La grande histoire de la Coupe du Monde (7/8)

2010 > 2014
Uno, vier... et un retour diabolique

2010

Espagne

2010
AFRIQUE DU SUD > ESPAGNE

LA COPA DEL REY

Un bon début de campagne avait fait naître l’espoir d’une qualification des Diables. Mais les deux défaites en éliminatoires face à la Bosnie Herzégovine ont scellé le destin de René Vandereycken comme coach fédéral. Franky Vercauteren assura un bref intérim avant la prise de fonction, éphémère aussi, de Dick Advocaat.

La première Coupe du Monde en Afrique a couronné un grand pays de football qui n’avait jamais remporté le trophée suprême : l’Espagne, déjà championne d’Europe en titre. Grâce à un but d’Iniesta, en finale face aux Pays-Bas, l’Espagne répéta la prouesse accomplie par la RFA en 1974 et 1976.

Les Bataves s’inclinèrent à cinq minutes de la fin de la prolongation. Ils perdirent ainsi la troisième finale de leur histoire.

En Afrique du Sud, Maradona sélectionneur avait amusé le public (”Je ne suis pas de la jaquette !”) mais son équipe avait échoué (4-0) en quart de finale contre l’Allemagne.

Tous les résultats de la Coupe du Monde 2010 ici

FINALE
11 juillet 2010 - Johannesburg, Soccer City Stadium
Pays-Bas - ESPAGNE ap 0-1

PAYS-BAS Stekelenburg; Van der Wiel, Heitinga, Mathijsen, Van Bronckhort (105e van Bronckhorst); de Jong (99e van der Vaart), van Bommel; Robben, Sneijder, Kuyt (71e Elia); Van Persie.

ESPAGNE Casillas; Ramos, Piqué, Puyol, Capdevila; Busquets, Alonso (87e Fabregas), Xavi; Iniesta, Pedro (60e Navas); Villa (106e Torres).

Exclusion: 109e Heitinga (2 j.).

Le but : 116e Iniesta (0-1).

> L’hymne du Mondial Waka Waka, chanté par Shakira, s’écoule à plus de 10 millions d’exemplaires. Il est devenu le titre composé pour une Coupe du Monde le plus vendu de l’histoire.

> L’un des faits marquants de 2010 reste la grève de l’entraînement des Français, couverte par les télévisions du monde entier, à Knysna. Elle symbolisa la fracture entre le sélectionneur de l’équipe, Raymond Domenech, et ses joueurs, après l’incident avec Anelka, qui avait insulté son coach à la mi-temps du match contre le Mexique, propos qui avaient fait la Une de L’Équipe le lendemain.

> Dans les rangs du Honduras,on dénombre trois frangins : Wilson, Jerry et Johnny Palacios. Ils auraient même pu être quatre si le plus jeune, Edwin, n’était pas… mort, quatre ans plus tôt, enlevé puis exécuté pour une demande de rançon.

2014

Allemagne

2014

2014
BRÉSIL > ALLEMAGNE

ET À LA FIN, C’EST L’ALLEMAGNE QUI GAGNE

De retour au Brésil, cette Coupe du Monde semblait promise aux locaux, emmenés par Neymar, nouvelle star auriverde. Mais, comme en 1950, la Seleção allait revivre un traumatisme égal au Maracanaço, même si, cette fois, c’est l’Estádio Mineirão de Belo Horizonte qui fut le théâtre d’une des plus grandes humilations du país do futebol. En demi-finale, les Allemands giflent les Brésiliens. Le rêve auviverde s’écroule en moins de 30 minutes, avec cinq buts encaissés face à une Mannschaft déchaînée. Score final : 7-1 !

Pire : l’ennemi argentin prend, lui, le chemin du Maracaña, en écartant les plats pays : nos Diables Rouges en quarts, puis les Pays-Bas en demies.

