Ces Diables
jamais capés

Teunckens, le dernier en date

Le 21 mai 2019, Hendrik Van Crombrugge entrait dans l'histoire des Diables rouges. Le gardien devenait le premier footballeur de l'AS Eupen à connaître les joies d'une sélection en équipe nationale belge. Mais comme tout gardien belge qui ne se nomme pas Courtois ou Mignolet, l'actuel anderlechtois sait qu'il devra bénéficier d'un énorme concours de circonstances pour ajouter une "cape" à ses sélections.

Depuis, l'un de ses forfaits de dernière minute a même permis à un autre petit nouveau d'intégrer le noyau des Diables puisque Jens Teunckens, gardien de l'Antwerp, l'avait suppléé en octobre dernier. Comme Van Crombrugge, Casteels et Sels, le deuxième gardien de l'Antwerp n'a pas eu la même chance que Cobbaut (monté au jeu contre Chypre en novembre), Verschaeren (qui a joué contre l'Ecosse, Saint-Marin et Chypre depuis sa première sélection en septembre) ou Raman (monté au jeu quelques secondes contre l'Ecosse, en septembre également).

En novembre, Cobbaut était le 757e joueur à être sélectionné chez les Diables. Seuls 691 ont porté, une fois minimum, le maillot en match officiel. Ils sont légion ceux qui se sont contentés d'entraînements, de matches depuis le banc, sans jamais avoir les honneurs de quelques minutes sur le terrain...

Nous vous proposons les témoignages de cinq des 66 Diables qui n'ont porté la vareuse diabolique, au mieux, que sur le banc de touche. Dante Brogno, Didier Quain, Serge Kimoni, Patrick Gorez et Jacky Duquesne se souviennent de ce jour où ils ont frôlé les honneurs de la vareuse nationale.

Dante Brogno

1 sélection

11 octobre 1997
Belgique - pays de Galles 3-2

“Ne fût-ce qu’une cape aurait fait plaisir à mes parents…"

L’attaquant mythique du Mambourg n’a eu
qu’un flirt furtif sur le banc avec les Diables.

Tantôt pour adresser l’assist décisif, tantôt pour glisser lui-même le cuir au fond des filets, Dante Brogno était passé maître dans l’art du crochet ravageur pour mettre ses adversaires dans le vent.


Une virtuosité balle au pied et un sens aigu du collectif qui avaient notamment permis au Sporting de Charleroi de finir la compétition 93-94 au pied du podium, derrière Anderlecht, le FC Bruges et Seraing, mais qui avait aussi retenu l’attention de Paul Van Himst, dans l’optique du Mondial aux Etats-Unis. A telle enseigne que le 11 octobre 1997, Dante se retrouva sur le banc des Diables, à l’occasion d’un match de qualification face au pays de Galles.

Un quart de siècle après, Dante n’en garde plus que quelques souvenirs fugaces : "Je figurais dans une liste de vingt-huit présélectionnés et je me rappelle à ce propos d’avoir été convié à un stage de trois semaines. Je suis finalement resté à la maison. C’est Josip Weber qui monta dans l’avion à ma place..."

Un rêve américain sans lendemain que le Carolo évoque encore aujourd’hui sans la moindre once d’amertume : "J’étais au pic de ma forme avec les Zèbres et cette perspective de participer au plus grand événement sportif de la planète m’avait bien sûr effleuré l’esprit mais sans que je n’en fasse une obsession. J’étais parfaitement conscient qu’en n’émargeant pas à un des trois grands clubs du pays à l’époque, mes chances étaient réduites. Les Anderlechtois qui s’illustraient encore sur la scène européenne et les Brugeois avec les Van Der Elst, Degryse, Staelens et autres Borkelmans fournissaient d’ailleurs le plus gros du contingent des Diables…"

Un quart de siècle après, Brogno persiste et signe. "Très sincèrement, avec le recul, une titularisation avec les Diables n’aurait pas bouleversé ma vie mais elle aurait fait plaisir à mes parents. Je ne suis vraiment pas du genre à vivre avec le passé. Dernièrement, ma fille a remis la main sur un DVD me concernant. J’ai revu des buts dont je ne me souvenais plus du tout. Avec l’âge, la fiabilité de notre disque dur en prend un coup (rires)…"

Quelques années plus tard, l'actuel entraîneur des Francs Borains aura encore la possibilité d’inscrire une cape sur son CV. Il raconte : "J’arrivais en fin de carrière et cette saison-là, les Diables avaient été invités à disputer quelques matches amicaux en juin, sur invitation de la Corée du Sud. Georges Leekens m’avait demandé si j’étais partant mais après m’être renseigné auprès de ma commune, mon passeport n’était plus en cours de validité. N’ayant plus le temps de rectifier le tir, j’ai décliné. Après avoir pris connaissance de tous les désistements, j’ai compris que je n’étais qu’un bouche-trou aux yeux de Long Couteau."

