Familles formidables

Depuis 1993, sur proclamation de l’Assemblée générale des Nations-Unies, le 15 mai est la journée internationale des familles. À cette occasion, La Dernière Heure a voulu partir à la rencontre des noyaux familiaux d’aujourd’hui.

Depuis 1993, sur décision de l’Assemblée générale des Nations-Unies, le 15 mai est la journée internationale des familles. À cette occasion, La Dernière Heure a voulu partir à la rencontre des noyaux familiaux d’aujourd’hui.

Un panel de 802 familles de Bruxelles-Wallonie a été sondé par l’institut Dedicatedentre le 5 mai et le 9 mai 2017. 68% des répondants sont “en couple” et 19% se déclarent “célibataires”. Plus d’un ménage sur dix est une famille dite recomposée (13%).

“D’une manière générale, on constate que la famille belge est heureuse”, explique Marc Dumoulin, administrateur-délégué de l’institut de sondage Dedicated. Une famille sur deux se dit extrêmement heureuse. 49% des sondés attribuent une note de 8-9 ou 10 sur 10 à leur niveau de bonheur. Si elles devaient noter leur bonheur, 43% des personnes lui donneraient une note sur dix comprise entre 6 et 7. Les plus satisfaits sont les hommes (51% contre 46% des femmes). “La satisfaction augmente lorsque les contraintes familiales liées aux âges des enfants diminuent”, constate Marc Dumoulin. “Ainsi, 55% des familles qui ont un ou plusieurs enfants entre 19 et 25 ans s’estiment extrêmement satisfaite au niveau de leur sentiment de bonheur. Ce sentiment n’est partagé que par 44% des parents d’enfants de moins de 3 ans.”

Ce qui rend heureux les parents est une accumulation de divers éléments tels que l’entente avec ses enfants, le respect des enfants, la bonne ambiance familiale, le logement, la qualité de l’alimentation, la réussite scolaire des bambins ou encore, entre autres réponses, le temps passé en famille.

En la matière, le Belge francophone ne se plaint pas trop. Malgré un emploi du temps bien chargé, 72% des parents estiment passer suffisamment de temps avec leurs enfants. 25% regrettent de manquer de moments privilégiés. La principale raison est l’emploi.

Plus d’un parent insatisfait sur 10 trouve que son enfant a “trop de loisirs” (14%). Dans 69% des familles, un ou plusieurs enfants pratique(nt) un sport; 31% font des activités extrascolaires d’expression artistiques telles que le théâtre, la danse, le dessin...) et 29% des ménages rapporte que leur progéniture suit des études complémentaires en langue étrangère, informatique... Enfin, “il y a un instrument de musique dans une famille sur quatre”, constate Marc Dumoulin. Les parents estiment que cela est positif pour l’enfant et sa sociabilité. Un bémol cependant: 41% des adultes font des sacrifices financiers pour permettre aux jeunes de pratiquer une activité. Du côté des familles monoparentales, le chiffre remonte à 49%.

47% des répondants affirment faire du sport eux-mêmes; 16% des études autres que l’enseignement obligatoire et leur travail; 14% des cours d’expression artistique et 10% apprennent la musique. Le motif financier est également évoqué comme étant un frein. Le coût des milieux d’accueil pour les tout-petits est aussi un souci. 28% les trouvent trop chers. Les heures d’accueil posent problème aussi: 50% aimeraient que la crèche ou la garderie “ferme plus tard”.

Ne dites pas LA famille,
dites plutôt LES familles

Photo d'illustration ©Shutterstock

La génération sandwich,

pressée comme un citron

Il suffit de prendre le temps et d’observer les familles, de les rencontrer ou d’échanger quelques mots avec elles. Il y a autant de foyers que d’individus. La diversité dans toute sa splendeur : familles nucléaires familles multiculturelles, familles recomposées, familles monoparentales, familles sur le tard, familles homoparentales… “Cela fait une quarantaine d’années que les sociologues ne parlent plus de la famille, mais bien des familles”, explique Jacques Marquet, sociologue de la sexualité et de la famille à l’UCL. “Chaque famille est différente, chaque individu en aura une définition ou une vision différente.”

Le sondage mené par Dedicated pour La Dernière Heure démontre que les parents actuels n’ont pas beaucoup d’aide extérieure pour gérer leurs familles. Et ce, malgré des horaires de travail parfois compliqués.
Aujourd’hui, on a affaire à la génération pivot, aussi appelée génération sandwich”, poursuit le spécialiste chargé de cours aux facultés Saint-Louis et à l’UCL. “C’est une génération coincée entre deux. Ce sont des personnes entre 40 et 60 ans. Elles sont prises en sandwich entre leurs enfants – parfois encore à la maison, leurs parents dont il faut prendre soin et leurs petits-enfants. C’est une génération qui est déjà sollicitée par un parent vieillissant.”

