La grande histoire de la Coupe du Monde (4/8)

1986-1990
L'âge d'or des Diables Rouges

1986

Argentine

1986
MEXIQUE > ARGENTINE

MARADONA BRISE NOTRE RÊVE

La folle épopée belge de 86 a pris corps après les fameux barrages passés face aux Pays-Bas.

Au Mexique, le début de parcours fut chaotique. Mais les Diables noircirent les plus belles pages de leur histoire lors de ce mémorable match contre l’URSS, gagné aux prolongations, puis face à l’Espagne (aux tirs au but) avant de voir l’Argentine de Maradona leur barrer la route. Les Diables Rouges n’avaient pas arrêté Dieu…

Le retour des héros (quatrièmes) fut triomphal dans un pays qui avait vibré à l’unisson durant près d’un mois.

Diego Maradona n’a pas gagné la Coupe du Monde 86 tout seul mais presque. Génial, le Pibe de Oro marqua dans toutes les situations, malgré les plans anti-Maradona, et signa en un quart d’heure le plus laid et le plus beau but de l’histoire du tournoi dans un quart de finale de légende contre l’Angleterre. La main de Dieu et son pied gauche divin iront jusqu’en finale où, malgré le marquage étouffant de l’Allemagne, Diego parvient à servir la balle du but vainqueur à son grand ami Jorge Burruchaga (3-2).

> La Main de Dieu de Maradona contre l’Angleterre reste l’un des buts les plus polémiques de l’histoire du Mondial. L’Argentin admit n’avoir pas pu atteindre le ballon de la tête en raison de la grande taille de Shilton. Il commenta cette action en lui donnant son surnom: “Un poco con la cabeza de Maradona, yotro poco con la mano de Dios” (“Un peu par la tête de Maradona, un peu par la main de Dieu”).

> L’organisation de cette Coupe du Monde avait initialement été confiée à la Colombie, qui a dû déclarer forfait pour raisons économiques. L’épreuve fut alors déplacée au Mexique, seize ans après l’édition 1970.

> Ce Mondial fut marqué par la première qualification d’une équipe africaine en huitièmes de finale : le Maroc, qui termina premier de son groupe devant l’Angleterre, la Pologne et le Portugal. La grève des joueurs portugais, pour un problème de primes, suite à leur victoire lors de la première rencontre face à l’Angleterre aida quelque peu les Lions de l’Atlas…

> Lors d’Angleterre-Maroc, Mark Hateley est remplacé par Gary A. Stevens, qui rejoint donc sur le terrain son équipier défenseur et presque homonyme Gary Stevens. Un cauchemar pour les commentateurs…

> Le deuxième tour réunissant 12 équipes réparties en 4 groupes est supprimé: 16 équipes se qualifient désormais pour les huitièmes de finale.

> Les derniers matches de poules doivent pour la première fois se jouer en même temps. Ceci pour éviter la mésaventure de 1982, lorsque l’Autriche et l’Allemagne de l’Ouest s’étaient volontairement neutralisées pour produire le résultat qui leur permettait d’avancer toutes les deux au tour suivant aux dépens de l’Algérie, dont elles connaissaient le résultat.

Tous les résultats de Mexico 86 ici

LA FINALE
29 juin 1986 - Mexico City, Estadio Azteca
Argentine - RFA 3-2

ARGENTINE Pumpido, Brown, Cuciuffo, Ruggeri, Olarticoechea, Giusti, Batista, Maradona, Enrique, Burruchaga (89e Trobbiani), Valdano.

RFA Schumacher, Jakobs, Berthold, K.-H. Förster, Briegel, Matthäus, Brehme, Magath (63e D.Hoeness), Eder, K.H.Rummenigge, K.K.Allofs (46e Völler)

Les buts : 23e Brown (1-0), 56e Valdano (2-0), 74e Rummenige (2-1), 82e Völler (2-2), 88e Burruchaga (3-2).

AUX DIABLES LE MONDIAL

De Rotterdam à Bruxelles, en passant par Mexico, en héros...

Sans Rotterdam, il n’y aurait pas eu Mexico pour les Diables. Belges et Hollandais devaient disputer un barrage pour arracher un billet pour le Mondial. À l’aller, les Belges s’imposèrent par 1-0, grâce à un but de Vercauteren.

Coachés par Guy Thijs, les Diables… blancs pour l’occasion peinèrent lors du retour, en novembre 1985, à Rotterdam. Menant 2-0, les Pays-Bas savouraient déjà leur qualification quand, à cinq minutes de la fin, Georges Grün surgit pour mettre le front sur un centre d’Eric Gerets. Ce but inespéré réduisit le Kuip au silence et envoya les Diables au Mexique, d’où ils revinrent auréolés d’une 4e place aussi inattendue que le heading victorieux de l’arrière anderlechtois.