Se bonifiant avec le temps comme le bon vin, Dante Brogno eut même l’opportunité d’achever sa carrière à Anderlecht : "Je venais d’avoir 33 ans. Michel Verschueren me proposait deux ans de contrat et un rôle de joker. Le hic, il me restait deux ans de contrat à Charleroi. J’ai eu beau plaider ma cause en mettant en avant mes bons et loyaux services durant près de trois lustres au Mambourg, j’ai essuyé un refus catégorique de la part de Jean-Pol Spaute et de Gaston Colson."

Didier Quain

1 sélection

09 septembre 1987
Pays-Bas - Belgique 0-0

"Heureusement qu'il y avait des bières dans le car après le match..."

Pour Didier Quain, c'est certain : s'il avait signé au Standard plutôt qu'à Liège, il aurait sans doute joué un match avec les Diables.

C'était la (dernière) grande époque du FC Liégeois. Celle où le matricule 4, quintuple champion de Belgique avant le XXe siècle (1896, 1898, 1899) et après la Deuxième Guerre mondiale (1952, 1953), était craint. Celle où les Sang & Marine voguaient au sommet du football belge. Celle qui se clôtura par une victoire en Coupe de Belgique (1990) et de hauts faits d'armes en Coupes d'Europe, contre la Juventus, Benfica...

Les supporters liégeois nostalgiques se souviennent de ces héros-là, menés de main de maître par Robert Waseige. À l'énumération de leurs noms, ils en frissonnent encore : Drouguet, Stojic, De Sart, Giusto, Quaranta, Quain, Wégria, Thans, Houben, Waseige Jr, Boffin, Ernès, Malbasa, Varga, etc.

Fier membre de cette belle génération, le Tournaisien Didier Quain, qui s'était révélé en D1 sous le maillot de Courtrai, avait préféré le projet liégeois à celui du Standard, et fut très vite adopté par les fans liégeois. Le barbu de Rocourt savait, il est vrai, mouiller le maillot, et il passa huit belles saisons au Great Old (1986-1994). Au point de séduire Guy Thys, qui l'intégra dans sa sélection pour un match amical contre les Pays-Bas, en début de saison 1987/1988, au sein d'une équipe belge encore sur un nuage après sa demi-finale mexicaine du Mondial 1986... mais qui allait manquer le rendez-vous de l'Euro 88.

"Je l'avoue, le match ne m'a pas marqué. Je ne me souviens que d'une chose : j'étais très déçu de ne pas monter au jeu... A l'époque, j'étais déjà fier d'être membre de l'équipe olympique, et j'avais réalisé une belle première saison à Rocourt. C'est sans doute pourquoi Guy Thys m'avait appelé. Et il y avait du beau monde sur la pelouse avec Pfaff, Ceulemans, Claesen, Clijsters, Grün, Gerets, Degryse... Mais aussi sur le banc avec Erwin Vandenbergh, Philippe Desmet ou Michel Renquin notamment. Mais j'ai ensuite déchanté : je ne suis pas monté sur la pelouse et, pire, deux semaines plus tard, avec l'équipe olympique lors d'un match à Waregem, j'avais aussi dû prendre place sur le banc alors que j'étais d'habitude titulaire. Le coach m'expliqua qu'il préférait alors lancer des joueurs de Waregem, qui jouaient à domicile. Je ne comprenais plus rien : je venais d'être appelé chez les A, et je ne jouais même plus avec les olympiques..."

Didier Quain ne se doutait pas que cette expérience diabolique n'aurait pas de suite.

