LE CRÉPUSCULE DES GÉANTS



Quatorze clubs mythiques à la recherche du temps perdu !



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Au fil des années, on a fini par s’habituer à vivre une Division 1 sans eux. Pourtant, la légende du football belge s’écrit avec leur nom en majuscules.

Certains parlent toujours tout haut d’un retour parmi l’élite, pendant que d’autres n’osent même plus y consacrer leurs rêves les plus fous. Eux, ce sont les monstres du passé. Quinze clubs qui ont laissé leur nom dans plusieurs chapitres du grand livre d’histoire(s) du football belge, avant de se retrouver à court d’encre.

Une vingtaine d’années plus tard, on en viendrait presque à oublier que l’Antwerp, ce géant poussiéreux enlisé dans l’antichambre de l’élite depuis une décennie, est le dernier club belge à avoir disputé une finale de Coupe d’Europe. Et nous voilà contraints d’expliquer aux plus jeunes que si le possible retour de l’Union en D2 nous donne un peu de baume au cœur, c’est parce que le club saint-gillois est le troisième club le plus titré du pays.

Une légende jaune et bleue qu’on raconte avec des images en noir et blanc, parce que nous aussi, nous sommes trop jeunes pour l’avoir vécue autre part que dans des livres d’histoire. Ces mêmes livres qui nous racontent que le FC Liège, enfin bien parti dans cette lutte presque éternelle pour retrouver la Division 3, est le premier club à avoir été sacré champion de Belgique.

Le passé du football belge, nous l’avons parcouru au travers de quinze clubs qui ont, à leur niveau, écrit sa légende. Il y a bien sûr les mythes séculaires, mais aussi les folles anecdotes de formations plus modestes. L’histoire d’Harelbeke qui emmène un vice-champion du monde en D2. De Seraing qui retrouve l’élite grâce à un champion d’Europe. Et celle de Diest, qui a emmené un Diable rouge jusqu’aux tréfonds du football provincial. Bienvenue dans le passé.




Antwerp, à l’anglaise

Porteur du fameux matricule 1, le Great Old est le plus vieux club du pays. Un colosse au charmebritish désuet.

Des joueurs prêtés par Manchester United ont foulé la pelouse. L’ancien buteur des Blues Jimmy Floyd Hasselbaink s’est assis sur le banc. Le You’ll never walk alone résonne invariablement dans les tribunes. Si le rival du Beerschot a toujours été plus latin, l’Antwerp, c’est le pied-à-terre footballistique de l’Angleterre de l’autre côté de la Manche.

Du haut de ses 96 saisons en Division 1, le Great Old peut se permettre de regarder tout le monde de haut. Et tant pis s’il n’y a que quatre titres de champion au palmarès. Parce que jusqu’à présent, et pour un bout de temps sans doute, le club peut se vanter d’être à la fois le premier et le dernier. Le premier club du pays, grâce à ce fameux matricule 1. Et le dernier club belge à avoir joué une finale de Coupe d’Europe. C’était une Coupe des Coupes, perdue 3-1 face à Parme malgré un but de Cisse Severyns. Et c’était à Wembley, évidemment.

L’Antwerp hume l’Angleterre. Son mythique Bosuil semble s’être perdu, dans le temps et dans l’espace. Sa place est dans le football british d’avant-guerre. « C’est vrai qu’il a une allure de vieux stade anglais » raconte Guillaume Legros, ancien adversaire du Great Old lors de son passage en D2. « Il y a cette grande tribune un peu typique, dont on se demande toujours si elle ne s’effondrera pas. Et puis c’est un stade avec beaucoup de bruit, qui résonne très fort. Un stade qui impressionne, en tout cas. »

Le Bosuil résonne comme une église. Ses tribunes chancelantes sont les reliques d’une splendeur passée, d’histoires folles. Des buts de Patje Boem Boem Goots pour les plus jeunes, de cette remontée de folie face aux Bulgares de Vitosha pour ceux qui ont connu la fin des eighties. Mené 1-3 à la 89e minute, le Great Old c’était finalement imposé 4-3 au terme d’un rush final de folie. Un véritable show que n’aurait pas renié un Gary Lineker enjoué à l’idée de vanter la folie d’un Match of The Day à venir.

Le problème de l’Antwerp, c’est que sa légende s’écrit de plus en plus au passé. Pensionnaire de D2 depuis 2005, leGreat Old lance chaque année de nouvelles idées pour retrouver l’élite. Mais après quatre tours finaux joués en cinq ans, la recette ne prend plus. Éternel favori, le club anversois perd ses ambitions de plus en plus tôt dans la saison, et les coups des créanciers à la porte du Bosuil sont de plus en plus insistants. L’obtention de la licence serait même mise entre parenthèses pour la saison prochaine. L’Antwerp va-t-il droit vers la faillite ? Une seule chose est sûre : le Great Old ne marchera jamais seul.









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