Ces parents issus du baby-boom sont aussi “sous pression. Ils s’occupent de leurs ados, jeunes adultes parfois même des enfants de ceux-ci et doivent donner un coup de main à la génération au-dessus, le tout en menant une vie active.” Car, dans les années 60, le contexte socio-économique était tout autre. “Le taux d’emploi des femmes était moindre qu’aujourd’hui”, ajoute Jacques Marquet. “Elles étaient plus disponibles, elles étaient grands-mères plus tôt, aussi. Aujourd’hui, le premier enfant est à 30 ans, les grands-parents sont plus âgés.”

De plus, il y a “une grande mobilité liée aux études et à la profession. On vit moins proche de ses parents qu’avant. Il y a quelques années, il n’y avait qu’une centaine de mètres qui séparaient les parents des enfants, aujourd’hui, cela se chiffre en dizaine de kilomètres. Ce n’est pas du tout la même chose : un grand-parent qui vit à 100 mètres aura plus de flexibilité qu’un grand-parent qui vit à 400 kilomètres. Tous ces éléments actuels réduisent la disponibilité des grands-parents.”

Un tour d'Europe en mobil'home

La famille devant un feu en Suède

La famille devant un feu en Suède

Le tour des Jorobocar. C'est ainsi que Valérie Dorthu et son époux, Bertrand Chaumont, ont appelé leur périple européen sur Facebook. "C'est une contraction des prénoms de nos quatre garçons: Jonas, Robin, Boris et Oscar", explique Valérie.
La famille Chaumont a fait un tour d'Europe de juillet 2016 à janvier 2017. "On l'a préparé durant deux ans. On s'est renseigné sur différents forums et salons du voyage. On s'est dit que si on voulait le faire, il fallait le faire avant que notre aîné n'entre en secondaires. On s'était fixé 2016 comme limite. Mon mari a pris un congé parental de six mois. Moi, j'ai arrêté mon activité d'accueillante pour enfant. J'avais prévenu que j'arrêtais avant juillet 2016."
Ils ont épargné durant deux ans. "On nous a dit que pour faire un tel voyage, à 6, il fallait à peu près 2.000 euros par mois. Nous avons un peu dépassé ce plafond dans les pays nordiques, mais nous avons rééquilibré le budget dans les pays de l'est. Au final, pour 6, il fallait bien une réserve de 2.000 euros par mois."
Pour des raisons pratiques, leur maison, à Thimister-Clermont, ne pouvait être louée durant six mois. "Mon filleul est venu habiter à la maison. Ca lui a permis de vivre seul un moment. Et nous, nous partions en sachant que la maison était occupée."

Oscar, Jonas, Robin, Boris et leurs parents, Valérie et Bertrand, prennent la pose devant le Vésuve. "Un de nos meilleurs souvenirs."

Oscar, Jonas, Robin, Boris et leurs parents, Valérie et Bertrand, 
prennent la pose devant le Vésuve. "Un de nos meilleurs souvenirs."

Les enfants, âgés de 12, 10, 6 et 4 ans, ont embarqué avec leurs parents à bord d'un mobil'home après leur année scolaire. "On s'était arrangés avec l'école", précise la mère de famille. "On leur avait expliqué notre projet. On avait demandé au corps professoral et à la direction s'ils préféraient qu'on fasse de l'enseignement par correspondance ou s'ils nous soutenaient et nous envoyaient la matière des deux grands par mail."
C'est la dernière solution qui a été retenue. "Les professeurs ont envoyé la matière par mail", poursuit Valérie Dorthu. "Ils suivaient notre périple avec les enfants de leurs classes via Facebook. Nous avions des rendez-vous par Skype aussi."

La dolce vita à Rome

La dolce vita à Rome

Paysages suédois

Paysages suédois

La joyeuse tribu est partie à la rencontre de l'Europe. "Nous sommes passés successivement par le Danemark, la Suède, la Norvège, le Cap Nord, la Finlande, la Suède à nouveau. Nous avons pris le bateau pour la Pologne. Nous y avons visité l'est avant de prendre la route pour la Slovaquie, la Hongrie, la Roumanie, la Bulgarie, la Grèce, l'Italie et la France."
Ce que les enfants ont préféré? "On a beaucoup visité. Ils sont curieux. Ils ont aimé le voyage. Le Cap Nord, le Vésuve et le Vasa à Stockholm les ont beaucoup impressionnés!"
Les nuits aussi étaient des aventures. Les paysages qui s'offraient à eux au réveil et au coucher sont dignes de cartes postales. On campait partout où on le voulait dans les pays nordiques. On pouvait même faire du feu! Dans les pays de l'Est, il était préférable d'aller dans des parkings surveillés. Il n'y a eu qu'une seule fois où on ne se sentait pas à l'aise durant le voyage. On a redémarré et on s'est posés 15 kilomètres plus loin."

