Niels Thijssen: le Jurgen Klopp
qui a redressé les Red Panthers
Inconnu au bataillon jusqu'en 2016, l'entraîneur des Belges a réussi le plus grand tour de force du hockey féminin.
Ancien joueur trop court pour le Top Hockey aux Pays-Bas, il a pris petit à petit du galon en Belgique au point de devenir l'entraîneur qui incarne la réussite des Red Panthers depuis cet été magnifique de 2017 où les Belges sont devenues à la surprise générale vice-championnes d'Europe. Un an plus tard, il part avec elles à la conquête du monde...
Niels Thijssen se cache volontiers derrière un sourire discret. Il s'exprime peu. Les regards ne se détournent pas sur son passage. L'homme n'a pas le verbe fort d'un Pascal Kina, ni le passé prestigieux de joueur d'un Jeroen Delmee ni la magie du sorcier Shane McLeod et encore moins la gouaille d'un Marc Lammers.
Niels marche sur les pas de Thijssen avec une réussite fascinante. T1 ad interim en pleine tempête post-Brasschaat, T2 de Ageeth Boomgaardt - qui a tenu 10 mois à son poste - et à nouveau T1 par défaut, l'actuel entraîneur des Red Panthers était difficile à sonder tant sa position semblait incertaine.
"J'arrivais au sein d'une équipe déçue et frustrée par son absence aux Jeux de Rio. Au début, je devais juste assurer une transition. Puis, on m'a demandé de gérer la reconstruction."
Celui qui a songé un instant devenir entrepreneur a bâti un édifice en quelques mois. "Il était important de revenir à l'essentiel et de se poser les bonnes questions. Pourquoi jouez-vous au hockey depuis que vous êtes enfant ? Comment devons-nous fonctionner lors du prochain tournoi ? Que devons-nous garder ou jeter ? Comment pouvons-nous grandir tant comme individu que comme équipe ?"
Quand il a repris la direction de l'équipe, il a réussi en 4 mois à insuffler suffisamment de confiance à ce noyau que les Panthers ont réussi l'improbable performance de battre la Nouvelle-Zélande, 5 e nation mondiale, à la Rasante. Ce feu de joie s'est vite éteint à cause d'une fin de World League catastrophique à Woluwé-Saint-Lambert.
De Bruxelles, les experts ont noté d'évidents progrès sur un plan physique. Mentalement, les Belges peinaient à évacuer les frustrations anversoises de juin 2015 quand les JO étaient passés à 35 secondes de leurs sticks.
Quelques semaines plus tard, Niels Thijssen réalisait un exploit inattendu sur ses terres néerlandaises en qualifiant ses filles en finale des prestigieux championnats d'Europe à Amstelveen. Thijssen avait mis toutes les pièces du puzzle dans le bon ordre pour battre les Espagnoles et surtout les Allemandes en demi-finales. Cette médaille est marquée du sceau du courage pour des Panthers qui ont démontré de belles aptitudes à défendre et à souffrir ensemble tout en bénéficiant de ce petit brin de réussite à des moments stratégiques.
"La préparation avait été assez courtes, seulement trois mois. J'ai juste mis en place un schéma de jeu clair qui leur semblait familier et faisable. J'ai laissé aux joueuses la liberté de faire leurs choix en sortant les différentes qualités de chacune. L'absence de grands tournois durant deux ans avait été une source de motivation supplémentaire. Toute l'équipe a bien défendu. Confiance et explosivité pour sortir de sa moitié de terrain, tels ont été les deux ingrédients qui avaient parfaitement fonctionné en demi-finale contre l'Allemagne."
Une équipe à 95% semblable à celle qui a été vice-championne d'Europe il y a 11 mois
Un an plus tard, Niels Thijssen revient donc à la tête d'une équipe qui est à 95 % identique à celle d'Amstelveen 2017. Seule Beernaert, qui n'avait pas joué à l'Euro, cède sa place à Puvrez. L'homme est cohérent. L'entraîneur a vite compris qu'il devait adapter sa philosophie en partant des qualités des joueuses de son maigre réservoir. "Je sens une équipe déterminée à progresser, confie le technicien. Notre médaille d'argent a été une aventure incroyable, mais la réalité est là. Nous ne sommes que 13e au ranking. Les filles veulent améliorer ce classement. Nous viserons donc de finir cette Coupe du monde à une place plus haute que notre classement actuel. L'objectif est élevé car il signifie que nous devrons sortir d'une poule avec la Nouvelle-Zélande, l'Australie et le Japon."
Le chemin vers la gloire est connu. Les Red Lions peuvent servir de source d'inspiration même si la comparaison présente ses limites. Niels Thijssen veut écrire une histoire dont les seules héroïnes sont ses guerrières. "Les joueuses veulent devenir des athlètes pros qui peuvent s'appuyer sur une résistance physique sans faille afin de se concentrer pleinement sur le hockey. Je vois que le groupe vit pour sa passion 365 jours par an."