"Je n'ai plus été appelé cette saison-là et, ensuite, je me suis blessé aux ligaments croisés... Mais c'était compliqué à l'époque pour un joueur d'un petit club de faire son trou en équipe nationale. Guy Thys avait ses chouchous, et il privilégiait les grosses écuries. Il m'a manqué l'étiquette d'un grand club. J'en suis persuadé, si j'avais choisi le Standard, j'aurais eu ma chance en équipe nationale. Quand j'ai quitté Courtrai, j'étais à deux doigts de signer à Sclessin. Le club était d'accord de payer les 6 millions FB de ma clause de départ au cercle flandrien, mais j'ai d'abord été un peu trop gourmand au niveau salaire, ce qui a refroidi Willy Gillard. Puis Liège est arrivé, et j'ai signé. Le Standard est ensuite revenu, mais trop tard. A part pour l'équipe nationale, je n'ai pas regretté mon choix car à l'époque, nous avions une meilleure équipe à Liège. Et j'ai montré la voie puisqu'après moi, de nombreux Sang & Marine sont devenus internationaux : Jean-François de Sart, Danny Boffin et Jean-Marie Houben m'ont suivi."

Si ce derby des plat pays 1987 au Kuip de Rotterdam n'a pas laissé de grands souvenirs (0-0 avec, pourtant, un penalty de van Basten arrêté par Pfaff, auteur d'un grand match) à l'ancien médian liégeois (c'est Franky van der Elst qui lui fut préféré lors de ce Pays Bas - Belgique, et c'est ensuite Lorenzo Staelens qui eut la préséance), le court voyage du retour lui fut par contre plus agréable...

"A ma grande joie, et surprise, il y avait des bacs de bière entre les sièges du car, et c'est Ceulemans, en bon capitaine, qui se chargeait de décapsuler et de distribuer les bouteilles. J'avais l'impression de vivre un voyage avec mes potes du FC Liégeois..."

Car on savait faire la fête, à Rocourt. Surtout quand le Great Old gagna la Coupe de Belgique en 1990, ou après ses exploits européens, qui précédèrent les difficultés financières, et la fin de la belle aventure du matricule 4. Didier Quain termina son parcours professionnel au FC Seraing, où il connut aussi de beaux moments. Et il resta ensuite attaché à la province de Liège : il occupa différents rôles dans quelques clubs de la région, et est aujourd'hui l'entraîneur du RFC Hannut, en P2. Et il n'en veut visiblement pas à l'Union belge pour ce rendez-vous manqué de 1987, puisqu'il est aussi scout pour la fédération, à la recherche des jeunes internationaux, et, donc, des futurs Diables...

Serge Kimoni

1 sélection

11 novembre 1987
Belgique - Luxembourg 3 - 0

"Une seule sélection ? Cela reste une énigme..."

Serge Kimoni aurait aimé une carrière de Diable comme son frère, Daniel...

"Vous voulez me faire mal ?" Le regard pétille. Le rire dégringole, joyeux, communicatif. En un éclat, il a gommé trente ans de vie. Serge Kimoni, l'aîné d'une fratrie de trois footballeurs, n'a pas changé. Ce Sérésien dans l'âme, qui a trouvé son bonheur au Club Bruges, a suivi toute la filière des équipes d'âge, des juniors aux espoirs en transitant par les équipes olympique et militaire. A son grand regret, il ne s'est pourtant assis qu'une seule fois sur le banc de l'équipe nationale A. Il n'en a conçu aucune aigreur même si la déception de n'avoir pas pu prolonger l'aventure le titille encore de temps à autre.

"Je disputais ma deuxième saison avec le Club Bruges. Je jouais de bons matches. J'avais séduit Guy Thys, le sélectionneur fédéral. Il m'avait retenu pour un match qualificatif contre le Luxembourg. C'était un événement dans ma carrière. J'étais aux anges, hyper motivé tout au long de la préparation. J'avais des fourmis dans les jambes. Quand, avec les espoirs, on faisait des oppositions avec Ceulemans, Vercauteren, Scifo ou Degryse, je voulais absolument me montrer".

La Belgique s'imposa aisément. Ceulemans, Degryse et Creve signèrent les trois buts de son succès. La faiblesse de l'adversaire avait incité Guy Thys à offrir à Plovie, Dekenne, Creve et De Mesmaeker leur première titularisation. Kimoni n'eut pas cette chance. "Je m'étais attendu à monter au jeu. Je croisais les doigts pour jouir de ce privilège, d'autant que Grün ne livrait pas une bonne prestation. Hélas, le coach a préféré lancer Creve à la place que j'occupais à Bruges. Je suis rentré au vestiaire terriblement déçu. Puis, je me suis dis que je devais travailler davantage encore".