Aux chutes de Storforsen

Aux chutes de Storforsen

A leur retour en Belgique, les enfants ont repris le chemin de l'école. "Ils ont repris l'école sans difficulté, leur niveau n'était pas mauvais", se souvient Valérie Dorthu. "Ils ont été des petits héros durant quelques jours. Et puis, le quotidien a repris le dessus." Bertrand a repris son activité de bucheron élagueur à la commune de Herve.
Le retour à la maison a été un peu plus insolite. "La maison semble très grande!" Un grand tri a été effectué: "On a pas mal vidé et trié quand on est rentrés. On s'est rendu compte qu'on avait accumulé pas mal de choses superflues. Et, étrangement, les disputes entre les enfants y sont plus nombreuses que dans le mobil'home. Pendant six mois, il n'y a pas eu de clashes. On a vécu paisiblement dans un espace restreint."
Le plus jeune enfant, Oscar, ne se souvenait plus trop de la vie à la maison. "Il avait trois ans quand on est partis. Il ne se souvenait plus où se trouvaient les toilettes et sa chambre. "

"Il était veuf, il avait deux jeunes enfants, Martin et Basile"

Aurélie

Chez Aurélie et Pierre-François, à Vinalmont, on est accueillis par les jolies fossettes de Basile et le doux regard curieux de Martin. Jules, le chien, fait la fête. Aurélie range les courses que Pierre-François vient de faire. En ce samedi, le soleil est radieux. Aussi radieux que l'est cette famille.

Dans la salle à manger, une photo de famille trône sur un grand mur blanc. Une autre femme qu'Aurélie pose aux côtés de Basile, Martin et Pierre-François, le papa. Ce dernier est veuf. Son épouse, Isabelle, est décédée des suite d'un cancer du poumon généralisé aux os. "Nous avons eu neuf mois pour lui dire au revoir les enfants et moi", se souvient Pierre-François. "Elle a découvert le cancer par hasard, un an après la naissance de Basile. Elle se plaignait de douleurs aux côtes. Un jour, une bosse est apparue sur son crâne. Les médecins ont fait le lien entre les côtes cassées et la bosse. Elle avait un cancer avancé, avec des métastases au poumons et aux os."

"Ce ne sont pas mes enfants, mais je les aime comme si c'était les miens", explique Aurélie Warin, graphiste indépendante.

La mère de famille ne souhaitant pas donner une image d'elle malade à ses enfants, se retire peu à peu. "Ce n'était pas un spectacle toutes ces chimio", reconnaît Pierre-François. "Le plus difficile a été le dernier mois. Elle a voulu vivre ses derniers jours à la maison. LEs enfants venaient peu, ils étaient souvent chez des membres de la famille. Ils savaient que leur mère était malade. Elle est décédée en février 2015."

Aurélie, choquée par la nouvelle, a souhaité rendre visite au funérarium. "J'ai proposé à Pierre-François d'être là s'il avait besoin de parler ou d'une aide. "

Peu à peu, ils tombent amoureux. Ils se mettent en couple en février. Et, rapidement, ils emménagent ensemble. "Six mois plus tard, officiellement, j'étais ici. Quand je partais, les enfants me réclamaient. Pour leur équilibre, je suis venue", précise la graphiste qui s'est installée à Vinalmont, prenant son chien sous le bras. "Ca fera deux ans le 14 juillet."

"Tout a coulé de source très vite", ajoute le couple. "Que ce soit la famille de Pierre-François ou la famille d'Isa, tout le monde m'a bien accueillie. Ils voyaient que Pierre-François était mieux et les enfants aussi."

Des rituels se sont rapidement installés, comme celui du samedi matin. "On mange des crêpes!", indique Martin, un sourire dans les yeux. Aurélie le regarde avec un sourire et poursuit: "Pierre-François fait le jus d'orange, Martin m'aide et Basile s'occupe de mettre le beurre. On a noué une complicité comme ça. On a pris le pli de faire les collations maison aussi."

Hors de question de se faire appeler maman. "Je les aime comme si c'était mes enfants. Mais je ne veux pas qu'ils m'appellent maman. C'est Isa qui a été leur maman. Ils m'appellent Aurélie." Pierre-François intervient: "Le surnom d'Aurélie, c'est Lilou. Ils ont combiné le mot maman et Lilou pour l'appeler Malou."

Et la tribu trouve son équilibre. "Elle s'en occupe mieux que certaines mères de leurs propres enfants", reconnaît Pierre-François. Les enfants, d'ailleurs, réclament un petite frère ou une petite soeur. "On verra", conclut le couple avec un sourire.

Sos de papas en détresse

Photo d'illustration ©Shutterstock

Les séparations ne se passent pas toujours bien. Parfois, la justice tranche en matière de garde d'enfant exclusive ou déchoit l'un des parents (voire les deux) de ses droits. Quelque 250 rapts parentaux sont rapportés en Belgique tous les ans. Dans tous les cas, l'un des parents ne voit plus sa progéniture.

