La grande histoire de la Coupe du Monde (6/8)

2002 > 2006
Les coups de tête
de Willie et de Zizou

2002

Brésil

2002
JAPON/CORÉE DU SUD > BRÉSIL

LA RENAISSANCE DE RONALDO

Comme pour France 98 les Diables durent passer par les barrages pour obtenir leur billet pour l’Asie.

Devancés cette fois par la Croatie, ils durent se défaire de la République Tchèque pour se qualifier pour le Mondial le plus surprenant de l’histoire. Cette épreuve fut marquée, notamment, par d’intenses polémiques sur l’arbitrage et ce fameux but de Wilmots contre le Brésil, refusé par M. Prendergast, en huitièmes de finale.

Mais le grand bonhomme de ce Mondial fut le Brésilien Ronaldo. Jamais aligné en 1994, malade le matin de la finale en 1998, El Fenomeno joue son plus grand match lors de la finale contre l’Allemagne (2-0). Il inscrivit les deux buts et remporta enfin une Coupe du Monde sur le terrain. Avec ses 8 buts, il survola le tournoi, aidé par Ronaldinho et Rivaldo et dirigé par Felipe Scolari.

Les deux co-organisateurs ont fait belle figure, surtout la Corée du Sud de ce drôle de Guus Hiddink. Elle se hissa en demi-finale après avoir battu l’Italie et l’Espagne dans des matches gâchés par l’arbitrage. Le Japon s’arrêta, lui, en huitième de finale.

> La compétition a été entachée de grosses erreurs d’arbitrage. La Corée du Sud a semblé particulièrement protégée, notamment lors de ses matches contre l’Espagne (ce qui poussa même l’arbitre égyptien Gamal Al-Ghandour à mettre fin à sa carrière) et contre l’Italie. On parla même de conspiration visant à protéger les co-organisateurs.

> Lors des éliminatoires océaniques de ce Mondial, les Australiens étrillent les îles Samoa américaines: 31-0, record! L’un des héros du match est le Lierrois Archie Thompson, auteur de 13 buts (record mondial pour un match international).

> Après avoir participé aux Mondiaux 1994 et 1998, le Néerlandais Dennis Bergkamp décline sa sélectionpour 2002. La raison? Son aérodromophobie. L’ex Gunner, surnommé Non-Flying Dutchman (Hollandais non volant), ne veut pas prendre l’avion.

> Championne du monde, la France est battue d'entrée par le Sénégal.

> Pour la première fois (et l’unique à ce jour), la phase finale se dispute dans deux pays, deux ans après que l’Euro 2000 se fut étalé sur les plats pays belge et hollandais. Le Japon et la Corée du Sud avaient pourtant émis des demandes séparées à la Fifa…

> La Fifa décide de passer à 32 équipes, format toujours d’actualité en 2018.

> Cafú, le capitaine brésilien devient le premier joueur à disputer trois finales de Coupe du Monde successives.

> L’équipe belge ne repart pas d’Asie les mains vides, mais avec un lot de consolation: elle reçoit de la Fifa le trophée du Fair-play, devant la Suède et le Japon. Un prix décerné parmi les équipes qui ont dû jouer quatre matchs au moins, compte tenu du nombre de leurs cartons, jaunes et rouges. Et pour ne pas avoir fait un scandale après le match perdu contre le Brésil ?

Tous les résultats du Mondial 2002 ici

FINALE
30 juin 2002 - Yokohama, International Stadium
Brésil - Allemagne 2-0

BRÉSIL Cafu, Lúcio, Roque Júnior, Edmílson, Roberto Carlos, Gilberto Silva, Ronaldo (90e Denílson), Rivaldo, Ronaldinho Gaúcho (85e Juninho Paulista), Kléberson.

ALLEMAGNE Kahn, Linke, Ramelow, Neuville, Hamann, Klose (74e Bierhoff), Jeremies (77eAsamoah), Bode (84e Ziege), Schneider, Metzelder, Frings.

Les buts : 67e et 79e Ronaldo (2-0)

AUX DIABLES LE MONDIAL

ET WILMOTS FIT VACILLER LES FUTURS CHAMPIONS DU MONDE

Sur le chemin du premier Mondial asiatique, les Diables butèrent sur la Croatie mais résistèrent à l’Écosse, notamment grâce au point obtenu par le but égalisateur de Daniel Van Buyten à Hampden Park. La Belgique termina donc, à nouveau, deuxième d’un groupe dont la Lettonie et Saint-Marin étaient les faire-valoir.