Au Mexique, les Belges vécurent une véritable épopée. Mauvais pendant le premier tour, minés par des querelles intestines, illustrées par le retour prématuré au bercail d’un Vandereycken boudeur, les Belges passèrent au second tour par le chas de l’aiguille. Mais quelle suite ! La victoire, après prolongations, contre l’URSS restera dans le souvenir des amateurs comme l’un des plus hauts faits d’armes de l’histoire de la Coupe du Monde.

Moins ébouriffante, la qualification aux tirs au but contre l’Espagne démontra cependant tout le talent retrouvé de cette très grande équipe belge.

Maradona, au faîte de sa gloire, brisa l’élan tricolore en demi-finale et les Français remportèrent le match pour la 3e place mais le retour au pays fut triomphal. La Grand-Place, de noir, de rouge et de jaune vêtue, débordait de toutes parts d’une foule euphorique sous les yeux ébahis de dieux du stade qui ne s’attendaient pas à une telle réception.

Même le grand Zean-Marie, transi d’émotion, en perdit très provisoirement son goût pour les facéties.

“Là-bas, on n’avait pas conscience de la portée de notre exploit auprès de la population”, confie Georges Grün. “Ce n’est qu’en voyant cette foule amassée dans les rues tout au long du chemin qui nous a menés de l’aéroport à la Grand-place que j’ai réalisé combien tous les Belges avaient été comblés par nos résultats. Même des amis proches que le football n’intéressait pas vraiment étaient descendus dans la rue, un drapeau à la main, pour me saluer à mon retour. Cette fabuleuse ambiance collective a servi, c’est évident, à entretenir la notoriété de ceux qu’on a baptisés les héros de Mexico.”

> Renquin affichait sa mauvaise humeur; Vandereycken ne cessait de critiquer Scifo et Vercauteren; la turista avait rattrapé tous les joueurs… C’est dans ce contexte que les Diables entamèrent le Mondial. Et après l’Irak, Vandereycken, Vandenbergh (blessé) et Desmet furent écartés, Grün, Broos, Renquin, Vervoort et Veyt intégrés dans l’équipe. Et les Diables filèrent jusqu’en demi-finale...

> Deux Diables ont l’honneur de figurer dans l’équipe-type du tournoi : Pfaff et Ceulemans. Scifo est, lui, considéré comme le meilleur jeune de la compétition.

> Le lundi 30 juin, à 8h, la délégation atterrit, via NewYork, à Bruxelles-National. Plus de 300.000 Belges avaient rallié la capitale pour fêter les Diables.

> Touchés par la misère entrevue, les Diables créèrent la CasaHogar, où des gamins de rue et des orphelins reçoivent depuis lors une éducation de qualité.

LA SÉLECTION BELGE
22 JOUEURS

1. Jean-Marie Pfaff (Bayern Münich-RFA)
2. Eric Gerets (PSV Eindhoven-P-B)
3. Franky Van Der Elst (Club Brugge KV)
4. Michel De Wolf (AA Gent)
5. Michel Renquin (Standard de Liège)
6. Franky Vercauteren (SC Anderlechtois)
7. René Vandereycken (SC Anderlechtois)
8. Enzo Scifo (SC Anderlechtois)
9. Erwin Vandenbergh (SC Anderlechtois)
10. Philippe Desmet (SV Waregem)
11. Jan Ceulemans (Club Brugge KV)
12. Jacky Munaron (SC Anderlechtois)
13. Georges Grün (SC Anderlechtois)
14. Leo Clijsters (Waterschei THOR Genk)
15. Leo Van Der Elst (Club Brugge KV)
16. Nico Claesen (Standard de Liège)
17. Raymond Mommens (SC Lokeren)
18. Dany Veyt (SV Waregem)
19. Hugo Broos (Club Brugge KV)
20. Gilbert Bodart (Standard de Liège)
21. Stéphane Demol (SC Anderlechtois)
22. Patrick Vervoort (Beerschot VAC)
Sélectionneur : Guy Thys.

Jan Ceulemans: "La réputation de Maradona nous a peut-être privés de la finale"

Capitaine éclairé de la première génération dorée de Diables rouges, Jan Ceulemans a longtemps rivalisé avec les meilleurs footballeurs de son temps. Pendant près d'une décennie, il a multiplié les exploits individuels et trusté les distinctions honorifiques, sans jamais se consumer aux feux de la rampe. "En 1980, j'ai même refusé un transfert prestigieux au Milan AC. Je venais juste de remporter le titre national avec le Club Bruges en ayant inscrit 29 buts. J'avais 23 ans. Je voulais évoluer encore un an en Belgique avant de prendre mon envol. J'ai laissé passer l'aubaine de progresser encore au contact des plus grands. C'est l'unique regret que je cultive au terme de ma carrière par ailleurs bien remplie."