SOS Papa vient en aide aux pères en détresse, privés de leurs enfants. "Depuis 2010, au moment où nous avons créé notre propre association, près d'un millier de personnes nous ont appelés", explique Vincenzo Semeraro, le représentant de SOS Papa Belgique. "Nous comptons 90 membres."

"Je n'ai vu les enfants que trois ou quatre fois depuis ma séparation qui remonte à un an. Mon ex-femme trouve toujours des excuses"

Cédric

Cédric fait partie des battants. Il nous explique n'avoir vu ses deux enfants que "trois ou quatre fois depuis ma séparation qui remonte à un an." La mère de ses enfants a refait sa vie auprès d'un autre homme. "Elle s'est mise en couple avec son amant, qui est donc, aujourd'hui, le beau-père de mes enfants."

Il avait initialement été décidé qu'il verrait ses enfants "dans un centre". Ce qui était acté s'est avéré plus difficile que prévu: "je ne les ai vus qu'une fois lors du premier rendez-vous. Pour les suivants, elle trouvait toujours une excuse."
Il déplore une "aliénation parentale". Il poursuit: "C'est une manipulatrice, qui manipule même la justice. J'ai été frappé. J'ai porté plainte et fait constater les coups. J'ai été incapable de travailler pendant 10 jours. Les policiers m'ont traité de menteur quand j'y suis retourné".

"Mon fils de 15 ans est tombé dans les stupéfiants, ne va plus à l'école", déplore-t-il. "Celui de 12 ans n'a plus été à l'école pendant un moment et, selon elle, c'est de ma faute si mon fils se drogue sous leur toit."

Alexis, lui, est le père d'un pré-ado. Il a eu Alexis, 11 ans, avec Ramila. Séparés, les ex-partenaires se partagent la garde de leur enfant, "selon un schéma de garde alternée, demandé et agréé par le tribunal de Nivelles", précise le père. Leur fils a été placé par le juge.

https://infogr.am/garde_des_enfants

Alexis explique: "Le 28 avril 2016, c’était au tour de Ramila de reprendre Alexandre. En rentrant de l’école, Alexandre avait un peu mal à la tête. Sa maman, sous traitement, lui a administré par erreur un médicament préparé pour elle. Ce médicament, pris par erreur, n’était en rien dangereux pour lui, mais Alexandre a quand même commencé à s’assoupir."

Se rendant compte de son erreur, Ramila tente de trouver un interlocuteur clé pour lui dire ce qu'elle doit faire pour aider Alexandre. Selon les dires du père, "le médecin traitant était absent. Le médecin de garde a cru que les propos stressés de Ramila étaient dus à "une prise d’alcool". Or, Ramila n’a jamais bu, elle ne supporte pas l’alcool) . Elle n’a pas voulu écouter mon ex-femme."

Angoissée, la mère tente de joindre son frère, pédiatre, et sa belle-soeur, infirmière. "Ils n'ont pas voulu intervenir!", regrette Alexis. Alors, elle s'est tournée vers Police-secours, mais le service avait "déjà été prévenu par le médecin de garde! Quand la police est arrivée, Ramila a tout de suite été séparée de son fils, manu militari, comme une criminelle!"

Le cauchemar, précise-t-il, ne faisait que commencer. A l'hôpital, ils découvrent qu'un antécédent avait déjà eu lieu six ans plus tôt. "Alexandre avait bu de sa propre initiative un verre de Fanta dans lequel elle s’était préparé un médicament pour elle", précise le papa. "L’hôpital et la police ont appelé le parquet pour récidive. Elle a été inculpée pour tentative de meurtre."

Alexis, quant à lui, rend visite à son fils quotidiennement à l'hôpital. Une pédopsychiatre écoute le père et le fils et affirme "qu'il a des parents maltraitants." Il continue: "Cet éloignement absolu de notre fils a été doublé par une opposition systématique à toute tentative de l’entourage proche d’Alexandre d’entrer en contact avec lui."

Après un témoignage du jeune garçon, niant toute volonté de ne plus voir ses parents, le père est autorisé à le voir, sous conditions. "J'ai pu être autorisé à avoir un contact avec mon fils à raison de 10 minutes par semaine, le lundi soir, en présence d’un éducateur qui écoute la conversation et peut intervenir pour l’interrompre ! Aucune intimité. Le courrier postal d’Alexandre a été lu sous prétexte de "l’accompagner"."