"Mon rêve de gosse était trop élevé"
Ce qu'il n'a pas pu vivre comme émotions entant que joueur, Niels Thijssen le vit par procuration avec ses 18 filles. Le petit Niels était plutôt un enfant de la balle. Jusqu'à 14 ans, il taquinait le cuir pendant que son frère et sa sœur s'exerçaient avec un stick. Formé sur le tard, il n'a jamais percé au plus haut niveau. "Habitant près de l'Allemagne, j'ai surtout connu de beaux succès en salle. Malheureusement, mon rêve de gosse était un peu trop élevé pour moi. Je n'ai jamais joué au sein de l'élite."
De son propre aveu, son enfance a été heureuse dans le sud du Limbourg. Fin stratège, il s'est alors replié en bord de terrain, près du banc. A Den Bosch, il a appris le métier d'entraîneur avec une équipe féminine. Via Jeroen Baart et Sofie Gierts, il a finalement franchi la frontière pour se retrouver à l'Antwerp.
S'il avait espéré cumuler deux métiers, il a vite remisé au placard ses intentions de devenir entrepreneur afin de se consacrer pleinement à la petite balle blanche. "Le top hockey est un job à plein-temps", avoue-t-il. Il a pu mesurer l'ampleur de la tâche avec les Be Gold U14 et U18 avant de jouer les intérimaires chez les Panthers.
"Je suis un grand fan de la philosophie de jeu de Jürgen Klopp à Liverpool"
Avec son panneau et son marqueur noir, il est parti d'une feuille vierge avec l'équipe nationale féminine. Certes, il avait quelques idées tactiques, mais il est surtout parti du groupe. "Nous avons différents plans de jeu en fonction des zones, mais je suis favorable à leur laisser un maximum de liberté. Avec ou sans balle, les filles doivent être pro-actives. Elles doivent toujours s'attendre à l'inattendu. Je suis un grand fan de la philosophie de jeu de Jürgen Klopp à Liverpool, par exemple."
Football, tennis ou hockey, Niels Thijssen est un adepte de la cause sportive. Le sport n'a ni limite ni frontière."D'ailleurs, j'étais un fervent supporter d'Andre Agassi, de Boris Becker, de Dennis Bergkamp ou encore Jari Litmanen. Les deux footballeurs avaient un feeling inouï pour créer un espace."
L'autoroute du hockey, la E19, ressemble souvent à une route à sens unique. Les Belges l'empruntent facilement pour parfaire leur technique et leur mental au contact de l'élite mondiale. Mais, les Oranjes franchissent rarement la frontière belge avec leur stick. Niels Thijssen, tout comme Bert Wentink, a osé franchir ce pas. Quand il a posé son sac à Anvers,il ne songeait pas que la Belgique prenne les traits de son pays d'adoption. "Je n'ai pas connu de souci pour m'adapter à votre pays. Le hockey s'est tellement développé que j'ai vite compris que j'y resterais plus longtemps que prévu."
Avec son épouse Mila, il s'est installé pour une durée indéterminée. "Notre petite Lilou est née ici."
La culture belge en matière sportive est à la traîne par rapport aux Pays-Bas. Le hockey ne déroge pas à la règle. Niels Thijssen le formule avec des mots plus diplomates. "C'est un pays différent avec un point de vue différent. Je vois cette différence comme un défi."
Son prochain défi le mènera de l'autre côté de la Manche où les Red Panthers ont hâte de disputer ce Mondial et ainsi de faire oublier leur dernière place de 2014 à la Coupe du monde à La Haye. Il y a 4 ans, la seule image qui avait fait le tour du monde était celle de leur arrivée en retard lors de la 2e mi-temps d'un match comptant pour la 4e journée face à la Corée du Sud... Une autre époque...
Un coup d'oeil rapide pour tout savoir sur la Coupe du monde
Les équipes (classées par ranking FIH)
1. Pays-Bas ; 2. Angleterre ; 3.Argentine ; 4. Nouvelle-Zélande ; 5. Australie ; 6.Allemagne ; 7. USA ; 8. Chine ; 9. Corée du Sud ;10. Inde ; 11. Espagne ; 12. Japon ; 13. Belgique ;14. Afrique du Sud ; 16. Irlande ; 17. Italie.
Le Chili, 15 e à la FIH, n'est pas qualifié.
Le format du tournoi
La Coupe du monde réunit 16 nations pour la première fois de sonhistoire. Elles sont réparties en 4 poules. La première équipe estqualifiée pour les quarts de finale. Les 2 et 3 eaffrontent en ordre inversé les 3 et 2 e d'une autrepoule. Les vainqueurs se qualifient pour les quarts de finale. La 4 eéquipe est éliminée.