Le tirage au sort des barrages nous attribua la République Tchèque – un épouvantail à l’époque -, qui avait été devancée par le Danemark dans les éliminatoires. Au stade Roi Baudouin, la Belgique s’octroya un mince viatique suite à un but de Gert Verheyen. Lors du retour, le 14 novembre 2001 au stade de Letna, le match fut rugueux (l’arbitre suédois Frisk sortit sept cartons jaunes), mais les Diables… noirs résistèrent à des Tchèques très nerveux qui butaient sur le dispositif tissé par Robert Waseige.

À cinq minutes du terme, Marc Wilmots, monté au jeu une vingtaine de minutes plus tôt (il était… blessé), transforma un penalty obtenu par Verheyen, et provoqua une éruption de joie en Belgique.

Qualifiés, les Diables préparaient serainement le Mondial. Notamment lors d'un match d'anthologie contre la France.

Affronter le Japon chez lui pour entamer le Mondial 2002 était tout sauf un cadeau. Les Diables passèrent par toutes les couleurs de l’arc-en-ciel mais sauvèrent l’essentiel grâce à Van der Heyden et à Wilmots.

Ce point pris à Saitama constituait un bon résultat mais certains déplorèrent un manque d’ambition de notre formation. Le partage obtenu contre la Tunisie, à Oita, faillit donner raison aux pessimistes.

Heureusement, dans la joute décisive, à Shizuoka contre les Russes, les Diables forgèrent un superbe succès qui les propulsa en huitièmes de finale.

À partir de ce moment-là, les Belges ne pouvaient qu’engranger des boni. D’autant que le Brésil semblait un obstacle insurmontable.

Pourtant, à Kobe, si le but de la tête de Marc Wilmots n’avait pas été annulé, la Belgique aurait mené à la marque et la physionomie du match aurait été totalement chamboulée. Sur cette action, l’arbitre jamaïquain Pendergast avait estimé que Wilmots s’était rendu coupable d’une poussée fautive sur son adversaire. Celle-ci était inexistante. Pendergast vint d’ailleurs s’excuser auprès du Hesbignon à la mi-temps pour son erreur de jugement flagrante.

Le capitaine, exemplaire, et les siens auraient pu espérer éliminer les futurs Champions du monde, au lieu de s’incliner par 2-0 dans ce huitième de finale 2-0 et de quitter le Mondial la tête haute. Marc Wilmots, qui venait de disputer son dernier match sous la vareuse des Diables et qui avait marqué lors de chacun des trois matches du premier tour, quitta la scène avec une extrême dignité : “La décision a été prise et c’est ainsi. Les arbitres ne sont jamais que des humains…”

Le plus bel hommage fut rendu par Ronaldo : lors de la remise du Ballon d’Or 2002, le buteur de la Seleção avait expliqué que le Brésil avait connu ses moments les plus difficiles contre la Belgique. Au retour de ce Mondial 2002, Robert Waseige passa la main, suivi par quelques pions de base : Wilmots, Verheyen, Van Meir,Walem et Boffin.

“Ce match contre le Brésil aurait pu changer notre existence du tout au tout”, se remémore Robert Waseige, le Mage de l’époque. "On ne nous donnait pas la moindre chance mais nous avons livré une grosse prestation entachée d’un petit scandale. Je ne comprends toujours pas comment cet arbitre a pu siffler une faute. Je m’efforce toujours à croire que cette erreur fut involontaire. Cette période en équipe nationale, bénie pour notre foot, constitua un point culminant dans ma carrière riche de trente-six saisons de coaching. J’ai ensuite effectué un très mauvais choix en optant pour le Standard. Si j’avais pu prévoir l’avenir, je n’aurais pas posé ce choix. Mais j’avais estimé qu’il était bien, pur moi, de boucler la boucle à Liège.”

On ne le savait pas encore, mais les Diables venaient de disputer leur dernière grande compétition… avant le Mondial 2014.