Aujourd'hui, Jan Ceulemans a rangé le ballon rond, il a remisé sa livrée d'entraîneur pour mieux courtiser la "petite reine". S'il ne ressasse jamais un passé révolu, ses yeux s'illuminent toujours quand on l'invite à raviser certains souvenirs.

"Pour la majorité des supporters belges d'un certain âge, l'équipe nationale n'a jamais réalisé une performance équivalente à celle qui lui a permis, à Leon, au Mondial mexicain de 1986, de dominer l'URSS au terme des prolongations d'un huitième de finale inoubliable. Dans cette mémorable nuit de la mi-juin, le pays n'a pas dormi. Dès le coup de sifflet final, il s'est répandu dans les rues de toutes les villes pour clamer son bonheur d'avoir applaudi à un authentique exploit des Diables rouges. Personne n'avait imaginé que l'équipe belge pût signer une telle prouesse collective, face à une formation soviétique qui avait écrasé la phase des poules de sa superbe. Nous avions en effet livré un match éblouissant, qui avait allié l'intelligence de jeu au talent. Pourtant, dans ma hiérarchie personnelle, j'ai toujours privilégié l'Euro 1980 en Italie. Parce que j'y disputais mon premier grand tournoi et qu'après avoir partagé l'enjeu avec l'Angleterre et l'Italie et après avoir battu l'Espagne, nous avions échoué de justesse devant l'Allemagne, dans le match pour la troisième place."

Jan Ceulemans ne renie évidemment pas la merveilleuse épopée de 1986. Celle-ci avait débuté de manière chaotique. Lorsqu'elle aborda la phase qualificative, l'équipe nationale acquittait toujours le tribût à l'affaire de corruption Standard - Waterschei qui la privait de plusieurs internationaux. "Un des grands mérites de Guy Thys fut d'avoir su recomposer, dès 1984, un groupe homogène, performant et soudé, alors que, tout au long de la saison, les éléments retenus avaient rivalisé entre eux dans le championnat national".

Les Diables n'avaient pas brillé pour rallier le Mexique. Inclus dans un groupe qui comprenait également l'Albanie, la Grèce et la Pologne, ils avaient dû transiter par un barrage contre les Pays-Bas pour se qualifier. "Nous avons forgé une première performance à Rotterdam, dans le match retour. Notre victoire par le plus petit écart, à l'aller, ne nous autorisait aucune défaillance aux Pays-Bas. Pour ce match, Guy Thys avait choisi de maintenir Grün sur le banc aussi longtemps que van Loen, un longiligne attaquant batave, y était également confiné. Dès que van Loen partait s'échauffer, Georges devait monter au jeu. L'option fut payante. Nous étions menés par 2-0 lorsque, à six minutes de la fin, Grün remporta un duel aérien avec van Loen pour convertir un centre parfait de Gerets et assurer notre qualification. Nous avions signé là la plus belle... défaite de l'histoire des Diables rouges."

Pour bien préparer les Diables à digérer les effets de l'altitude du Mexique, Guy Thys avait invité Hugo Broos à accompagner une délégation de quatre médecins pour servir de cobaye. Le Brabançon avait été choisi parce qu'il pensait avoir achevé sa carrière d'international. "Je plains ceux qui devront jouer dans ces conditions-là, s'était-il inquiété à son retour. Moi, heureusement, j'ai passé l'âge."

Hugo Broos se trompait: Guy Thys l'inclut comme joueur dans la délégation, le fit monter au jeu contre l'Espagne en quart de finale et lui permit de poser sa griffe sur la qualification pour les demi-finales.

Au Mexique, les Diables avaient été versés dans le même groupe que le pays organisateur, l'Irak et le Paraguay. Un incident, impliquant René Vandereycken, avait éclaté avant le premier match: le Limbourgeois s'était écrié, de manière véhémente, que puisque Scifo mais surtout à Vercauteren ne défendaient pas, il ne le ferait pas non plus: "René avait exporté au Mondial les problèmes intestins à Anderlecht. Il se manifestait toujours clairement quand quelque chose ne lui plaisait pas. Je trouvais cette attitude positive. Mais elle lui a coûté son Mondial car il a été renvoyé. Cet incident et quelques autres de moindre importance avaient incité Guy Thys à donner leur chance à quelques jeunes. Demol, Vervoort et Claesen, notamment, ont su saisir celle-ci à pleins pieds."

La Belgique s'inclina devant le Mexique, domina l'Irak sur le même score puis partagea l'enjeu avec le Paraguay, arrachant de justesse une troisième place qualificative.