Sa mère a pu obtenir de revoir Alexandre sous escorte. "A ce jour, la décision n’est toujours pas appliquée", dit-il. Alexis se bat pour son fils. Il regrette: "Il est emprisonné, sans avenir, dans un 'internat-prison', isolé , confié à une école de village sans prétention, impossible à justifier pour prétendre ensuite à un cycle secondaire dans une école forte; et ce, pour une durée indéterminée dans cet internat du juge, et qui pourrait aller jusqu’à ses 17 ans. Et tout cela, pour un 'crime' qu’il n’a pas commis, que ses parents n’ont pas commis. Un crime inventé 'pour rassurer le tribunal' de savoir l’enfant loin de ses parents. Et ce, dans le déni absolu des droits de l’enfant, des droits parentaux, de la déontologie, et des conventions internationales."

Six filles à la maison

©Demoulin

Joséphine, Clarisse, Félicie, Léonie, Adèle et Marthe entourent leurs parents, Eugénie et Pascal ©Demoulin

Joséphine, Clarisse, Félicie, Léonie, Adèle et Marthe entourent leurs parents, Eugénie et Pascal ©Demoulin

Eugénie et Pascal se sont rencontrés en 2004. Tout va très vite ensuite pour le couple amoureux. En 2005, ils se marient. Un an plus tard arrive Joséphine. Clarisse voit le jour en 2007 et Félicie en 2009. "Au début, on embrassait un mode de vie traditionnel", explique Eugénie. "On vivait dans une maison, on travaillait tous les deux et nous avions trois filles."

"Le bureau m'a proposé une mission à Istanbul", se souvient Pascal. Eugénie continue: "On a réfléchi et puis on a tenté l'aventure. On a pris nos valises uniquement. Que le strict minimum. On est sortis de notre zone de confort, cette aventure nous a changés pour toute la vie. Les filles allaient à l'école franco-turque. Elles prenaient des cours de turc quand les autres enfants apprenaient le français. On a voyagé un peu, on a rencontré des familles, on a noué des liens. On est revenus de Turquie avec une quatrième fille, Léonie, née en 2013."

De retour en Belgique, ils s'installent dans une maison à la campagne. Eugénie décrit: "On est partis vivre au milieu d'un bois, dans une maison isolée. J'étais toujours en pause-carrière." En 2014, deux petites "surprises", Adèle et Marthe, viennent compléter la famille. "On désirait un autre enfant, elles étaient deux!"

La famille au complet revient vivre à Bruxelles quelques mois après la naissance des fillettes. "En 2015, on est revenus vivre à Bruxelles." Eugénie, qui est professeur de français, a repris le chemin des classes. Elle enseigne le français à l'institut Cardinal Mercier. "J'ai de la chance de travailler dans une école avec une directrice compréhensive et j'ai l'opportunité d'avoir des horaires qui me permettent de m'occuper de mes filles. J'ai besoin de travailler pour mon épanouissement personnel et intellectuel. Ce n'est pas tous les jours facile, c'est parfois fatigant, mais j'aime ce que je fais. Je travaille en 4/5e."

Financièrement, six filles, c'est un coût. "Quand on achète des chaussures, on les achète pour les six en même temps." A près de 100 euros la paire de chaussures, les parents déboursent quelque 500 euros rien que pour chausser leurs filles. Les courses, c'est en ligne, une fois par mois. "Je commande par internet. Une fois par semaine, je vais acheter des produits frais et il ne reste rien dans mon frigo fin du mois!"

Avoir six filles à la maison, c'est une organisation. "J'ai une femme très organisée", déclare fièrement Pascal. Le matin, ils gèrent les enfants à deux. "On se réveille, en semaine, à 6h45. A 7 heures, les trois grandes se réveillent et se préparent. A 7h15, on déjeune ensemble à 5. Léonie nous rejoint vers 7h30. Vers 7h50, Pascal embarque les filles pour l'école. Les petites se réveillent doucement, je leur donne le biberon et vers 8h30, il embarque les petites pour la crèche. Il gare la voiture puis revient prendre son scooter. Vers 8h50, mon mari part au boulot et moi je m'occupe des chiens avant d'aller travailler en scooter aussi."

La journée de boulot d'Eugénie prend fin vers 14h30. Elle reprend son scooter, le dépose à la maison et va attendre ses quatre grandes filles à la sortie de l'école. "A 16 heures, c'est le goûter, la suite dépend des activités de chacune. Vers 17h, entre deux devoirs, je vais rechercher les petites à la crèche. Aux environs de 17h30, tout le monde est là, les devoirs sont faits. C'est l'enchaînement douche, préparation des -vêtements pour le lendemain et le bain des petites pendant que l'un de nous cuisine. A 18h45, c'est le repas du soir." A table, ça papote, ça discute dans tous les sens. "Mais ça se passe toujours dans la bonne humeur!" Vers 19h30, toutes les filles montent. "Les grandes peuvent lire. Elles lisent beaucoup et ont toutes les trois droit à des heures de coucher différentes. Joséphine va dormir vers 20h45, Clarisse vers 20h30 et Félicie vers 20h15. Chaque âge ses privilèges."

