Au coeur des "Petits As"

45 nations différentes étaient représentées lors de cette édition 2018 des "Petits As", à Tarbes. C'est là que tous les jeunes talents de la balle jaune rêvent de succéder à leurs idoles dont la plupart des noms figurent au palmarès de l'épreuve. Un genre de mini Grand Chelem lors duquel certaines portes vers le monde professionnel peuvent s'ouvrir...

DH Inside Sports vous propose une immersion dans les coulisses du tournoi français, devenu un passage presque incontournable pour les futures stars du tennis mondial âgées de 14 ans et moins. Nos envoyés spéciaux vous font vivre à travers plusieurs vidéos le parcours d'une star de demain, d'un Belge grand vainqueur de l'édition 2018 mais aussi le regard d'un père pour sa fille, dont la route vers le succès au plus haut niveau semble toute tracée.

Ce long format est également l'occasion de découvrir toutes les sollicitations que cela entraîne. Car si les jeunes vainqueurs n'empochent pas le moindre euro lors de ce tournoi, ils s'offrent une visibilité plus importante que jamais.

Une histoire déjà longue et riche

Voilà 36 ans déjà que le tournoi de tennis des "Petits As" a vu le jour à Tarbes, dans le Sud-Ouest de la France. Réservé aux meilleurs jeunes talents (U14), celui-ci rassemble chaque début d'année des futurs champions venus du monde entier. Sa notoriété n'est plus à faire, à tel point que cette compétition est devenu un passage presque obligatoire pour toutes les jeunes stars des courts en devenir. Le palmarès de l'épreuve, que même certains grands tournois du circuit pro envieraient, en est la meilleure preuve. Il y a en effet de quoi ouvrir de grands yeux en parcourant la liste des anciens vainqueurs et participants, presque tous devenus des stars de la balle jaune par la suite...

Malgré le succès et la renommée acquis par leur événement, les organisateurs des "Petits As" tiennent à en préserver l'aspect chaleureux et familial avant toute chose. D'ailleurs, jamais Jean-Claude Knaebel, fondateur et directeur du tournoi, n'aurait pensé voir son tournoi prendre une telle ampleur.

"On est bien sûr très fier du chemin parcouru. Pour nous il s'agissait à la base d'une petite aventure familiale et nous n'aurions jamais cru atteindre une telle notoriété à l'époque", explique-t-il, installé dans une petite pièce lui servant de bureau éphémère durant la dizaine de jours du tournoi.

Un encadrement volontaire et passionné

En se promenant au sein du grand complexe d'exposition aménagé pour l'occasion, on ressent très vite l'esprit convivial qui anime l'événement. Il faut dire que tout est mis en place pour accueillir les gens le mieux possible. Pendant que papa et maman se restaurent entre les matches aux différents bars installés, les plus jeunes spectateurs, eux, peuvent profiter d'animations gratuites ou du stand de bonbons qui semble ne jamais désemplir au cours de la journée.

De quoi faire passer un bon moment à tout le monde. Cet état d'esprit, il est aussi dû à l'équipe organisationnelle qui peut s'appuyer sur l'aide précieuse de 180 volontaires issus de la région et ses alentours. Très facilement repérables grâce à leur ensemble Lacoste (Ndlr: sponsor officiel du tournoi), les membres du staff se coupent en quatre pour répondre aux sollicitations des joueurs et de leur entourage.

"La richesse de nos volontaires vient du fait que nous sommes établis dans une ville moyenne de province. À Paris, par exemple, cela serait impossible."

Jean-Claude Knaebel, directeur du tournoi

Entre les réservations de courts pour les entraînements, le transport entre le complexe et l'hébergement, la restauration ou encore la consigne pour poser son matériel, tout est géré de façon à ce que les joueurs et joueuses évoluent dans un confort maximum. Tout cela avec le sourire et bien souvent quelques souvenirs à partager, comme Julia, qui se remémore pour nous les passages de Nadal "déjà très mature", Hingis "la poupée qui utilisait sa tête" et Clijsters et Henin...

Et quand les participants au tournoi préfèrent s'éloigner du brouhaha ambiant dans la salle, ils ont aussi la possibilité de se retrouver un peu plus au calme du côté du restaurant réservé aux joueurs. Et là encore, un service adapté est au rendez-vous.

Dans les pas d'une future championne

Si le public peut profiter de l'atmosphère conviviale des lieux derrière les tribunes, le vrai spectacle, c'est sur le terrain qu'il se déroule ! Les participants ont beau avoir 14 ans maximum, le niveau de jeu et l'intensité mise dans les balles impressionnent.

Il n'y a pas de doute, la plupart des joueurs présents se préparent déjà au circuit professionnel. Les attitudes ne trompent pas non plus : tous ont l'esprit de compétition déjà bien ancrés en eux. Des visages tristes des perdants parfois en larmes aux cris de joie qui suivent les points gagnants ou les victoires, les attitudes ne trompent pas. Tous sont là pour gagner le plus prestigieux tournoi U14 au monde. Et ces jeunes talents viennent même parfois de très loin pour réaliser leur rêve de jeune star.