Les Diables allaient donc défier l'URSS en huitième de finale. "On n'avait pratiquement rien à perdre. On était déjà heureux d'avoir atteint le deuxième tour. Mais au fil match, comme on n'encaissait pas face à cette machine à marquer, on a commencé à prendre confiance en nous. "

Belanov inscrivit trois buts mais, sous l'impulsion d'un Ceulemans éblouissant et grâce aussi aux prouesses de Pfaff, qui remporta son duel à distance avec le brillant gardien soviétique Rinaat Dasaev, les Belges s'imposèrent dans les prolongations par trois buts à quatre. Imitant Scifo, Ceulemans avait égalisé pour les Diables pour la seconde fois. Avait-il marqué d'une position hors jeu? "Franchement, je l'ignore. Demol, dans notre camp, m'avait distillé un service de 40 mètres au moins. La camera ne s'est braquée sur moi que quand le ballon m'est parvenu. J'étais alors hors jeu. Mais l'avais-je été au départ de l'action? Il avait fallu un certain temps au ballon pour parcourir cette distance. Seule la technologie d'aujourd'hui permettrait aurait permis de se déterminer avec précision. J'avoue sincèrement que si mon but avait été annulé, nous n'aurions pas protesté..."

En quart de finale, la Belgique affronta l'Espagne. Une fois encore étourdissant de brio, Ceulemans avait ouvert le score en convertissant, d'une tête plongeante, un centre parfait de Vercauteren. Senor avait égalisé à cinq minutes du terme. Les prolongations n'ayant pas fait évoluer le score, il fallut recourir aux tirs au but. Jan Ceulemans ne fut pas le seul à se récuser: "Honnêtement, je n'avais plus les idées claires tellement j'étais fatigué. Je l'ai avoué à Guy Thys. Le sélectionneur ne m'en a pas tenu rigueur tant il était soulagé d'avoir pu comptabiliser cinq... volontaires. Si Leo Van der Elst n'avait pas réussi le cinquième tir au but, Guy Thys m'aurait peut-être reproché de n'avoir pas voulu assumer cette responsabilité. Les jeunes, chez nous, étaient majoritaires. Pour eux, c'était une superbe occasion de se distinguer sur la scène internationale".

Les Belges réussirent un exercice parfait: Claesen, Scifo, Broos, Vervoort et Leo Van der Elst avaient réussi leur tir: les Belges accédaient aux demi-finales! "Je pense qu'à ce stade, nous avons été victimes de la réputation de Maradona et des siens. A deux reprises au moins, Danny Veyt a été jugé hors jeu par le juge de touche alors qu'il se présentait devant le but. Je suis sûr à 200 % que l'arbitre a pris là des décisions erronées. Veyt aurait-il marqué? Je l'ignore. S'il l'avait fait, les Argentins ne se seraient sûrement pas sentis aussi sereins. Maradona a certes inscrit deux buts mais le match aurait pu évoluer de manière différente."

Un peu démobilisée, la Belgique échoua devant la France dans le match pour la troisième place. Les Diables regagnèrent un pays en liesse. La presse internationale gratifia Guy Thys du titre d'entraîneur de l'année. Elle titularisa également Ceulemans dans "l'équipe du tournoi". "Pour battre l'URSS, nous avons eu besoin d'un brin de chance. Ce ne fut pas le cas pour éliminer l'Espagne. Ce match reste, à mes yeux, le meilleur que nous ayons disputé dans ce tournoi. Quant à ma distinction individuelle, elle a flatté mon ego mais ne m'a pas rendu euphorique. J'avais déjà été récompensé de la sorte en 1980. J'étais surtout fier d'avoir figuré parmi les 23 meilleurs joueurs belges du moment et d'avoir toujours affiché un engagement total en équipe nationale."

1990

RFA

1990
ITALIE > RFA

LA MANNSCHAFT AU BOUT DE LA TRISTESSE

Quatre ans après leur folle épopée mexicaine, les Diables réussirent leur entrée dans le tournoi mais l’Angleterre leur barra la route des quarts de finale après le fameux but meurtrier de David Platt, à Bologne.

En Italie, quatre ans après sa Main de Dieu, Diego Maradona est au sommet de son art. Le public de Naples l’ovationne davantage qu’il n’applaudit sa Squadra en demi-finale. Le stade olympique se vengea lors de l’apothéose où l’Allemagne, bientôt réunifiée par la chute du Mur, prit sa revanche en remportant une finale étouffante grâce à un penalty contesté (1-0), bien dans le ton du tournoi. C’est Andreas Brehme qui inscrit le seul but du match, offrant à son sélectionneur un nouveau trophée : à ce jour, Franz Beckenbauer est, avec Mário Zagallo le seul footballeur à avoir gagné la Coupe du Monde à la fois en tant que joueur et en tant qu’entraîneur.

Toto Schillaci chausse, lui, le Soulier d’Or du meilleur buteur: néophyte au sein de la Squadra, il trouve le chemin des filets à six reprises. Sa gloire sera éphémère, il ne marque plus en club et n’est plus sélectionné en équipe nationale: “Ma carrière, d’une certaine manière, a duré trois semaines. Mais je ne les échangerais pour rien au monde contre des titres...”