Quand les filles sont au lit, Pascal et Eugénie rangent, s'occupent du linge, préparent les pique-niques pour le lendemain matin... "On ne regarde pas la télévision, on préfère papoter!"

Le couple ne repose sur personne d'autre que lui. "Nous avons choisi de fonder une famille nombreuse. Parfois, on fait appel à une babysitter, mais la plupart du temps, on fait tout nous-mêmes", précise la mère de famille. "Et le temps libre que nous avons, nous le passons Pascal et moi. La famille repose sur une base, qui est notre couple. Il faut que nous soyons bien et que nous prenions soin de nous. Le couple est le plus important."

Eugénie conclut: "je dis toujours qu'on ait un, deux, six ou dis enfants, c'est le même boulot. On a une famille fort soudée, on a trouvé un bon équilibre. La famille idéale, c'est la famille que papa et maman choisissent."

Fabien, Mario et Lily-Rose ©Bauweraerts

Fabien et Mario sont les heureux papas de Lily-Rose, 2 ans et demi

Fabien et Mario se sont rencontrés en 1999. Six ans plus tard, le couple se dit “oui”. Le couple d’indépendants, très épanoui, souhaite fonder une famille.

“On a commencé à y penser concrètement en 2008”, se souvient Fabien. “On a entamé un procédure d’adoption en 2009. On a suivi les formations à la parentalité en groupe et puis en couple. On est allés loin dans le processus. Mais lors du troisième rendez-vous avec l’ASBL, on a constaté qu’il allait être impossible pour nous d’adopter. On a décidé de se tourner vers la Gestation pour autrui. On est entrés en contact avec une agence aux Etats-Unis, Circle. Nous avons été mis en contact avec Susan, une habitante du Wisconsin, déjà maman d’un petit garçon.” C’est elle qui a porté leur fille.

“C’est allé assez vite. Au total, il aura fallu 18 mois entre la signature avec l’agence et la naissance de Lily-Rose. La première insémination a fonctionné. On lui a implanté l’ovocyte d’une autre femme, Heather.”

Durant tout le processus, le couple entretient une relation par Skype avec Susan. “Même avant la grossesse, on s’était appelés, on se donnait des rendez-vous ponctuels pour se connaître.”

Fin janvier 2015, le 22 exactement, le couple assiste à l’accouchement. Fabien et Mario font la connaissance de leur fille. “On est resté 4 semaines au Wisconsin pour passer devant le juge et valider la déchéance de maternité de Susan. C’était l’hiver. Il faisait -20 degrés. On a profité d’une bulle à trois, avec Lily-Rose. C’était idéal, c’était un moment unique dans lequel personne ne pouvait s’immiscer. Je me disais que pour avoir Lily-Rose, ça avait été une certaine aventure. Quand je l'ai eue dans les bras, à la maternité, je me suis dit que l'aventure commençait à ce moment-là.”

De retour en Belgique, l’aventure familiale a débuté. Surtout au niveau administratif. “Il y a un flou juridique en Belgique. On n’est jamais dans les bonnes cases, il faut parfois se battre. Pendant un an, on n'avait accès à rien. Elle ne pouvait pas aller en crèche puisqu'il n'y avait aucune reconnaissance juridique. Nous avons écrit personnellement à l'échevin Alain Courtois en lui expliquant notre situation. Il a pris la décision d'inscrire directement Lily-Rose. Une fois qu'il y a eu reconnaissance, l'un de nous, qui n'est pas le père biologique, a pu adopter Lily-Rose.”

La fillette aux boucles blondes, désirée et aimée, a trouvé, dès qu’elle a pu parler, les surnoms de ses papas. “Elle nous appelle Papaio, pour papa Mario et Papaien pour papa Fabien. C’est elle qui a trouvé.”

Selon Fabien, être deux pères permet de "vivre les choses au même moment." L'an prochain, Lily-Rose rentrera à l'école. "Nous avons visité différentes écoles et toutes étaient ouvertes à notre situation", se souvient Fabien. "L'école dans laquelle est est inscrite était très à l'aise, elle avait déjà eu d'autres cas de familles homoparentales par le passé."

Entre Belgique et Suisse

©Shutterstock

Parvenir à croiser toute la famille Kervyn de Meerendré ou les inviter tous à souper relève du challenge. En effet, le père de famille, Eric, 52 ans, est parti vivre en Suisse pour travailler. François (22 ans) kote à Bruxelles pour les besoins de ses études de théâtre. Louis, 17 ans, est en internat à Namur.

La maison familiale se trouve à Gosselies. “Je n’y vis en semaine qu’avec ma fille aînée, Marie, qui a 25 ans”, sourit Laurence Demanet, la mère de famille. Les hommes de la famille ne reviennent que les week-ends. Eric reprend sa voiture vendredi après sa journée de travail et rejoint la maison familiale.