LA SÉLECTION BELGE
23 JOUEURS

1. Geert De Vlieger (Willem II Tilburg-P-B)
2. Eric Deflandre (Olympique Lyonnais-Fra)
3. Glen De Boeck (SC Anderlecht)
4. Eric Van Meir (Standard de Liège)
5. Nico Van Kerckhoven (FC Schalke 04-All)
6. Timmy Simons (Club Bruges)
7. Marc Wilmots (FC Schalke 04-All)
8. Bart Goor (Hertha BSC Berlin-All)
9. Wesley Sonck (RC Genk)
10. Johan Walem (Standard de Liège)
11. Gert Verheyen (Club Bruges)
12. Peter Van Der Heyden (Club Bruges)
13. Francky Vandendriessche (Excelsior Mouscron)
14. Sven Vermant (FC Schalke 04-All)
15. Jacky Peeters (AA Gent)
16. Daniel Van Buyten (Olympique de Marseille-Fra)
17. Gaëtan Englebert (Club Bruges)
18. Yves Vanderhaeghe (SC Anderlecht)
19. Bernd Thijs (RC Genk)
20. Branko Strupar (Derby County FC-Ang)
21. Danny Boffin (Saint-Trond VV)
22. Jérôme Mbo Mpenza (Excelsior Mouscron)
23. Frédéric Herpoel (AA Gent)
Sélectionneur : Robert Waseige.

Gert Verheyen: "Merci, coach, de m'avoir offert ces deux derniers matches"

Gert Verheyen ne s'est jamais senti aussi bien chez les Diables que sous la direction de Robert Waseige

Son évocation aurait pu réveiller en lui une frustration sans doute légitime. Elle a allumé au contraire dans ses yeux une petite lueur de plaisir.

"La perception d'une grande compétition dépend toujours de son dénouement", réfléchit Gert Verheyen. "Le souvenir que je conserve du Mondial asiatique de 2002 est positif, malgré notre élimination suspecte en huitième de finale. Car le 17 juin 2002 à Kobe, nous avons livré un grand match. Marc Wilmots, notamment, notre capitaine et le meilleur Diable sur l'ensemble du tournoi, s'y était révélé grandiose. Il allait ainsi quitter l'équipe nationale sur un fameux baroud d'honneur. Tout comme lui, j'avais également décidé, quelque temps auparavant, que je rendrais ma livrée de Diable rouge au coup de sifflet final de notre affrontement avec le Brésil. J'avais senti qu'à ce niveau j'avais atteint la limite. J'avais 32 ans. Je n'allais plus me bonifier. J'étais heureux car j'avais livré une grande prestation, qui tranchait avec mes sorties précédentes. Je n'avais été bon ni contre le Japon, ni surtout contre la Tunisie. Dans ce match-là, Wesley Sonck m'avait remplacé au repos. Robert Waseige avait eu raison de me sortir. Le sélectionneur m'avait de nouveau fait confiance contre la Russie. Je l'avais remercié en ayant recouvré la majorité de mes sensations, avant de confirmer mon retour en forme dans l'apothéose contre le Brésil, sûrement gâchée par une erreur d'arbitrage."

"Marc avait-il heurté volontairement de son coude gauche l'épaule du défenseur brésilien? Certainement pas!"
Gert Verheyen

Gert Verheyen revoit clairement la phase litigieuse: "On jouait la 35e minute. Pour servir Mbo Mpenza, impressionnant sur le flanc droit, j'avais arraché le ballon à un Brésilien grâce à un sliding tackle. D'un centre parfait, Mbo avait ensuite déposé ce ballon sur la tête de Wilmots. Ce dernier avait remporté son duel aérien avec Roque Junior pour surprendre le gardien Marcos. Marc avait-il heurté volontairement de son coude gauche l'épaule du défenseur brésilien? Certainement pas."

Curieusement, les Diables avaient accepté sans réaction la décision sans doute erronée de l'arbitre jamaïcain Peter Prendergast.

Seize ans plus tard, Gert Verheyen ne s'étonne pas: "On n'a pas réagi parce que notre adversaire se nommait le Brésil. Parce qu'il nous impressionnait et qu'on le respectait. Et aussi parce qu'on ne connaissait pas ce directeur de jeu jamaïcain. Il nous arbitrait pour la première fois: comment allait-il réagir si nous contestions un peu trop vivement sa décision? On n'a donc pas osé protester. Quand nous sommes rentrés au vestiaire, à la mi-temps, il m'avait d'ailleurs prévenu: 'Faites attention, numéro 11: vous avez frôlé l'avertissement".