Mais le 13 juillet 2014, dans la mythique enceinte brésilienne, l’Allemagne devient le premier pays européen à remporter une Coupe du Monde sur le sol américain, grâce à un but dans les prolongations de Mario Götze. Son quatrième titre mondial. Messi doit, lui, encore patienter pour rejoindre Maradona dans la légende argentine…

Tous les résultats du Mondial 2014 ici

FINALE
13 juillet 2014 - Stade Maracanã à Rio de Janeiro
ALLEMAGNE – Argentine a.p. 1-0

Allemagne Neuer; Lahm, Hummels, Boateng, Höwedes; Kramer (32e Schürrle), Schweinsteiger; Ozil (120e Mertesacker), Kroos, Müller; Klose (88e Götze)

Argentine Romero; Zabaleta, Demichelis, Garay, Rojo; Mascherano, Biglia; Pérez (86e Gago), Messi, Lavezzi (46e Agüero); Higuain (77e Palacio)

Le but 113e Götze (1-0)

"Le 7-1 est un fantôme qui nous hante"

Quatre ans après la déroute historique contre l'Allemagne en demi-finale du Mondial 2014, le Brésil n'a pas oublié.

"Il ne faut pas se voiler la face, le 7-1 du Mondial est un fantôme qui nous hante", reconnaît Tite, le sélectionneur brésilien. "La blessure est encore ouverte..." assure le coach qui a pris en main l'équipe aux cinq étoiles en juin 2016.

Son homologue allemand Joachim Löw admet lui aussi que la partie de Belo Horizonte a marqué sa vie: "Ce match, c'est un sujet de conversation pour le siècle. Il m'arrive moi-même de revoir les buts", avoue-t-il. "Quand on gagne 7-1 en demi-finale d'un mondial contre le pays organisateur, oui, ça reste en mémoire..."

AUX DIABLES LE MONDIAL

Un quart à défaut de mieux

Les Diables retrouvent enfin la Coupe du Monde après quatorze ans de disette.

Héros de la qualification (il inscrivit un doublé en Croatie pour assurer notre billet pour le Brésil), Romelu Lukaku connut un début de Mondial compliqué, au point de se voir chiper sa place en pointe par l’invité-surprise de Marc Wilmots, le Lillois Divock Origi, qui qualifia les Diables pour les huitièmes en marquant l’unique goal face aux Russes.

La Belgique peina en huitièmes de finale, butant sur un gardien américain, Tim Howard, en état de grâce, mais ce fut cette fois Lukaku, en joker de luxe, qui permit à notre pays de passer en quarts.

Higuain et les Argentins allaient malheureusement briser notre rêve de retrouver les demi-finales du Mondial…

La Coupe du Monde des Diables s’est arrêtée sur la pelouse du stade national Garrincha. Après une élimination, il y a forcément de la déception. Parce que les Belges n’ont pas été balayés par l’Argentine. Ils sont allés au combat, ils ont dépensé beaucoup d’énergie pour neutraliser Messi et ils n’auraient pas volé un but.

Il y a en réalité un vrai paradoxe à propos de ce match. Les hommes de Marc Wilmots ne sont pas passés loin d’un bon résultat. Mais dans le même temps, on a tendance à penser qu’il y a encore pas mal de chemin avant que la Belgique ne puisse éliminer une équipe comme celle-là. Dans l’expérience, dans le contrôle du match, l'Albiceleste était deux crans au-dessus des Belges. Preuve de la gestion argentine: le portier Romero n’a presque pas été inquiété sur l’ensemble.

Qu’a-t-il donc manqué aux Diables ? Du vécu, d’abord. Plus de rythme et de percussion, ensuite. Mais on a aussi manqué de joueurs offensifs qui parviennent à créer le danger. Exemple: Eden Hazard, qui n’est pas parvenu à poser sa griffe sur la rencontre. Mais cela arrive même aux meilleurs. Dernier manquement: un côté tueur, que possède l’Argentine en la personne de Gonzalo Higuain.

LA SÉLECTION BELGE
23 joueurs

1 Thibaut Courtois > Atlético Madrid (Esp)
2 Toby Alderweireld > Atlético Madrid (Esp)
3 Thomas Vermaelen > Arsenal (Ang)
4 Vincent Kompany > Manchester City (Ang)
5 Jan Vertonghen > Tottenham (Ang)
6 Axel Witsel > Zenit (Rus)
7 Kevin De Bruyne > Wolfsburg (All)
8 Marouane Fellaini > Manchester United (Ang)
9 Romelu Lukaku > Everton (Ang)
10 Eden Hazard > Chelsea (Ang)
11 Kevin Mirallas > Everton (Ang)
12 Simon Mignolet > Liverpool (Ang)
13 Sammy Bossut > Zulte Waregem
14 Dries Mertens > Naples (Ita)
15 Daniel Van Buyten > Bayern (All)
16 Steven Defour > Porto (Por)
17 Divock Origi > Lille (Fra)
18 Nicolas Lombaerts > Zenit (Rus)
19 Moussa Dembélé > Tottenham (Ang)
20 Adnan Januzaj > Manchester United (Ang)
21 Anthony Vanden Borre > Anderlecht
22 Nacer Chadli > Tottenham (Ang)
23 Laurent Ciman > Standard  
Sélectionneur : Marc Wilmots.