Serge Kimoni se souvient d'avoir été bien accueilli par les cadres de la sélection : "Les Brugeois retenus avaient facilité mon intégration. Les anciens étaient les tauliers. La hiérarchie était bien établie". Le Sérésien ne fut plus repris par la suite. "J'en ignore la raison. Cela restera toujours pour moi une énigme. J'y pense encore aujourd'hui. Si j'avais joué, ne serait-ce que cinq minutes, ma carrière aurait peut-être pris une autre dimension car le grand public m'aurait vu à l'oeuvre. Et puis... j'aurais au moins pu me vanter d'avoir enfilé une cape. Cette aventure demeure un bon souvenir, atténué par un petit manque : pourquoi n'ai-je plus été appelé ? Je n'ai gardé aucun souvenir matériel de cette sélection. J'ai tout distribué aux supporters. Je n'ai conservé qu'un maillot du Club Bruges. Je l'ai fait encadrer."

Daniel, son frère, défenseur à Genk, a évolué à trois reprises avec les Diables : "Je ne suis ni jaloux, ni aigri. Je ne regarde jamais dans l'assiette du voisin. J'étais heureux pour lui : Daniel était tout de même mon petit frère".
Serge Kimoni l'avoue : il n'a pas mené une carrière linéaire. Elle a été truffée de zigzags. "Mais j'ai toujours rebondi après un creux. Je n'ai jamais triché. Hélas, mes prestations manquaient de constance. Elles baissaient nettement en qualité en hiver"...

Le Sérésien avoue aussi avoir été victime d'une réputation erronée : "On a déploré mon indiscipline. Je conteste ce reproche. Je n'étais indiscipliné que pour les heures de rendez-vous. Pour le reste, je ne buvais pas, je ne fumais pas et j'aimais m'entraîner. Physiquement, je figurais toujours parmi les meilleurs."
Si Serge Kimoni appréciait Henk Houwaart, un de ses entraîneurs à Bruges, il n'est l'ami ni de Georges Leekens, ni de Georges Heylens : "J'étais en froid avec le premier cité. Quant au second, il m'a versé dans le noyau B quand je suis revenu à Seraing."

Si ce Belgique - Luxembourg ne l'émeut plus vraiment, Serge Kimoni ne peut plus regarder le Monaco - Bruges de Coupe d'Europe : "On a perdu 6-1. Au stade Louis II, face à Fofana, j'ai vraiment vécu l'enfer sur une mauvaise pelouse. Dans ce match-là, je suis vraiment passé au travers. Quand je revois Alain Bettagno, on en parle encore..."

  • L'équipe belge en ce 11 novembre 1987
    Preud'homme; Grun, Plovie (46e Dekenne), Clijsters, Beyens (71e Creve), Mommens, De Mesmaeker, Degryse, Van Der Linden, Claesen, Ceulemans (Entr. Guy Thys)

Patrick Gorez

1 sélection

17 avril 1984
Pologne - Belgique 0-1

“Guy Thys n’était pas
du genre à innover"

La polyvalence du Louviérois fut un atout en championnat mais constitua un frein chez les Diables.

Cette polyvalence aura permis à Patrick Gorez (64 ans en juillet prochain) de connaître toutes les sensations du footballeur au cours d’une carrière longue de près de deux décennies, accomplie elle aussi sous toutes les latitudes. D’ouest (La Louvière, Charleroi) en est (Seraing) et du nord (Beveren) au sud (Namur) en passant par le centre du pays (RWDM).

Pour l’anecdote, il fut même à deux doigts de se retrouver un jour entre les perches : "C’était avec la RAAL, alors en D2. A Diest, notre gardien (Hubert Stassin) s’était blessé en début de match et j’étais tout disposé à le remplacer mais comme j’étais à la lutte avec Stanley Leghait (Union) pour le titre de meilleur buteur, notre entraîneur, Léon Semmeling, confia les gants au regretté Robert Mordang. Nous fûmes sèchement battus ce dimanche-là mais promus en D1 quelques mois plus tard…"

Cette faculté d’adaptation l’amena tout naturellement au fil des années à évoluer avec un égal bonheur dans tous les secteurs de jeu. Comme à Seraing au début des années ’80, lorsque Georges Heylens lui confia les clés au poste d’arrière latéral gauche. Une reconversion visiblement réussie puisque Guy Thys songea même à lui pour disputer un match de qualification en Ecosse, dans l’optique du championnat d’Europe des Nations en France.

"Pour mon malheur, j’ai dû déclarer forfait en raison d’une déchirure au quadriceps gauche et c’est mon ancien coéquipier à La Louvière, Michel Wintacq, qui prit ma place !"

