Retour dans le Langtang

Bonne nouvelle! La vallée du Langtang,
meurtrie par le séisme d'avril 2015,
est de nouveau le paradis du trekking
qu'elle était avant la catastrophe

A une cinquantaine de kilomètres à vol d'oiseau au nord de Katmandou, la vallée du Langtang est la troisième région la plus fréquentée pour le trekking, après l'Everest et les Annapurnas. Et on comprend facilement pourquoi quand on se donne la peine d'aller y regarder de plus près.

Pour débuter en trekking, le Langtang est idéal: ni trop long, ni très dur, bien équipé (pas besoin d'emporter sa tente ou sa nourriture). L'itinéraire est facile et la nature magnifique.
Avec l'aide d'une carte, il est simple de trouver son chemin dans la vallée, aussi simple que d'y randonner sans guide ni porteur. Car les lodges abondent - toutes les deux heures au moins - où se nourrir et se loger. Mais suivre un guide ou se faire accompagner d'un porteur est une option qui représente un réel soutien à l'économie locale.

1000 mètres à grimper chaque jour

Le premier jour, un dilemme: gravir les 1000m de dénivelé plutôt le matin ou plutôt l'après-midi? Et selon l'option retenue, les premières heures de marche traverseront une forêt de bambous, longeant un torrent ou surplomberont en plein soleil les gorges de la Langtang Khola, avec en prime les premières vues sur la haute montagne.
Sherpagaon ou Rimche sont bien situés pour admirer la fin du jour et passer la nuit. Une demi-heure plus loin, à Lama Hotel, les lodges sont déjà dans l'ombre.
Le programme du 2e jour est le même: se trouver mille mètres plus haut en fin d'après-midi. Traversant le matin une haute forêt de rhododendrons, il est quasi certain d'y apercevoir l'une ou l'autre bande de singes. A Goratabela (2950m) le paysage s'élargit d'un coup sur l'Himalaya et la pyramide splendide du Ganchempo (6387m) dans le fond de la vallée.

Le nouveau village de Langtang

Le nouveau bourg, reconstruit un peu plus haut que l'ancien, est le terme de la seconde journée. Les lodges flambant neufs offrent toujours un bon feu où se réchauffer dès la tombée du jour. A cette saison et à 3500m, par beau temps, la température à midi peut dépasser 20°. Mais dès que le soleil baisse sur l'horizon, toutes les couches de laine, de polaire et de plumes, sont bienvenues. La nuit, il gèle.

Le sentier passe par dessus l'ancien village

L'ancien village de Langtang se situait sur le plateau ensoleillé, juste au pied du Lirung. Si le séisme d'avril 2015 a détruit un grand nombre de chemins, de ponts, de fermes, de hameaux, tué habitants et randonneurs, bétail et faune sauvage, ici les événements ont pris une tournure absolue, hors norme, catastrophique. Les secousses sismiques ont ébranlé un glacier du Lirung et déclenché une avalanche de glace, d'eau et de rochers sur les habitants et les 150 maisons, dont 55 lodges: tout a été enseveli sous un déluge dont la violence se lit encore aujourd'hui sur le versant d'en face, où la forêt a été pulvérisée par l'onde de choc. Reste une épaisse couche de glace noire, recouverte de rocs acérés et gris. Le bilan est très lourd: 500 morts dans la vallée, mais 270 rien qu'ici, dont plusieurs étrangers. Après la catastrophe, la vallée a été fermée et vidée de ses habitants, sans ressources, sans maisons, sans chemins. Réfugiés à Katmandou avec les autres Népalais sinistrés, les premiers Tamangs reviennent dès septembre 2015. D'autres suivent réparer les chemins, puis reconstruire les maisons et les lodges, moteurs de l'économie locale.
Et qui aurait pu croire que la vallée serait à rouverte et fonctionnelle dès les premiers mois de 2017?
Malheureusement pas le Lonely Planet Népal, édition 2016... qui n'a pas osé consacrer une seule ligne à la vallée.

Au centre, la paroi en toboggan, sur laquelle le glacier a dévalé. Langtang est juste en dessous, sous la couche de pierres grises.

Au centre, la paroi en toboggan, sur laquelle le glacier a dévalé. Langtang est juste en dessous, sous la couche de pierres grises.