> Le héros de ce Mondial 90 reste un buteur de 38 ans, Roger Milla (4 buts), qui guide le Cameroun jusqu’au premier quart de finale d’une équipe africaine, perdu 3-2 a.p. contre l’Angleterre. La danse du vieux Lion Indomptable autour du poteau de corner est restée le symbole de cette Coupe du Monde.

> Dépité après l’élimination des siens en demi-finale par l’Allemagne, le capitaine anglais Gary Lineker livre cette savoureuse définition du football, restée dans les annales : “Le football est un sport simple : 22 hommes poursuivent un ballon pendant 90 minutes et à la fin, les Allemands gagnent toujours.”

> En fin de première prolongation lors de la demi-finale Italie –Argentine, l’arbitre français Michel Vautrot oublie de regarder sa montre : les joueurs disputeront huit minutes de trop avant que la mi-temps soit sifflée.

Tous les résultats du Mondial 90 ici

FINALE
8 juillet 1990 - Rome, Stade Olympique
RFA - Argentine 1-0

ALLEMAGNE Illgner, Augenthaler, Berthold (75e Reuter), Kohler, Buchwald, Brehme, Hässler, Matthäus, Littbarski, Klinsmann, Völler.

ARGENTINE Goycoechea, Simon, Serrizuela, Ruggeri (46e Monzón), Troglio, Sensini, Burruchaga (54e Calderón), Basualdo, Lorenzo, Dezotti, Maradona.

Le but : 85e Brehme sur pen. (1-0)

AUX DIABLES LE MONDIAL

LE DRAME DE BOLOGNE

Ce Mondial 90 est l’un des épisodes les plus cruels de l’histoire des Diables. Demi-finalistes en 1986, ils abordèrent la phase finale italienne avec une équipe… plus forte que quatre ans auparavant.

La fête du dernier match des éliminatoires, contre le Luxembourg au Heysel fut gâchée: les Belges ne parvinrent pas à s’imposer (1-1). Scifo refusa de prendre place sur le banc, lors des matches amicaux face à la Suède et à la Grèce. Walter Meeuws fut brutalement remercié. Guy Thys fut prié de reprendre du service, ce qu’il ne fit pas de gaieté de cœur deux jours avant le tirage au sort de la phase finale!

Les Diables arrivèrent à Vérone où ils devaient disputer les trois matches du premier tour. L’ambiance était pesante. Thys réintronisa Scifo, mais il écarta son fils spirituel, Jan Ceulemans, au profit de Marc Van der Linden. Généralement peu prolixe, Caje ne se gêna pas pour exprimer sa colère. Les Belges l’emportèrent aisément (2-0) contre la Corée du Sud. Ceulemans remplaça Van der Linden à la reprise et n’allait plus quitter l’équipe. L’incident était clos.

À l’étape suivante, contre l’Uruguay, les Belges livrèrent une prestation admirable (3-1). Ils étaient déjà mathématiquement qualifiés avant la troisième manche, mais l’enjeu de cette partie, contre l’Espagne, – la première place – offrait l’avantage, appréciable, de rester à Vérone. Il suffisait d’un match nul pour la confirmer, mais Guy Thys dut faire face à une cascade de forfaits : Gerets, Grün, Clijsters et Versavel s’étaient portés pâles. L’Espagne s’imposa de justesse (2-1).

Il fallut affronter l’Angleterre à Bologne. Lors de ce huitième de finale, les Belges dominèrent, se créèrent des occasions – ils frappèrent les montants à trois reprises ! – mais ils ne marquèrent pas.

A l’extrême fin des prolongations, juste avant les tirs au but, David Platt reprit un coup franc généreusement accordé à Gascoigne et crucifia Preud’homme d’une magnifique volée retournée assassine. Injuste !

“Notre plus grosse erreur contre les Anglais est de ne pas être restés concentrés jusqu’à la dernière seconde”, confie Enzo Scifo. “On pensait trop aux tirs au but et on ne pouvait imaginer encaisser sur ce coup franc… imaginaire puisque Gascoigne était tombé tout seul. Cela reste la phase de jeu la plus horrible de toute ma carrière. Il me suffit de fermer les yeux pour la revoir dans ses moindres détails. À l’époque, j’ai pleuré comme un gamin. Effondré, je cherchais mes mots pour aller trouver l’arbitre et lui demander d’annuler ce but…”

