Xavier Malisse 

"Jamais vécu avec des regrets ! "

« X-man is back ! »

C’est le cri du coeur émis par un fan quand, au prix d’un enième ace gagnant, frappé pleine ligne, Xavier Malisse, il y a peu, dans les superbes installations du David Lloyd, inscrive son nom comme premier lauréat de la manche belge de l’ATP Champions Tour.

La main est donc toujours là, les jambes aussi et la passion plus aiguisée que jamais. Pas mal pour un presque quadragénaire qui a tiré sa révérence au monde du tennis professionnel en 2013.

"Pour être honnête, je ne joue presque jamais au tennis pendant l’année. A 8 ou 9 jours d’un tournoi sur le ChampionsTour ou d’une exhibition, je reprends ma raquette. Mais même si je ne joue pas durant des mois, le geste revient très vite."

Une vérité que ne démentiront pas Olivier Rochus, Thomas Muster et Mark Philipoussis, trois autres « retraités » victimes, lors de ce tournoi, du tennis toujours efficace du Courtraisien.

Plus de cinq ans après son départ à la retraite, il est vrai que ce dernier affiche toujours une silhouette svelte. "Je ne me rends jamais en salle de muscu. Je cours un peu. Sans plus."

« Un manque d’adrénaline »

Amené, par le passé, tout autant par son naturel que ses frasques ou sautes d’humeur ravageuses a occupé une place de choix dans les médias, Xavier Malisse, aujourd’hui, ne défraye plus la chronique.

Soyez honnête, comment s’est déroulé votre passage du soleil à l’ombre ?

« En toute quiétude. En fait, et contrairement à une fausse idée que les gens pouvaient avoir de moi, jamais je n’ai cherché, de manière volontaire, à figurer dans les spotlights. Donc vivre la vie de monsieur tout le monde ne m’a pas posé de véritables problèmes. »

Il doit bien y avoir un petit manque quelque part ?

« Oui, au niveau de l’adrénaline. Comme joueur, elle est là comme une seconde nature. Quasiment omniprésente. C’est une sorte d’essence que vous mettez au quotidien dans votre moteur. Donc forcément, quand vous devenez plus spectateur qu’acteur, cette adrénaline s’évapore et il devient difficile de l’entretenir. Et ce, peu importe quelle est la nature du nouveau job qui vous occupe. »

Vous arrive-t-il, certains matins, de vous dire que vous risquez de vous ennuyer ?

« Oui. Et je ne le dissimule pas. A 37 ans, c’est sûr que j’ai besoin de faire quelque chose. C’est pourquoi j’apprécie de participer à ce Champions Tour et à me montrer dans des exhibitions. D’autant que dans ce type de compétition j’ai l’occasion, aussi, de retrouver des personnes qui ont fait partie de mon univers pendant quinze et plus. Mais il me faut autre chose dans la vie, c’est évident. Je ne m’inquiète pas, j’ai le temps, je reste calme, je vais finir par trouver une nouvelle voie... »

« J’aimerais coacher un attaquant » 

Cette voie pourrait être le coaching ?

« J’y ai touché. Avec Niels Desein, puis avec Ruben Bemelmans. Mais j’étais trop jeune. En fait je jouais avec eux des sets, plus que je ne coachais. Je n’avais pas encore pu faire dans ma tête ce clic qui permet de quitter le statut de joueur pour celui d’entraîneur. »

Vous pensez pouvoir faire un bon coach ?

« Pourquoi pas ? J’ai l’expérience du jeu, du milieu, de comment se préparer pour un match. Mais soyons réalistes : au bout du compte, sur le terrain, c’est toujours le joueur qui doit le faire. Le coach peut être utile pour un ou deux trucs à donner quand le match ne tourne pas bien, mais tout le reste est propriété du joueur... »

Quel serait le profil type du joueur que vous aimeriez coacher ?

