En stage intensif avec les Hurlus, pour rêver des Playoffs 1

"Nous ne sommes qu'à trois points des PO1!" La phrase est signée Mircea Rednic avant de décoller de Zaventem. "Vous vous souvenez de notre situation de l'an dernier ? Nous avions quatre points de retard sur Westerlo, alors avant-dernier..."

C'est dire si les Mouscronnois sont partis le cœur léger vers l'Espagne, pour un stage intensif d'une semaine que nous avons pu suivre en immersion.

L'ambiance de travail est plus détendue que l'an dernier, mais aussi très studieuse. Les Mouscronnois adhèrent aux propos de leur entraîneur roumain. Les Hurlus veulent accrocher les PO1."Il nous reste neuf finales", appuie Dimitri Mohamed à l'aube d'un stage que nous allons vous faire vivre comme si vous y étiez.

A 4h45 du mat à l'aéroport, avec... Renaud Emond

Le réveil est abrupt. Les joueurs de l'Excel, qui avaient dormi dans un hôtel de la région bruxelloise, sont à... 4h45, samedi matin, dans le hall d'accueil du Brussels Airport.

L'avion de la SN Brussels Airlines décolle à l'heure prévue et est particulièrement vide. L'équipe de Mouscron est accompagnée de quelques couples de pensionnés partis vivre la fin de l'hiver dans leur seconde résidence... Renaud Emond, l'attaquant du Standard, a pris le même vol que les Hurlus. Tout jeune papa, il avait reçu le droit de rejoindre les Liégeois avec un jour de retard.

Encore fatigués de leur courte nuit, les Mouscronnois profitent des trois heures de vol pour se plonger dans une seconde nuit. Les Hurlus sont accueillis à Malaga par une météo typiquement... belge: il pleut!

Le temps de récupérer leurs bagages, ils filent prendre le bus qui va les amener à leur hôtel, situé sur la côte andalouse. Près de 2h30 de trajet encore. Sans halte. Comme dans l'avion, les joueurs se reposent. On pourrait entendre les mouches voler…

Dans les pas d'Iniesta

Il est près de 13h lorsque les Hurlus arrivent à l'Iberostar Royal Andalus, un complexe hôtelier quatre étoiles situé le long de la superbe plage de Barrosa à Chiclana de la Frontera, à quelques kilomètres de Cadix. Si ce sont surtout des golfeurs qui remplissent l'hôtel, le site a déjà accueilli plusieurs formations footballistiques comme Schalke 04 et surtout l'équipe nationale d'Espagne, la Roja.

Les Mouscronnois dorment dans des chambres en duo. Elles ont été composées selon les affinités entre joueurs. Une des chambres est dédiée aux kinés. "Cela nous change des autres années", constate Dimitri Mohamed, l'un des capitaines mouscronnois. "A San Roque, nous avions des petits bungalows. Ici, ce sont des chambres dans un vaste complexe. Les deux endroits sont bien. Nous sommes de toute façon là pour travailler."

Pour les repas, les Mouscronnois ont accès aux mêmes buffets que les touristes. Mais ils ont droit à une petite salle annexe pour ne pas être trop dérangés par les aficionados de sport qui leur poseraient des questions.

Comme il se doit, les Mouscronnois ont posé devant l'Hôtel pour la postérité. La photo des Hurlus trônera à côté de celle de la Roja. Plus tard dans la semaine, Jérémy Huyghebaert nous fera visiter sa chambre:

"Les deux premiers jours, on a dégusté"

Hormis le premier jour, les Hurlus ont deux séances d'entraînement quotidiennes. Le réveil se fait à 8h, chaque matin. À 8h30, tout le monde se donnait rendez-vous pour un petit-déjeuner copieux. Au menu de beaucoup de joueurs, on retrouvait des fruits et des céréales. Le temps que le corps digère ce repas hyper important de la journée et que certains passent par la salle des kinés pour des soins ou la pose de tapes, il était déjà 10h15.

Les navettes conduisent alors les joueurs près des deux terrains d'entraînement proposés par le club de football local. "Des galettes !", se réjouissent les joueurs. Un photographe de Belga, venu le premier jour, peut comparer avec les terrains d'entraînement de Bruges. "Ils sont bien meilleurs ici", constate Bruno Fahy.

À 10h30 débute la séance matinale. Elle est particulièrement intense. "Les deux premiers jours, on a vraiment dégusté", sourit Noam Debaisieux, l'un des jeunes qui a pu accompagner le groupe lors de ce stage.

Le retour à l'hôtel se fait vers 12h30. Une heure plus tard, les Hurlus reprennent des forces au buffet. Mais hors de question de manger n'importe quoi. Le staff scrute discrètement du coin de l'œil les assiettes qui défilent devant eux. Certains joueurs ont droit à des remontrances... Et après le dîner, siesta!

À 16h15, nouveau départ vers les terrains d'entraînement. L'après-midi, les séances sont plus tournées vers le jeu et les ballons. Elles sont moins longues aussi. Une heure.

À 17h30, les Mouscronnois rentrent à l'hôtel, soupent à 19h30 et se retrouvaient ensuite dans une chambre pour discuter, jouer à la PlayStation. Certains se rendent une dernière fois dans la salle des kinés pour des soins divers. À 23h, extinction des feux. "On n'a pas besoin d'être bercé", rigole Noam Debaisieux.

