d'autant plus qu'il n'est pas encore à son pic de forme. Et Matthias nous a faits vibrer dans l'échappée avec Van Aert."