La famille au grand complet, rassemblée expressément pour le dossier famille ©DR

La famille au grand complet, rassemblée expressément pour le dossier famille ©DR

Les samedi et dimanche, c’est le branle-bas de combat. “On fait les courses, les lessives, les repas à reprendre…”, expliquent mère et fille. Le dimanche midi, il est déjà temps pour Eric de reprendre la route vers la Suisse.

La vie de famille tranquille a été bouleversée par le licenciement d’Eric : “Il a été licencié pour raison économique il y a trois ans par la société pour qui il avait travaillé durant 16 ans”.

Sans emploi, jugé trop expérimenté, Eric galère à trouver un nouvel emploi. “Je coûte cher à un potentiel nouvel employeur”, dit-il. Le salut viendra de Suisse. Une entreprise intéressée par son profil l’a contacté. Dix jours plus tard, il partait pour la Suisse. Au début, ce sont des petites missions. Il est désormais engagé. “Je suis sous CDI depuis le mois de janvier.”

“Les gens pensent que je gagne bien ma vie”, explique le père de famille. “Sans doute que mon salaire est important, mais je le dépense bien. En effet, je dépense 1.500 euros pour la voiture tous les mois, 1.000 euros par mois pour mon logement (une chambre dans un AirBnB), 500 euros mensuels forfaitaires pour une assurance-maladie…” A cela s’ajoutent le prix des kots, des courses… et des appels téléphoniques. “J’ai gardé mon numéro belge, quand j’appelle, je paie 3 euros/minute. Quand on m’appelle, c’est 2 euros/minute.”

Et des investissements sérieux pour la voiture. “J’en ai changé récemment pour la route. Je ne pouvais pas changer le nombre de kilomètres ni le temps, la seule chose sur laquelle j’avais une emprise, c’était le véhicule. J’ai gagné en confort. Je me sens mieux et c’est important pour la route.”

Le bonheur de la famille se ressent. “Je suis heureux et ça ne se monnaie pas le fait d’être heureux !”,nous dit-il. “Je m’appuie beaucoup sur ma femme. Les enfants sont grands, ce qui a permis cette vie. Avec ma femme, maintenant, on se rencontre souvent dans les hôtels”, dit-il.

Laurence le rejoint dès qu’elle peut : “Je prends l’avion et je passe le week-end avec lui là-bas, ou en Italie, chez sa maman.” Pour elle, le plus difficile est la vie sociale qui n’est plus que l’ombre de ce qu’elle était. “Nous étions fort investis dans différentes associations, surtout mon mari. Aujourd’hui, il est toujours engagé, mais à distance. Le week-end, il nous est presque impossible d’être invité ou d’inviter des personnes. On doit quitter tôt ou pousser les personnes à partir tôt le samedi soir parce qu’Eric doit reprendre la route le lendemain à 14 heures et le réveil sonne à 9 heures. On ne peut plus faire de repas de famille le dimanche midi, ou alors il doit prendre congé.”

Au quotidien, "ce n’est pas le plus difficile à vivre. Heureusement, nous avons la technologie. Nous n’avons pas un quotidien toujours facile, mais il y a des cas plus critiques, plus graves !”

Georges Mathieu, père de famille, élève seul ses dix enfants depuis que sa femme est partie il y a 10 ans. Il trouve la force de se battre dans les liens familiaux : “un père ne remplace pas une mère, mais j’ai toujours été là pour mes enfants. Je serais toujours là pour mes enfants, même si je dois me mettre dans les ennuis pour eux”.

Elever ses enfants seuls n’a pas été son unique souci ces dix dernières années. Sa famille vivait à La Plante (Namur) avant d’être expulsée pour fin de contrat de bail et expulsion. Trois années durant, ils ont vécu dans la rue. “On a habité dans des tentes, puis dans un squat près de Namur. Les autorités nous ont chassés de ce squat il y a trois ans pour nous amener ici à Jemeppe-sur-Sambre, dans un logement social fourni par le Foyer Taminois. Je ne souhaite à personne de vivre ce que j’ai vécu”, témoigne Georges.

À l’heure actuelle, le père de famille vit dans ce logement social avec sept de ses enfants, les autres ayant déjà quitté le nid familial. Aux soucis de logement se sont ajouté des problèmes financiers. Le chef de famille ne travaille plus depuis presque trois ans. Il voulait avoir le temps d’ "élever correctement les enfants et être là pour eux”. Mais sans travail, les fins de mois sont difficiles à boucler. Georges explique sa situation : “J’ai dû vendre tous les objets en or pour les trois mariages de mes enfants. Je dors dans le salon. La maison est trop petite, je veux laisser les chambres à mes enfants. Et pas de vacances possibles. Enfin, si, parfois on prend des tentes et on va passer quelque temps à Namêche”.