4.200 kilomètres seul en camionnette

Parmi les accompagnants, Dolores Mulliez et Romain D'Hooghe sont très importants pour le groupe. La première gère les équipements. Le second est le chauffeur attitré de l'Excel Mouscron. Non pas du car des joueurs mais bien du matériel. Avec sa camionnette flambant neuve, c'est lui qui a amené tout le matériel nécessaire pour que le stage se déroule dans les meilleures conditions. La liste est longue:

3 jeux de dix vareuses de différentes couleurs
30 ballons
2 valises GPS et chasubles
1 manne pour le matériel des coachs
1 une manne pour le matériel des kinés
2 grands sacs pour les kinés
2 mannes de matériel pour un match
3 trois hypervalises avec du matériel pour d'éventuels nouveaux joueurs
3 mannes pour le matériel des joueurs
10 piquets et des haies
3 tapis en mousse
1 balance

Dolores et Romain ont toujours le sourire quand il s'agit d'aider l'Excel !

Dolores et Romain ont toujours le sourire quand il s'agit d'aider l'Excel !

Romain, qui a tout de même 75 ans, a parcouru seul, tant à l'aller qu'au retour, les 2.100 km qui séparent Mouscron et Chiclana de la Frontera. Un bénévole comme lui, Mouscron n'en a pas deux. Romain, c'est le petit chouchou du groupe. Un homme au grand cœur, toujours souriant. C'est lui aussi qui assure les navettes entre l'hôtel et les terrains d'entraînement.

Dolores Mulliez prend le relais de Romain à l'hôtel. C'est elle qui gère le stock dans une salle de l'hôtel. Les joueurs n'ont qu'à se servir. Tous leurs équipements sont prêts. Jamais ils n'ont dû attendre pour avoir un jeu d'entraînement propre. Ce qui demande une sacrée logistique. "Après chaque entraînement, je fais trois machines", raconte Dolores. "Heureusement, les machines à laver de l'hôtel sont particulièrement grandes et le personnel me laisse libre accès."

"Le sable mou, c'est idéal"

Mircea Rednic a convoqué 21 joueurs pour ce stage à Cadix. Le seul blessé qui a pu accompagner le groupe en Espagne, c'est Selim Amallah. L'une des révélations du bon début de saison des Hurlus se remet d'une sérieuse entorse de la cheville.Mais s'il a pu se rendre en Espagne, c'est parce que la gravité de sa blessure ne nécessitait pas de soins via des machines spécialisées.

Les conditions de travail étaient idéales pour lui. Tout d'abord, il y a, comme pour l'ensemble du groupe, une météo nettement plus agréable qu'en Belgique. Et puis, avec la plage toute proche, il pouvait réaliser certains exercices tout en n'endommageant pas sa cheville douloureuse. "Il y a deux types de sable et c'est l'idéal. Le sable dur est assez meuble mais aussi mou, donc pas trop traumatisant pour les articulations. Le sable plus mou est bon pour le travail de la réactivité de la cheville", expliquait Maxime Degouys.

Le travail des kinés ne s'est pas limité à l'accompagnement et la réathlétisation de Selim Amallah. Tous les matins, débuts d'après-midi et soirées, les deux comparses étaient disponibles pour dispenser des soins habituels au groupe. "Nous n'avons pas eu de blessés durant ce stage", confiait Maxime Degouys. "Nous avons surtout fait de la prévention."
Sur la table de kiné, on parle du mercato, mais aussi de tout et de rien...

"Ma femme a un peu de mal à vivre l'éloignement"

Pendant une semaine, les Mouscronnois n'ont dû se concentrer que sur leur football. Si cette mise au vert est bonne pour le jeu, elle est plus difficile à vivre au niveau de l'éloignement des siens. L'épouse de Dimitri Mohamed, par exemple, attend son second enfant. Régulièrement, les deux amoureux s'appellent. "Grâce aux réseaux sociaux, l'éloignement est plus facile à vivre", raconte-t-il. "Il y a toute sorte d'applications qui permettent de mieux gérer ça."

Jérémy Huyghebaert sourit à côté de Dimitri Mohamed. Il est jeune marié. "On s'appelle dès qu'on peut .Depuis que nous sommes mariés, c'est la première fois que je m'éloigne aussi longtemps. Elle a un peu du mal à vivre cette période."

Du travail mais aussi de l'amusement

Si cette semaine était dédiée au travail, le staff savait qu'il fallait aussi ajouter une touche ludique pour ne pas fatiguer tant physiquement que mentalement les joueurs.

Alors, le jeudi matin, ils ont proposé une séance sur la plage. Après trente minutes de course, les joueurs ont été répartis en cinq groupes. Un grand concours leur était lancé. Ils ont dû se départager sur sept épreuves. La première équipe remportait des massages au Spa de l'Hôtel. Les perdants devaient chanter devant tout le groupe.

Parmi les épreuves, on retrouvait un concours de lancer d'œufs, une chasse aux trésors par équipe de deux, une autre avec les yeux bandés, des courses ou encore un concours de construction de château de sable. Les joueurs s'en sont donnés à cœur joie. "J'ai donné ma vie pour ne pas perdre", rigolait Logan Bailly, l'un des gros chambreurs du groupe. "Ce qui est bien, c'est qu'en plus de l'amusement, il y a un réel effort physique", souligne Laurent Demol, l'adjoint de Mircea Rednic qui a imaginé les épreuves avec ses comparses du staff technique.

C'est l'équipe des Bleus qui s'est montrée la plus régulière. Bruno Godeau, Taiwo Awoniyi, Jean Butez et Noam Debaisieux ont pu se relaxer au Spa. Les Verts, par contre, ont dû pousser la chansonnette.

Olivier Werner, Benjamin Van Durmen, Omar Govea et Fabrice Olinga se sont difficilement exécutés le dernier soir lors du restaurant offert par l'Excel Mouscron à ses joueurs.