Dans le vestiaire, les Diables sont demeurés longtemps figés dans un silence poignant. “On ne s’est rien dit”, se souvient Gorges Grün. “On n’avait pas de mots pour traduire notre désarroi. Je venais de subir la plus énorme désillusion de ma carrière d’international. Je n’étais sûrement pas le seul. Guy Thys a joué son rôle jusqu’au bout : il nous a félicités pour notre campagne. Avec tout le respect que je lui voue, cela nous faisait une belle jambe ! Dans ce huitième de finale contre l’Angleterre, Dame Fortune avait décidé de nous bouder. Sinon le ballon de Scifo, dans les prolongations, n’aurait pas heurté le montant du but anglais. Il n’empêche : je ne suis toujours pas sûr que nous ayons commis une faute sur la phase qui amena le but de Platt…”

> Six mille policiers furent réquisitionnés à Bologne pour le match des Diables contre l’Angleterre. On ne pouvait pénétrer dans la ville qu’en exhibant sa carte d’identité. L’ombre du drame du Heysel, qui, le 29 mai 1985, avait fait 39 mors lors de la finale de C1 entre les Italiens de la Juventus et les Anglaisde Liverpool à Bruxelles, planait...

> Enzo Scifo fut nommé deuxième meilleur joueur de la Coupe du Monde, derrière l’Allemand Lothar Matthaüs.

LA SÉLECTION BELGE
22 JOUEURS

1. Michel Preud’homme (FC Malinois)
2. Eric Gerets (PSV Eindhoven-P-B)
3. Philippe Albert (FC Malinois)
4. Leo Clijsters (FC Malinois)
5. Bruno Versavel (FC Malinois)
6. Marc Emmers (FC Malinois)
7. Stéphane Demol (FC Porto-Por)
8. Franky Van Der Elst (Club Bruges)
9. Marc Degrijse (SC Anderlechtois)
10. Enzo Scifo (AJ Auxerre-Fra)
11. Jan Ceulemans (Club Brugge KV)
12. Gilbert Bodart (Standard de Liège)
13. Georges Grün (SC Anderlechtois)
14. Nico Claesen (Antwerp FC)
15. Jean-François de Sart (FC Liégeois)
16. Michel De Wolf (KV Courtrai)
17. Pascal Plovie (Club Bruges)
18. Lorenzo Staelens (Club Bruges)
19. Marc Van Der Linden (SC Anderlechtois)
20. Filip De Wilde (SC Anderlechtois)
21. Marc Wilmots (FC Malinois)
22. Patrick Vervoort (SC Anderlechtois)
Sélectionneur : Guy Thys.

Platt : la plus grande désillusion du foot belge

Guy Thys restait sur un palmarès exceptionnel. Le plus beau de tous les responsables de notre équipe nationale. Engagé comme un entraîneur de transition, il avait réussi à qualifier les Diables Rouges pour la finale de l’Euro 80, en Italie, contre tous les plus grands d’Europe, et pour la demi-finale du Mundial mexicain, en 1986. L’homme au cigare souhaitait prendre sa retraite, après douze ans de très bons et loyaux services, ce qui constituait un record absolu en équipe nationale belge.

Pour préparer sa succession, qui devait, donc, s’opérer dans le calme et la sérénité, l’Union belge avait défini des critères très précis : une expérience de Diable Rouge, un diplôme du Heysel et la connaissance des deux langues nationales.

Walter Meeuws semblait le plus qualifié pour assumer cette lourde succession, mais la commission technique commit deux lourdes erreurs: primo, il était prévu que Meeuws, après un an en tant qu’adjoint, prenne la direction de l’équipe nationale au beau milieu de la campagne de qualification pour la Coupe du Monde 1990; secundo, Guy Thys conservait un rôle de coordinateur technique, soit une espèce de belle-mère, ce qui gêna considérablement son successeur.

Guy Thys dirigea les Diables pendant les cinq premiers matches de qualification, et Walter Meeuws pendant les trois derniers. L’homme au cigare fit un véritable cadeau, mais un cadeau empoisonné à son successeur : les Diables étaient pratiquement qualifiés, et ils le furent mathématiquement sous la houlette de Meeuws, après une victoire contre le Portugal à domicile, et un match nul à Bâle.

Pourtant, le coach fut prié de rendre prématurément son tablier. Pourquoi? Pour deux raisons : le dernier match, contre le Luxembourg, au Heysel, devait être une grande fête mais les Belges ne parvinrent pas à s’imposer (1-1), et Scifo refusa de prendre place sur le banc, lors des matches amicaux face à la Suède et à la Grèce. C’est ainsi que Walter Meeuws fut brutalement remercié, et que Guy Thys fut prié de reprendre du service, ce qu’il ne fit pas de gaieté de cœur... deux jours avant le tirage au sort de la phase finale ! C’est donc avec lui comme coach que les Diables arrivèrent à Vérone où ils devaient disputer les trois matches du premier tour.

L’ambiance était pesante. Thys réintronisa Scifo, mais il écarta son fils spirituel, Jan Ceulemans, au profit de Marc Van der Linden. Le Caje, généralement peu prolixe, ne se gêna pas pour exprimer sa colère. Mais les Belges l’emportèrent facilement (2-0) contre la Corée du Sud. Ceulemans remplaça Van der Linden à la reprise et n’allait plus quitter l’équipe. L’incident était clos.