Malgré tous les problèmes rencontrés, la famille Mathieu fait face et continue à avancer ensemble. Leur motivation ? “La famille bien sûr ! On sera toujours là les uns pour les autres et on se soutient. Un homme est fort, mais une famille encore plus”.
M. Deb.

Chantal Bauwens, maman solo avec Simon, jeune adulte atteint d'autisme ©JC Guillaume

Les familles monoparentales, selon notre sondage exclusif mené par Dedicated, représenteraient une famille sur cinq! 19% des Belges ont déclaré être parents célibataires. Une enquête récente de la Ligue des Familles indiquait que huit familles monoparentales sur dix éprouvait des difficultés à boucler les fins de mois.

La galère financière, c'est ce qui arrive souvent aux parents qui se retrouvent seuls avec leur(s) enfants. Les femmes sont le plus souvent concernées. Chantal Bauwens, auteure du livre Ma vie en hard discount(Coëtquen editions), s'est retrouvée seule avec deux enfants à charge. Sa fille, Anaïs, est issue d'un premier mariage. Son fils, Simon, 28 ans, d'une seconde union. Son fils est autiste. "Du coup, je n'ai pas pu travailler", explique l'habitante de Waterloo. Pourtant, diplômée en journalisme, elle rêvait d'embrasser une carrière liée à l'écriture. "Je devais lui apporter beaucoup de soin et d'attention. Le système scolaire belge n'est pas tellement adapté au handicap, les horaires d'accueil ne sont pas adaptés à la vie active. Sans boulot, on n'a pas de revenus, on tombe dans la précarité, on dégringole dans l'échelle sociale. Je n'avais qu'un seul revenu du chômage pour faire vivre la famille."

Evelyne, 32 ans, de la région liégeoise, est partie de chez elle en découvrant l'infidélité de son mari. C'était en mars 2013. "C'était un peu brutal. Je suis partie de chez moi avec ma voiture et ma fille sous le bras, c'est tout", se souvient-elle. "Quand je me sépare, je suis sans emploi. On avait décidé que je ne travaillerais plus pour élever la petite. J'avais des piges par-ci, par-là pour un journal, sans plus. Camille avait un peu plus d'un an et demi. Je me suis retrouvée sans rien, je n'avais nulle part où aller. Ma soeur m'a hébergée un temps."

Evelyne et Camille ©Michel Tonneau

Evelyne et Camille ©Michel Tonneau

Sans emploi, sans revenu, il lui était impossible de trouver un logement. "Il m'a fallu tout recommencer de zéro, chercher un emploi et encaisser la séparation", dit-elle. "Je me heurte aux difficultés du journalisme, j'ai des piges mais je ne peux pas en vivre. En avril 2014, je reprends une formation pour être déléguée commerciale. Une formation rémunérée du Forem. J'ai terminé lauréate de la promo."

Elle finit par être engagée sous PFI par une société de Marche-en-Famenne. "Plus précaire que ça, il n'y a pas! Le patron m'a clairement utilisée, je travaillais non stop, il m'appelait tout le temps, je faisais une foule d'heures supplémentaires, j'étais exploitée mois coincée. Je ne pouvais pas démissionner de ce job où j'étais harcelée au risque de perdre mes droits. Le patron a essayé de me faire partir, j'ai tenu bon. Jusqu'au jour où je devais aller voir le juge pour une procédure concernant la garde de la petite. J'ai perdu la garde de la petite, le juge a prononcé une garde alternée. Mon patron m'appelle, prend de mes nouvelles, je lui explique la situation. Il me dit de prendre ma journée et, quelques minutes plus tard, je reçois mon C4 par mail. Il m'avait licenciée pour restructuration professionnelle."

Elle cherche un autre emploi pendant un certain temps avant de postuler à une offre d'emploi pour devenir accueillante touristique à Anthisnes. A la même période, une copine lui propose d'acheter ses services d'experte en communication. "Quand je postule à Anthisnes, mon CV les interpelle. Ils me jugeaient trop qualifiée, j'avais besoin de ce job. Une semaine après, ils me rappellent pour me dire qu'ils m'engagent mais qu'il va y avoir quelques ajustements: mon mi-temps devient temps-plein et je serai responsable du développement touristique." Un métier qu'elle exerce encore aujourd'hui, en plus d'une activité complémentaire. "De fil en aiguille, je développe mon activité sur le côté."

Evelyne reconnait aujourd'hui être passée par des moments de galère. "Mais j'ai appris la débrouille, j'ai appris à rebondir!"

Chantal et Simon ©JC Guillaume

Chantal et Simon ©JC Guillaume

Pour Chantal, des opportunités d'emploi se dessinent, mais obtenir des certitudes concernant un éventuel travail est impossible. Retrouver du boulot à son âge n'est pas chose aisée. "Je vais avoir 60 ans, ce n'est pas rien." Son fils est, depuis ses 17 ans, dans un centre en semaine, elle le récupère les week-ends et jours fériés.