A certains moments du match, des Diables Rouges magnifiques d'allant inspiré avaient secoué, malmené un Brésil qui allait pouvoir compter sur ses deux stars mondiales, Rivaldo et Ronaldo, pour inscrire deux buts fatals aux Belges. "Il y a quelque temps, un journaliste qui écrivait un ouvrage sur ce Mondial m'avait proposé de revoir le match. J'ai alors eu le sentiment, très fort, qu'on aurait pu le remporter. Très objectivement je crois, aujourd'hui, qu'on aurait pu gagner. Curieusement, au moment même, nous n'en avons jamais été convaincus."

Premier sélectionneur wallon d'une équipe nationale, Robert Waseige n'avait pas bouleversé, pour le Mondial asiatique, le groupe des Diables qui n'avaient pas pu atteindre les quarts de finale de leur Euro.

"Ce n'était pas nécessaire", assure Gert Verheyen. "Notre niveau de jeu, dans cette compétition, s'était révélé satisfaisant. Nous avions même livré un match terrible contre la Turquie."

Pour se qualifier pour le Mondial asiatique les Diables avaient dû, une fois encore, sortir vainqueurs d'un double match de barrage contre la Tchèquie. Avant de pointe, Verheyen avait inscrit, à l' aller à Bruxelles, l'unique but de la victoire. Au retour, à Prague, Wilmots, sur penalty, avait confirmé une belle qualification. "Dans l'avion du retour, euphoriques, nous n'avons pas cessé de chanter la Brabançonne. L'ambiance, entre nous, était formidable. Van Meir, Vanderhaeghe, De Vlieger et Van Kerckhoven notamment, pour ne citer qu'eux, sont d'ailleurs restés des copains".

Les auteurs des deux buts, Verheyen et Wilmots, étaient précisément les deux joueurs préférés du coach liégeois.

"J'ai toujours beaucoup apprécié Robert Waseige. C'est une question de personnalité, d'atomes crochus entre deux personnes"
Gert Verheyen

"J'espère que l'affection qu'il nous vouait ne tenait pas à ces deux réalisations", sourit Gert Verheyen. "Dans mon chef, cette affection était réciproque. J'ai toujours beaucoup apprécié Robert Waseige. C'est une question de personnalité, d'atomes crochus entre deux personnes. Nous nous respections mutuellement. J'ai beaucoup aimé la période Waseige chez les Diables. Je ne me suis jamais aussi bien senti en équipe nationale que sous son égide. Ses entraînements étaient un régal. Il m'a insufflé une confiance en moi que, précédemment, j'éprouvais trop peu souvent."

Les Diables n'auraient pu mieux fignoler leur ultime préparation pour ce Mondial asiatique. Quelques jours avant le départ, ils s'étaient imposés au stade de France, par un but à deux. De Boeck et Wilmots déjà, dans les arrêts de jeu, avaient infligé un bel affront aux Français. "Notre groupe était très réaliste", se souvient Gert Verheyen. "Nous ne nous estimions pas plus forts que nous ne l'étions. Nous savions que, pour nous imposer, nous devions puiser très loin dans nos réserves et nous hisser au plus haut niveau sur le plan physique".

Un coup de tonnerre lézarda le ciel des Diables le jour du départ: Robert Waseige, qui aurait pu prolonger son contrat pour deux saisons, annonça qu'il avait signé un contrat d'entraîneur au Standard: "Il nous a communiqué sa décison dans le car qui nous emmenait à l'aéroport à Paris. Pour moi, sa décision ne changeait rien. J'étais soulagé, au contraire: je n'allais pas le peiner en lui annonçant que je quittais les Diables, moi aussi."

Au Japon, le tournoi avait mal débuté. Décevants contre le Japon, les Diables avaient livré une partie affligeante contre la Tunisie. Un violent conflit éclata bientôt entre les joueurs et la presse. Les premiers cités avaient même décidé de boycotter les médias. La raison de cette vive irritation? La divulgation, dans un quotidien néerlandophone, de deux assoupissements de Robert Waseige pendant les sessions de video.

Gert Verheyen minimise les faits: "Si c'est avéré, ce n'est même pas grave. Le coach fédéral avait chargé son adjoint, Vince Briganti, de dispenser cette leçon. Le match de l'adversaire, il l'avait précédemment décortiqué: pourquoi aurait-il dû le revoir une fois encore attentivement? Seuls les mauvais esprits ont érigé cette anecdote banale en affaire d'Etat."