Six mois plus tard, à l’occasion d’une rencontre amicale à Varsovie, Patrick fit encore partie des plans du sélectionneur au cigare : "De ce voyage en Pologne où Walter Degreef eut la préférence, j’en ai gardé un souvenir très précis. Avant le match, Jean-Marie Pfaff m’avait carrément pris pour son larbin en me demandant de lui changer ses crampons."

La perspective de participer à l’Euro ’84 disparut quasiment du jour au lendemain, à sa plus grande déception : "Pour être parvenu à museler proprement Tahamata, Lozano et Larsen, pour ne citer qu’eux, j’espérais avoir plus de crédit aux yeux de Guy Thys mais c’est Degreef qui eut l’honneur de se frotter à Platini lors d’une des plus grandes déroutes de l’histoire des Diables."

A l’aune de sa carrière professionnelle, et même encore après, Patrick Gorez enfila pourtant une vareuse tricolore : "J’allais avoir 21 ans et c’était à l’occasion du Tournoi Espoirs de Toulon. Guy Thys était notre coach et parmi mes équipiers, il y avait notamment Vercauteren, Veyt et Munaron."

Autre maillot national porté par Patrick Gorez, celui de l’équipe dite olympique, quand bien même les pros étaient interdits de participer aux JO. "Avec Benoît Thans, Filip Desmet ou encore Marc Degryse, l’entente était parfaite, même en-dehors du terrain, si vous voyez ce que je veux dire."

Aux commandes, c’était encore et toujours Guy Thys : "Pour l’avoir souvent côtoyé, je peux affirmer qu’il n’était pas du genre à innover, sauf en cas de nécessité extrême."

Jacky Duquesne

16 sélections

Premier match
16 avril 1969
Belgique - Mexique 2-0

Dernier match
21 novembre 1971
Portugal - Belgique 1-1

“ Le foot ? De mon temps, un jeu. Aujourd’hui, c’est un vrai métier…"

Bien qu’évoluant en D2, le gardien carolorégien fut de l’expédition au Mondial mexicain de 1970.

Seuls, les sexagénaires s’en souviennent bien. Déjà à la fin des années cinquante, l’Olympic de Charleroi avait pu s’enorgueillir de compter dans ses rangs un gardien dont le talent n’était pas passé inaperçu aux yeux de l’entraîneur des Diables rouges : André Vanderstappen, capé à une dizaine de reprises.

A cette époque, la prospérité économique ensoleillait tout le Pays Noir pendant que le Stade de La Neuville faisait invariablement le trop-plein de spectateurs. Parmi la foule compacte, accompagné de son père, un ado vibrait intensément aux exploits des Dogues, encore bien loin d’imaginer que ses qualités naissantes d’ultime rempart feraient, elles aussi, l’objet d’une reconnaissance fédérale : Jacky Duquesne.

Et pourtant, pas grand-chose ne laissait présager qu’un jour, Jacky intégrerait le giron tricolore. D’autant qu’à l’issue de la saison 62-63, l’Olympic culbute en D2 et son président l’intime de débarrasser le plancher olympien malgré quelques premiers états de service ne souffrant aucune critique : "Tu pars ou tu ne joues plus. La veille de la clôture des transferts, je me suis retrouvé à La Gantoise, comme doublure de l’indéboulonnable Armand Seghers. Pas question d’être titularisé…"

Un exil tout sauf exaltant que Jacky va assumer en train, n’ayant jamais songé à passer son permis. Mais après un an, il est déjà de retour à La Neuville. Enfin prophète en son pays, il succède à Jacques Gérard, parti à l’Union, et multiplie les prestations cinq étoiles sous la houlette du coach anversois, Rik Geertsen. Quand bien même les Dogues, à peine promus, retrouvent aussitôt l’antichambre de l’élite (1968), le brio du gardien carolo ne cesse de séduire Raymond Goethals qui le convie à participer régulièrement aux entraînements des Diables au Heysel. Un plaisir et un honneur pour Jacky que de remonter dans le train et de rejoindre sans retard l’Avenue Houba de Strooper en taxi.

Logique, après la qualif’ obtenue de haute lutte face à l’Espagne, Jean Trappeniers et Christian Piot ont la préséance au moment de s’envoler pour le Mexique. Outre un sombrero et une plaquette commémorative qui trônent en bonne place dans son living, Jacky qui faisait chambrée avec un autre Jacky (Beurlet), a gardé une poignée de souvenirs en mémoire ainsi qu’un sentiment indélébile : "Je me suis bien ennuyé. Nous étions cloîtrés à l’hôtel la plupart du temps. Visiter des ruines ou des temples, ce n’était pas vraiment du goût de la majorité. Pour ma part, j’ai participé à des bribes de matches de préparation avec des clubs locaux. Je me souviens aussi d’avoir été grugé par l’arbitre lors de la rencontre décisive contre le pays organisateur."