 Un poteau électrique récemment posé au sommet, donne l'échelle de la couche de glace et de pierres tombés sur le village.

 Un poteau électrique récemment posé au sommet, donne l'échelle de la couche de glace et de pierres tombés sur le village.

Le troisième jour, l'expérience de l'altitude

Mais revenons sur le trekking. Quittant Langtang à travers les prairies où paissent des yaks, le chemin continue à monter doucement, pour atteindre en deux heures et demie, Ganjyin Gompa (3800m). Le dernier village de la vallée offre un camp de base idéal pour des expéditions d'une journée vers des points de vue où sommets et glaciers se dévoilent, pas à pas, dans leur exceptionnelle et dramatique proximité.

L'escalade du Ganjyin RI (4400m) et du Tsergo Ri (5000m) sont les plus célèbres de ces promenades en altitude.

L'escalade du Ganjyin RI (4400m) et du Tsergo Ri (5000m) 
sont les plus célèbres de ces promenades en altitude.

Une boulangerie-pâtisserie et une fromagerie agrémentent considérablement le séjour dans ce village du bout du monde.

Le retour

Redescendre la vallée se fait plus rapidement. Il n'est pas dit que ce soit toujours plus facilement. Quittant Ganjiyn Gompa, ou Mundu un peu plus bas, de grand matin, un bon marcheur atteint facilement Lama Hotel dans l'après-midi. Un peu plus loin, à Rimche, se présente l'occasion d'emprunter le chemin différent de l'aller pour rejoindre le départ, Shyaphru Besi. Les deux sentiers qui y mènent se séparent sur la terrasse du lodge.

A ces journées de trekking , il faut en ajouter deux de jeep,entre Katmandou et Shyaphru Besi, pour l'aller et le retour, Assez pénibles pour choisir de retourner à Katmandou à pied, en passant par Thulo Shyapru, les lacs de Gosainkund, le col de Laurabina (4650m) puis par l'Helambu. Environ une semaine de randonnée pour rejoindre la capitale.

"Le bonheur, c'est le chemin"

Lao Tseu

Oui mais l'ennui, c'est qu'il faut tout le temps regarder où on pose le pied. Heureusement, l'effort et l'altitude se conjuguent pour forcer à des arrêts répétés, le temps de ramener le rythme cardiaque à la raison. Et surtout le temps d'enfin pouvoir lever les yeux et contempler la nature exceptionnelle tout autour.
L'autre bonheur que procure certainement le trekking au Népal est d'y côtoyer ses habitants: hospitalité, gentillesse, honnêteté mais aussi courage, piété, esprit d'entreprise sont les qualités qui viennent à l'esprit quand on pense aux Népalais du Langtang.
Dans le Langtang, il ne faut craindre ni la faim, ni le manque de place dans les hébergements. Avec un peu d'anglais, que tous les habitants parlent plus ou moins, la randonnée est simple à organiser. Par contre, s'il faut faut craindre une seule chose, c'est de marcher trop vite. Trop se hâter de parcourir ces paysages splendides peut donner des regrets aussi immenses que... l'Himalaya.

Quelques infos pratiques?
"Le trekking pour les nuls"
http://bit.ly/2CbJjx6

«On voyage pour changer, non de lieu, mais d'idées»
H. Taine

«On voyage pour changer, non de lieu, mais d'idées»
H. Taine

Deux infos précieuses
Coordonnées de deux guides népalais parlant très bien le français:
1) Sonam SHRESTHA
34 Rue du Ban de la Roche
FR 67000 STRASBOURG
tel. 00 336 52 83 16 04
milarepatrek@gmail.com

Sonam propose notamment un trekking intégrant randonnée, 
yoga, méditation et massage.

Sonam propose notamment un trekking intégrant randonnée,

yoga, méditation et massage.

2) Sonam TAMANG
"Tamang Randonnees Treks" sur facebook
joignable par messenger et sur www.trek-nepal.fr

Enfin, deux blogs pour rêver
L'album de photos de Stéphane Peter, voyageur québecois et photographe inspiré https://desclicsetdesgrolles.wordpress.com/
et le blog de Guillaume Luce https://yakayaler.blog/