Pour se hisser en huitième de finale, les Diables allaient livrer une grande prestation contre la Russie, à Shizuoka. Auteur du but d'ouverture et d'un assist, Johan Walem s'était révélé étincelant. Est-ce une coïncidence si, pour cette rencontre, Robert Waseige avait reconduit, à une exception près, les vainqueurs du match à Paris? "Johan avait réussi un coup franc formidable. Il m'avait soulagé car j'avais galvaudé deux occasions de marquer."

"Wilmots était le leader du groupe.
Tout tournait autour de lui"
Gert Verheyen

Au Japon, les Diables avaient globalement bien vécu entre eux même si l'hôtel, à Kumamoto, était "bien mais pas extraordinaire" et si les dérivatifs, entre les matches, n'étaient pas légion: "Nous jouions essentiellement aux cartes. Il n'y avait ni ségrégation, ni polémique entre Flamands et Francophones mais tout de même une légère séparation entre les deux communautés."

Gert Verheyen ajoute encore: "Wilmots était le leader du groupe. Tout tournait autour de lui. Sa forte personnalité était-elle unanimement appréciée? Pas par tous. Mais, en toute honnêteté, on doit reconnaître qu'on avait besoin de lui. Parce qu'il était le meilleur d'entre-nous."

L'ancien Brugeois sourit: "Je remercie Robert Waseige de m'avoir maintenu sa confiance pour les matches contre la Russie et contre le Brésil. Car jusque là, très objectivement, Wesley Sonck, mon remplaçant, s'était révélé meilleur que moi."

2006

Italie

2006
ALLEMAGNE > ITALIE

LA SQUADRA, SUR UN COUP DE TÊTE

Aimé Anthuenis n’y a pas résisté : la non-qualification des Diables pour la Coupe du Monde allemande, pour la première fois depuis 28 ans, a sonné le glas du technicien waeslandien.

En Allemagne, dans des stades combles, le Mondial connut une énorme réussite populaire. Le tournoi fut marqué par le retour des grandes puissances historiques du ballon rond et par le crépuscule de l’un des meilleurs joueurs de l’histoire: Zidane quitta la scène sur un célèbre coup de tête en finale, asséné à Marco Materazzi et laissant l’Italie planer sur le toit du monde. Symbolisée par son extraordinaire défenseur Fabio Cannavaro, la Squadra domina, en finale, les Bleus aux tirs au but (1-1, 5 t.a.b. à 3). Mais la Nazionale n’avait pas fait que défendre : elle avait aussi assommé l’Allemagne (2-0 a.p.).

Autre star du tournoi, le Portugais Cristiano Ronaldo échoua en demi-finale contre la France (1-0), après un quart de finale contre l’Angleterre au cours duquel une altercation avec Wayne Rooney, son équipier à Manchester United, avait entraîné l’exclusion du meilleur joueur de l’Angleterre, battue – comme d’habitude... – aux tirs au but (0-0, 3 t.a.b. à 1).

> Ronaldo dispute sa 4e Coupe du Monde et marque des buts pour sa troisième phase finale d’affilée (il ne fut pas utilisé lors de la World Cup 1994). Ses 3 goals inscrits en 2006 le propulsent meilleur buteur de l’histoire du Mondial avec 15 réalisations (4 en 1998, 8 en 2002 et 3 en 2006), soit une de mieux que l’Allemand Gerd Müller (10 en 1970, 4 en 1974). Klose lui prit ce record en 2014…

> Lors de Croatie – Australie, Josip Simunic (né à Canberra en Australie mais de nationalité croate) se voit brandir deux cartons jaunes par l’arbitre Graham Poll… qui oublie de les transformer en rouge ! Comble de l’histoire, Simunic écope d’un nouvel avertissement à la 93e. Cette fois, il est véritablement exclu par l’homme en noir.

> La Coupe du Monde 2006 est suivie par 32,5 milliards de téléspectateurs cumulés dans plus de 215 pays, contre 28,2 milliards en 2002…

Tous les résultats du Mondial 2006 ici

FINALE
9 juillet 2006 - Berlin, Olympiastadion
Italie - France (tab: 5-3) 1-1

ITALIE Buffon; Zambrotta, Cannavaro, Materazzi, Grosso; Gattuso, Pirlo, Camoranesi (86e Del Piero), Perrotta (61e De Rossi); Totti (61e Iaquinta), Toni.