« Plutôt un attaquant, car un joueur qui reste en fond de court, pour l’améliorer, c’est surtout le physique qui prime. Ce type de joueur-là a donc plus besoin d’un préparateur physique que d’un coach technique. Par contre, coacher un véritable attaquant, çà c’est bien plus attractif. Du moins à mes yeux... »

Quand vous regardez votre carrière dans le rétro, avez-vous des regrets ?

« On en a toujours et tous on en a. Mais je n’ai jamais vécu avec les regrets, alors je ne vais pas commencer. Je suis comme je suis. C’est évident que lorsque j’avais 18 ou 19 ans, j’ai eu certaines décisions ou réactions où je suis sans doute allé trop loin. Mais c’était ainsi. De toute manière, vivre avec des regrets ce n’est pas mon genre. »

Par contre, vivre avec de bons souvenirs, cela vous va mieux. Quels sont-ils ?

« Sportivement, il y en a deux qui s’imposent : ma place en demi-finale à Wimbledon et ma victoire, en double, à Roland-Garros. Ce succès là, pour Olivier Rochus et moi, qui nous nous connaissions depuis tant et tant d’années, ce fut un très grand moment d’émotion. Mais dans mes bons souvenirs figurent aussi des défaites. Face à Sampras et Agassi, par exemple. J’avais perdu, mais quelle magnifique expérience ce fut ! »

Vous continuez à vous intéresser au tennis ?

« Pas trop, non. Je regarde par exemple très peu de matches, car je crois en avoir vu assez dans ma vie. Mais je vais par exemple me rendre à Wimbledon plusieurs jours pour retrouver des amis du passé et parler de nos carrières respectives. »

Est-ce qu’à 37 ans Xavier Malisse est devenu plus sage ?

« Le seul endroit où je ne l’ai pas toujours été c’est le terrain. Pour le reste, j’ai toujours été quelqu’un de calme, de relax, qui appréciait la vie qu’il menait. »

Et celle qu’il mène aujourd’hui ?

« Elle est pas mal. Sans doute mieux que pour nombre de personnes. Il me reste simplement à trouver quelque chose de sympa dans lequel m’investir. Bref, que mon futur métier éveille en moi la même passion quecelle que j’ai nourri pour le tennis professionnel. »

Vous vous voyez un jour capitaine de Coupe Davis ?

« Pas vraiment. Et certainement pas dans l’immédiat. Et puis, entre la fédé et moi, cela n’a jamais été le grand amour. En fait, on n’a jamais eu les mêmes idées ! »

Vous avez attrapé le virus du golf, comme nombre d’ex-joueurs ?

« Exact. Je joue souvent aux Etats-Unis, mais pas question, comme les frères Rochus, que j’essaye de devenir pro et de donner des cours. Moi je joue uniquement pour me faire plaisir... »

Xavier Malisse, qui es-tu ?

Né : le 19juillet 1980 à Courtrai

Taille : 1m85

Prise de raquette :droitier, revers à deux mains

Gains en tournois : 5,694,825 $

Palmarès :

Tournois ATP :

Vainqueur en simple à :

Delray Beach (2005et 2007) et Chennai (2007)

Finaliste à :

Mexico (1998), Delray Beach (1999, 2001, 2006), Atlanta (2001), Sanken Pollen(2004), Lyon (2004), Adelaïde (2006), Chennai (2011)

Vainqueur en double à :

Roland-Garros (2004), Chennai (2007), Delray Beach (2007), Indian Wells (2011), Los Angeles (2011 et 2012), San José (2012 et 2013)

TournoisChallengers :

4 titres et 3x finaliste

Meilleurs résultats en simple en Grand Chelem :

Open d’Australie : 16e de finale

Roland-Garros : 8e de finale

Wimbledon : demi-finale

US Open : 8e de finale

Meilleurs résultats en double en Grand Chelem :

Open d’Australie : 16e de finale

Roland-Garros : vainqueur (avec Olivier Rochus)

Wimbledon : 8e de finale

US Open : 8e de finale

Meilleur classement ATP en simple : 19e en 2002

Meilleur classement ATP en double : 25e en 2011