À l’étape suivante, contre l’Uruguay, les Belges livrèrent une prestation admirable (3-1), et ils étaient déjà mathématiquement qualifiés avant la troisième manche, mais l’enjeu de cette partie, contre l’Espagne était la première place, et l’avantage, appréciable, de rester à Vérone.

Il suffisait, pour cela, d’un match nul, mais Guy Thys dut faire face à une cascade de forfaits : Gerets, Grün, Clijsters et Versavel. L’Espagne s’imposa de justesse (2-1), et il fallut affronter l’Angleterre à Bologne. Des Anglais qui revenaient de loin, car, dans leur groupe, en Sicile et en Sardaigne, les quatre formations furent à un cheveu de devoir être départagées par tirage au sort : les Néerlandais et les Irlandais firent match nul et, dans l’autre rencontre, les Égyptiens furent à deux doigts d’égaliser contre l’Angleterre, ce qui aurait provoqué une égalité absolue.

Les Italiens espéraient conserver les Anglais en Sardaigne ou en Sicile, dont l’insularité permettait de mieux contrôler leurs cohortes de supporters. Comme il était impossible de se procurer des tickets non achetés d’avance pour ce huitième de finale, le stade Dall’Ara était bien loin de faire le plein. Bologne était devenu un véritable camp retranché, et on ne pénétrait dans la ville qu’en montrant patte blanche. Six mille policiers furent réquisitionnés pour cette rencontre, et on ne pouvait pénétrer dans la ville qu’en exhibant sa carte d’identité, systématiquement fichée, et le ticket d’entrée. Comme partout ailleurs, dans les villes de la Coupe du Monde, il était interdit de vendre des boissons alcoolisées, la veille et le jour du match, y compris du vin à table.

Les Diables Rouges faisaient l’objet de commentaires extrêmement flatteurs, partout dans le monde. Le Roi Pelé, par exemple, disait : “Je suis impressionné par le professionnalisme des Belges. Guy Thys est un excellent professeur, mais il peut compter sur la présence d’élèves doués.”

Effectivement, la Belgique possédait une superbe équipe en 1990. Certainement supérieure à celle qui avait atteint les demi-finales, lors de l’édition précédente, mais, alors que la chance fut maximale au Mexique, c’est la malchance qui fut au rendez-vous en Italie. C’est pourquoi c’est un terrible sentiment de tristesse, d’amertume et d’injustice qui s’empara de notre délégation.

Les Diables avaient, en effet, très largement dominé l’équipe anglaise, qui n’espérait plus se qualifier que via la séance de tirs au but. La prestation belge fut, en effet, digne de figurer dans tous les manuels des écoles de football. Ils mirent les hommes de Robson sur les genoux, ils les dominèrent dans tous les compartiments du jeu par leur imagination, leur rigueur et leur condition, physique. Hélas ! alors que deux superbes tirs de Scifo et de Ceulemans s’étaient écrasés contre les montants du but de Shilton, David Platt, le réserviste, décocha, dans les dernières secondes des prolongations, une volée assassine qui nous éjecta injustement de la Coupe du Monde.

Enzo Scifo fut nommé deuxième meilleur joueur de la Coupe du Monde, derrière Lothar Matthaüs, le capitaine des champions, et la presse internationale fut unanime à louer les mérites des Belges. Même à Londres où le Daily Mail, par exemple, titrait : “L’Angleterre arrache la qualification à une équipe belge supérieure.”

Stéphane Demol: "Un coup de génie réussi une fois sur mille"

A Bologne, le Mondial retient son souffle. Le huitième de finale au stadio Dall'Ara entre la Belgique et l'Angleterre égrène les ultimes secondes des prolongations. Guy Thys et Bobby Robson, les deux sélectionneurs, ont sans doute déjà composé, mentalement, la liste des cinq préposés aux tirs au but censés départager les deux équipes.

A plus de trente mètres du but de Preud'homme, Gerets et Gascoigne guerroient dans l'axe, côte à côte, pour la possession d'un ballon que l'imprévisible enfant terrible de Tottenham conduit devant lui. Les deux joueurs jouent des épaules. L'arbitre danois Peter Mikkelsen sanctionne la poussée du Belge, qu'il a jugée fautive. Paul Gascoigne délivre lui-même le coup franc. D'un subtil ballon lobé, il distille un service en or à David Platt, monté au jeu à la 71e minute. De la droite, ce dernier réalise le geste parfait. Sa volée crucifie Preud'homme. Les Diables, pétrifiés, sont éliminés.