C'est notamment le cas d'Alexandra Eala (12 ans) qui a parcouru plus de 10.000 kilomètres avec son papa pour rejoindre Tarbes en provenance des Philippines. À son arrivée, le duo ne s'attendait certainement pas à la belle histoire qu'il allait vivre au cours des jours suivants. Au fil des tours, la jeune joueuse asiatique est montée en puissance à tel point que sa route allait la mener jusqu'en finale face à la tchèque Linda Noskova (13 ans).

Et après la perte du premier set, Alexandra a démontré qu'en plus d'un jeu solide elle est était aussi bien armée mentalement. D'un calme déjà très mature, répétant sans cesse ses mouvements de coup droit et de revers dans le vide entre chaque point, elle a fini par émerger au bout d'un très bel effort (5-7, 6-3, 7-6).

L'expression de son visage après la victoire était à son image : souriante et décontractée. Elle n'avait plus qu'à savourer le plus beaux succès d'une jeune carrière prometteuse. Et, déjà, signer quelques autographes ! Pas de prize money en revanche mais un trophée pour garnir son armoire et beaucoup de confiance accumulée pour la suite...

À travers les yeux d'un père

Si contrairement à la plupart des autres participants, Alexandra n'était pas accompagnée de son coach personnel, elle a pu compter sur le soutien indéfectible de son papa. À cet âge, l'entourage joue un rôle d'autant plus important que les agents et autres sponsors n'hésitent pas à déjà approcher les joueurs les plus prometteurs. Sans parler des médias dont ils doivent apprivoiser la présence.

Assis dans les tribunes de manière discrète durant les matches, Michael scrute pourtant les moindres gestes et réactions de sa fille sur le terrain. Sans jamais se montrer ni euphorique ni négatif. Juste un regard, un geste de la tête, un poing serré ou même un simple applaudissement lui suffisent à transmettre ses encouragements à Alexandra.

Et lorsque la victoire finale est au rendez-vous, c'est la fierté qui illumine ses yeux avant de laisser place à quelques larmes de joie bien compréhensibles. Et c'est donc la voix pleine d'émotion qu'il s'est ensuite précipité sur son téléphone portable afin de partager son bonheur avec les proches n'ayant pu réaliser le long voyage vers l'Europe.

Mais nul doute qu'Alexandra aura été accueillie comme une star à son retour aux Philippines où elle pourrait aider à promouvoir le tennis à l'avenir. "Le tennis est un sport en expansion aux Philippines", confie Michael, le paternel. "Il y a de plus en plus de tournois organisés. Environ 200 par an pour les juniors. Mais n'oubliez pas que le pays compte plus de 7000 îles. Cependant, pour jouer des tournois de haut niveau, nous devons beaucoup voyager en Asie, aux Etats-Unis ou en Europe."

Jef Vandorpe, la révélationbelge

Quelques Belges ont déjà eu la chance de briller au tournoi des "Petits As" par le passé. En 1995, Olivier Rochus s'est imposé à Tarbes alors que Justine Henin, elle, fut finaliste. Deux années plus tard, c'était au tour de Kim Clijsters de soulever le trophée octroyé au vainqueur.

Justine Henin en 1995.

Justine Henin en 1995.

Kim Clijsters en 1997.

Kim Clijsters en 1997.

21 ans après le dernier sacre belge, la Brabançonne a de nouveau retenti à Tarbes en ce début d'année 2018. Et c'est dans la catégorie 'tennis en chaise roulante' que les couleurs de la Belgique ont été hissées sur la plus haute marche du podium. Grâce à Jef Vandorpe (16 ans) qui a même réussi la performance de gagner le tournoi sans perdre un seul set.

Un résultat qui lui a d'ailleurs valu d'être élu Talent de l'année par le comité paralympique belge qui pourra peut-être miser sur lui à Tokyo, en 2020.

Le garçon originaire de Saint-Nicolas espère désormais suivre les traces d'un certain Joachim Gérard qu'il admire et cotoie.

"C'est très satisfaisant de voir que le travail réalisé à l'entraînement porte ses fruits. Gagner un tel tournoi, c'est juste extraordinaire!"

Doté d'une personnalité très humble et posée pour son âge, Jef Vandorpe osait à peine croire ce qui venait de lui arriver. Et c'est sous les yeux de sa petite amie, une participante néerlandaise jouant également au tennis en chaise roulante, qu'il a eu le bonheur d'accrocher l'un des succès les plus significatifs en vue d'une future carrière professionnelle.

Parole de président

Cette année, le tournoi des "Petits As" a eu le privilège d'accueillir pour la première fois le nouveau président de la Fédération française de tennis, Bernard Giudicelli. Le Corse de 59 ans avait même emmené le trophée de la Coupe Davis, remporté par la France face à la Belgique il y a quelques mois, dans ses bagages à Tarbes. Et celui-ci a eu son petit effet car la file est très vite apparue devant le podium installé afin que chaque personne à son tour puisse se faire photographier à côté du célèbre Saladier d'Argent.

"C'est un symbole fort pour les gens. Cela fait aussi partie du patrimoine sportif français. Et même s'il fut conçu à la base pour servir du punch, il faut bien reconnaître qu'il est magnifique. Plusieurs jeunes m'ont déjà dit qu'ils rêveraient de soulever le trophée un jour..."

"Dans l'esprit des jeunes, ce tournoi signifie beaucoup car la plupart des champions actuels sont passés par ici"
Jean-René Lisnard (ex-joueur pro)