FRANCE Barthez; Sagnol, Thuram, Gallas, Abidal; Vieira, Makelele, Ribéry, Zidane, Malouda; Henry.

Arbitre : Horacio Marcelo ELIZONDO (Arg).

Avertissements : Zambrotta, Sagnol, Makelele, Malouda.

Exclusion: 110e Zidane

Les buts : 7e sur pen. Zidane (0-1), 19e Materazzi (1-1).

Les tirs au but réussis ­­Italie: Pirlo, Materazzi, De Rossi, Del Piero, Grosso. France : Wiltord, Abidal, Sagnol.

Le tir au but raté France : Trezeguet.

Un hit coup de boule

Avant chaque Mondial, le foot envahit les ondes. En ce printemps 2006, la chanson la plus jouée sur les radios est celle de Sébastien Cauet. L’animateur français, alors grande star de TF1, parodie le titre Madan sorti en 2002 par Salif Keita et Martin Solveig. Sa chanson évoque les différents joueurs de l’équipe de France engagés lors de la phase finale allemande, et notamment Zizou qui a les honneurs du titre : Zidane y va marquer.

Le 10 juillet, soit au lendemain de la finale et du célèbre coup de boule de Berlin, c’est pourtant un autre hit qui va devenir n°1. Écrit en une demi-heure par les frères Lipszyc, et envoyé aux copains par e-mail, la chanson Coup de boule se retrouva sur les ondes de Skyrock, et, deux jours plus tard, était signée chez Warner Music. Sorti le 20 juillet, le single devint n°1 des ventes le 29. Traduit en 5 langues, le hit de La Plage se vendit à plus de 500.000 exemplaires à travers le monde…

Zinédine Zidane : “Je préfère mourir”

L’ancien meneur de jeu du Real Madrid et de l’équipe de France ne demandera jamais pardon à Materazzi…

Zinédine Zidane, dont le dernier match de foot s’est conclu par une exclusion contre l’Italie en finale du Mondial 2006, a dit qu’il ne demanderait “jamais” pardon à Marco Materazzi pour son coup de tête, préférant “mourir”, dans une interview au journal El Pais.

“Je demande pardon au football, aux supporters, à l’équipe... Après le match (perdu face aux Italiens en Allemagne), je suis entré dans le vestiaire et je leur ai dit : ‘Pardonnez-moi. Cela ne change rien, mais je vous demande pardon’. Mais à lui (NdlR : Materazzi) je ne peux pas. Jamais, jamais... Ce serait me déshonorer... Je préfère mourir”, affirme l’ancien capitaine de l’équipe de France.

“Si ça avait été Kaká, un type normal, un type sympa, bien sûr que j’aurais demandé pardon. Mais à ce type-là (Materazzi)...” poursuit l’ex-entraîneur à succès du Real Madrid. “Sur un terrain, il se passe beaucoup de choses. Cela m’est arrivé très souvent. Mais là je n’ai pas pu me contenir”, explique Zidane. “Parce qu’en plus... Ce n’est pas une excuse, mais ma mère était malade. Elle était à l’hôpital. Les gens ne le savaient pas, mais c’était un mauvais moment. Plus d’une fois, ils ont insulté ma mère et je n’ai rien dit. Mais là...”

Zidane ne garde pas que de mauvais souvenirs de ses adversaires.

“J’ai aussi croisé des adversaires qui m’ont fait rire. Et des arbitres très drôles. Et des coéquipiers qui me faisaient rire tous les jours, comme Ronaldo (le Brésilien), un crack dans tous les sens du terme.”

L’ancien meneur de jeu du Real (2001-2006) aime également le nouveau Ronaldo du club madrilène, Cristiano, l’international portugais. “Les gens disent que c’est quelqu’un qui se la raconte, mais c’est une personne noble. Un bon garçon et travailleur. Il se moque d’avoir la pression. S’ils le sifflent, il s’en fiche. Au contraire, il aime ça !”

Zidane regrette son coup de boule donné à Materazzi en finale de la Coupe du Monde 2006, mais ne demandera jamais pardon à l’Italien...