Les poules
Poule A.- Pays-Bas, Chine, Corée du Sud,Italie
Poule B.- Angleterre, USA, Inde, Irlande
Poule C.- Argentine, Allemagne, Espagne,Afrique du Sud
Poule D.- Nouvelle-Zélande, Australie, Japon, Belgique
Delforge, seule arbitre belge
La Belgique a placé une arbitre parmi les 15 arbitres du tournoi : Laurine Delforge qui avait déjà sifflé la finale des Jeux olympiques àRio.
Le programme complet (heure belge)
Poule A.- Dimanche 22 juillet 12h00 Chine – Italie ; 18h00Pays-Bas – Corée du Sud. Vendredi 27 juillet 19h00 Chine –Pays-Bas ; 21h00 Corée du Sud – Italie. Dimanche 29 juillet12h00 Corée du Sud – Chine ; 14h00 Pays-Bas – Italie.
Poule B.- Samedi 21 juillet 15h00 Angleterre – Inde ; 19h00 USA – Irlande. Mercredi 25 juillet 21h00 USA – Angleterre. Jeudi26 juillet 15h00 Inde – Irlande. Dimanche 29 juillet 18h00 Inde –USA ; 20h00 Angleterre – Irlande.
Poule C.- Samedi 21 juillet 13h00 Allemagne - Afrique du Sud. Dimanche 22 juillet 14h00 Argentine - Espagne. Mercredi 25 juillet 19h00 Allemagne - Argentine. Jeudi 26 juillet 13h00 Espagne - Afrique du Sud. Samedi 28 juillet 13h00 Espagne - Allemagne; 15h00 Argentine - Afrique du Sud
Poule D.- Samedi 21 juillet 21h00 Australie - Japon. Dimanche 22 juillet 20h00 Nouvelle-Zélande - Belgique. Mardi 24 juillet 13h30 Japon - Nouvelle-Zélande; 15h30 Australie - Belgique. Samedi 28 juillet 19h00 Japon - Belgique; 21h00 Nouvelle-Zélande - Australie
En direct à la télé
Tous les matchs des Panthers seront diffusés en simultané sur VOOsport et VOOsport World. Les commentaires seront assurés par Christine Schréder qui aura Emilie Sinia comme consultante. VOOsport diffusera également les demi-finales et la finale.
Les 18 Red Panthers de la Coupe du monde
Gardiennes
21. Aisling D'Hooghe
1m70
25 août 1994
Caps 158
Watducks
Deuxième Coupe du monde
23. Elena Sotgiu
1m65
18 juillet 1995
Caps 32
Braxgata
Première Coupe du monde
Défense
3. Louise Cavenaile
1m72
17 février 1989
Caps 226
Watducks
Première Coupe du monde
4. Aline Fobe
1m75
21 janvier 1993
Caps 157
Braxgata
Deuxième Coupe du monde
8. Emma Puvrez
1m72
25 juillet 1997
Caps 95
Antwerp
Première Coupe du monde
22. Stéphanie Vanden Borre
1m75
14 septembre 1997
Caps 100
Gantoise
Deuxième Coupe du monde
26. Lien Hillewaert
1m70
27 novembre 1997
Caps 38
Braxgata
Première Coupe du monde
Défense/Milieu
7. Judith Vandermeiren
1m74
10 août 1994
Caps 132
Braxgata
Première Coupe du monde
Milieu
13. Alix Gerniers
1m63
29 juin 1993
Caps 175
Gantoise
Deuxième Coupe du monde
19. Barbara Nelen
1m67
20 août 1991
Caps 220
Braxgata
Deuxième Coupe du monde
25. Pauline Leclef
1m66
31 mai 1995
Caps 59
Braxgata
Première Coupe du monde
Milieu/Attaque
2. Sophie Limauge
1m68
2 juillet 1998
Caps 38
Watducks
Première Coupe du monde
6. Anouk Raes
1m74
30 décembre 1988
Caps 276
Racing
Deuxième Coupe du monde
15. Anne-Sophie Weyns
1m72
2 avril 1995
Caps 63
Victory
Première Coupe du monde
17. Michelle Struijk
1m69
24 juin 1998
Caps 23
Antwerp
Première Coupe du monde
Attaque
10. Louise Versavel
1m66
29 avril 1995
Caps 153
Braxgata
Deuxième Coupe du monde
11. Joanne Peeters
1m75
9 juillet 1996
Caps 78
Watducks
Première Coupe du monde
27. Jill Boon
1m72
13 mars 1987
Caps 272
Racing
Deuxième Coupe du monde