Vingt-huit ans plus tard, les Diables de l'époque n'ont plus de bleu à l'âme. Mais si le temps a joué son oeuvre lénifiante il a à peine estompé dans leurs mémoires le souvenir de cette phase de jeu cruelle.

Stéphane Demol retrace l'événement sans tremolos dans la voix, avec lucidité. "Nous pratiquions à l'époque une sorte de marquage individuel quand le danger menaçait, sur phases arrêtées. Grün devait prendre Lineker en charge. Ceulemans et moi étions commis à la surveillance de Buttler et de Whright, les deux Anglais les plus grands par la taille. Van der Elst devait museler Platt. Ce dernier a bougé d'un côté à l'autre, entraînant le déplacement de Van der Elst. Quand l'envoi de Gascoigne a surmonté la majorité des joueurs agglutinés à hauteur du grand rectangle, Platt avait déjoué le marquage de Van der Elst et tiré au but d'un angle presque impossible. Preud'homme n'a rien pu faire, sans qu'on puisse lui reprocher quoi que ce soit: il était positionné là où il devait l'être. Gerets devait-il être sanctionné? Sincèrement, je l'ignore. Mais fallait-il commettre une faute à cet endroit du terrain? Et surtout, que faisait le Limbourgeois dans cette zone-là?"

Solides dans tous les compartiments du jeu, les Diables avaient largement fait jeu égal avec leurs adversaires, en bonne forme eux aussi: "La transversale avait repoussé un envoi de Ceulemans et un montant avait renvoyé un tir de Scifo. Les Anglais ne s'étaient ménagé qu'une seule occasion franche."

Quelques années plus tard, l'ancien joueur de Bologne qu'est Stéphane Demol est retourné en Emilie-Romagne dans le cadre d'un reportage réalisé par une chaîne flamande. "Van der Elst m'avait accompagné. Nous avons revu et commenté les images de ce but fatal pour nous. Une certitude: ce n'est pas Francky qui nous a fait perdre le match. Je suis d'accord avec lui: Platt ne pouvait réussir ce coup de génie qu'une fois sur mille."

Cette élimination a pris les Diables au dépourvu: "Nous n'avons pas dormi de la nuit. Cinq ou six joueurs sont restés, avec Guy Thys, au bar de notre hôtel de Vérone après avoir précipitamment bouclé leurs valises. Le lendemain matin, à l'aube, nous devions rallier Milan pour embarquer dans l'avion du retour vers Bruxelles."

Stéphane ne conserve pas un mauvais souvenir de ce Mondial italien: "Ce tournoi est peut-être le meilleur que nous ayons disputé. Scifo, notamment, y avait brillé. Le duo Grün - Demol n'avait pas mal joué non plus. L'ambiance, dans le groupe, était excellente. Leo Van der Elst animait nos soirées. Marc Van Der Linden, qui nous avait rejoints, était un super mec, un peu fou. Nous avons pratiqué un football offensif et attractif. Contre l'Uruguay, lors du deuxième match, nous avons, à mes yeux, signé notre meilleure prestation. Nous avons même évolué à dix pratiquement toute une mi-temps, en raison de l'expulsion de Gerets. Le troisième match, nous l'avons perdu contre l'Espagne, avec une équipe un peu remaniée suite aux absences de Gerets, Grün et Clijsters. Si nous l'avions remporté, nous aurions affronté le Cameroun plutôt que l'Angleterre en huitième de finale. Nous aurions été favoris."

Jan Ceulemans n'avait pas entamé le premier match contre la Corée du Sud. Il n'était monté au jeu qu'à la reprise. "Jan n'avait pas apprécié la manière dont son glissement sur le banc lui avait été annoncé. La presse le lui avait-elle révélé? Il avait attendu une plus grande sollicitude de la part de Guy Thys après toutes les saisons que les deux hommes avaient vécues ensemble. Jan m'a certifié qu'il avait été plus déçu que réellement fâché."

Stéphane Demol assure également que la presse l'a opposé à tort à Lei Clijsters: "Avant le tournoi, Guy Thys a cherché à nous associer, Clijsters et moi, au coeur d'une défense à quatre composée également de Gerets à droite et de Dewolf à gauche. On a débuté dans cette composition contre la Corée du Sud. A Malines, Clijsters évoluait au libero. Dans une interview - j'étais jeune et un peu fou à l'époque -, j'ai dû affirmer qu'il allait être difficile pour moi d'officier devant un libero. Que je préférais jouer au côté de Georges Grün, avec qui je m'entendais à merveille et que Clijsters devait avancer d'un cran. Mais nous n'avons jamais affirmé, ni l'un ni l'autre que nous ne voulions pas évoluer côte à côte. Nous n'avons, c'est vrai, jamais fait de gros efforts pour démentir les assertions de la presse. La meilleure preuve que nous n'étions pas en froid est que Leï m'avait invité, par la suite, à aller disputer un tournoi de tennis dans le club de sa fille."