En compagnie d’un compatriote et collègue à la balle pelote, André Stassart, Jacky aura encore l’occasion de voyager avec les Diables, en Ecosse, au Danemark ou encore au Portugal, mais sans jamais être titularisé une seule fois.
Aujourd’hui, Jacky garde la forme grâce au vélo. Le foot n’est plus trop sa tasse de thé : "De mon temps, c’était encore un jeu et nous, les gardiens, n’avions pas d’entraîneur spécifique. Aujourd’hui, c’est devenu un métier et il faut savoir jouer au pied."

La liste des sélectionnés
mais pas capés

Le recordman absolu des sélectionnés jamais capés est Koen Casteels. Le gardien de Wolsburg a déjà été appelé 35 fois, depuis le 14 août 2013 et un Belgique – France (0-0) amical. Il était alors resté sur le banc, comme Simon Mignolet, Thibaut Courtois défendant les cages belges. Il profite alors de la longue suspension de Jean-François Gillet, suite à une non-dénonciation présumée dans une affaire de matches truqués en Italie, pour faire son entrée dans le noyau de Marc Wilmots. Depuis, le portier anversois n'a pas encore eu la chance de disputer un match, ne fût-ce qu'amical, confiné dans un rôle de numéro trois derrière l'inamovible Courtois (qui le dribbla aussi à Genk lorsqu'il s'est agi de trouver un n°1 au début de la saison 2010/2011) et le dévoué Simon Mignolet, alors qu'il avait joué dans toutes les équipes de jeunes...

Ce sont d'ailleurs les gardiens de but qui sont le plus souvent confinés au banc des Diables. Comme le Carolo Jacky Duquesne, qui devait vivre dans l'ombre de Jean Trappeniers et puis Christian Piot, et qui, avant Casteels, détenait le record de sélections sans jouer (16). Sels, Renard, Coremans, Bosmans, De Coninck, Moons, Léonard : ils ont tous eu la malchance de tomber sur un indéboulonnable. L'attaquant Ronny Martens et le défenseur Brandon Mechele partagent la tête de liste des joueurs de champ les plus sélectionnés sans jouer (5 matches), mais le Brugeois peut encore espérer porter le maillot des Diables en match. Martens a, lui, vécu l'Euro 80 avec la Belgique, mais n'a pas eu la chance de monter sur la pelouse à une époque, il est vrai, où les remplacements était limités...

  • 35 sélections
    Koen Casteels
  • 23
    Matz Sels
  • 16
    Jacques Duquesne
  • 11
    Olivier Renard
  • 8
    Willy Coremans
  • 7
    Léon Bosmans
    Wim De Coninck
    Jan Moons
  • 5
    Guy Léonard
    Ronny Martens
  • 4
    Joseph Andries
    Maurice Berloo
    Benjamin De Ceulaer
    Mathieu Meyers
    Yves Van Der Straeten
  • 3
    Laurens De Bock
    Richard Gedopt
    Joseph Happart
    Sven Kums
    Gilbert Marmenout
    Landry Mulemo
    Jozef Vanderlinden
  • 2
    Raymond Ausloos
    Joseph Backaert
    Frans Hendrickx
    Thomas Kaminski
    Ritchie Kitoko
    Joachim Mununga
    Jozef Smolders
    Leandro Trossard
    Charles Van Boven
    Julien Van Opdorp
  • 1
    Maurice Baeten
    Félix Balyu
    Joel Bartholomeeussen
    Gaston Boeckstaens
    Walter Bogaerts
    Dante Brogno
    Alexis Chantraine
    Roland Coclet
    Albert Corbeel
    Albert Cornelis
    Hans Cornelis
    Georges De Spae
    Jean Debie
    Thimothy Derijck
    Björn Engels
    Arsène Festraets
    Lucien Ghellynck
    Patrick Gorez
    Robert Granje
    Davy Gysbrechts
    Omer Janssens
    Serge Kimoni
    Louis Lambert
    Maxime Lestienne
    Adolphe Nicolay
    Robert Paelinck
    Didier Quain
    Robert Roosbeek
    Jules Van Den Driesch
    Luc Van Hoyweghen
    Jason Vandelannoite
    Glenn Verbauwhede
    Jens Teunckens