Nicolas Lombaerts : “La hype en Belgique nous a mis une énorme pression”

Nicolas Lombaerts n’a joué qu’un seul match lors de la Coupe du Monde 2014 mais était l’un des cadres du groupe de Marc Wilmots. Il se souvient surtout du fabuleux match contre les États-Unis et regrette encore l’élimination en quart de finale

“La Coupe du Monde 2014 ?” Nicolas Lombaerts fait la moue.“Le sentiment est un peu mitigé.”

Le défenseur central a adoré son expérience brésilienne à une exception près. “Il y avait une énorme hype en Belgique mais on ne le ressentait pas vraiment depuis le Brésil. Nous étions coupés du monde. Entre les matches, nous étions dans un cocon. Il n’était pas possible de nous rendre compte que c’était la Coupe du Monde. Je n’avais pas l’impression d’être au Brésil. La Coupe du Monde aurait pu être en Chine ou ailleurs, on n’aurait pas ressenti la différence au quotidien. Nous n’avons rien vu de la culture brésilienne. Dès que la compétition a été terminée, nous avons dû rentrer. Nous avons joué à Rio. J’espérais aller voir le Corcovado mais ce n’était pas possible. Il fallait faire attention à la sécurité, à la fatigue, etc. Ils auront le même souci cet été et verront peu de choses à Moscou.”

C’est en arrivant dans les différents stades qu’ils ont visités qu’il s’est rendu compte de la ferveur qui habitait le Brésil. “Au stade, c’était fou. Là on comprenait que ce n’était pas juste un match international.”

Sportivement, il regrette le match face à l’Argentine. Cette défaite par le plus petit écart lui laisse un goût amer en bouche. “Nous pouvions faire mieux mais il y avait une équipe de grande classe en face. Ce ne sont que des joueurs du top. Nous pouvions passer. C’était tellement serré. Et n’oublions pas qu’ils ont eu des possibilités pour marquer davantage. C’était une question de détails plus que de qualité. L’Argentine était un vrai bloc. En marquant avant eux, nous aurions eu nos chances. Ce n’est pas toujours le meilleur qui gagne. Ils sont passés sur un moment de génie de Gonzalo Higuain car leurs stars étaient bien contenues.”

Sur le banc durant ce match et également contre les États-Unis, il n’en a pas moins profité de ce huitième de finale. Il le qualifie encore aisément de meilleur moment de la Coupe du Monde des Belges.

“Contre les États-Unis, c’était un climax dingue. Puis un soulagement fou à la fin du match. C’était encore plus chouette de gagner comme ça que 5-0 sans suspense. Au niveau de la qualité, c’était excellent. Nous n’avons pas joué un football champagne avant ça mais dans ce match-là il y avait tout. Sans un grand Tim Howard (NdlR : le gardien américain), c’était peut-être 5-0.”

"Si tu perds sur une bourde, tu es la honte du pays"
Nicolas Lombaerts

Nicolas Lombaerts le souligne : le début de compétition n’était brillant. Les résultats ont suivi avec un neuf sur neuf mais le football n’était pas au rendez-vous.

“Contre l’Algérie nous étions stressés. Les attentes étaient grandes. Il y avait une pression énorme venue de Belgique. C’était la première Coupe du Monde de notre génération, nous avons eu du mal à nous mettre dedans, personne ne voulait faire d’erreur. Si tu perds sur une bourde, tu es la honte du pays. C’était une victoire importante car nous étions soulagés. Cela nous a aussi permis de lever le pied pour le dernier match.”

Il a pu prendre part à la dernière rencontre de poule face à la Corée du Sud. Un souvenir impérissable pour le joueur d’Ostende.

“C’était spécial pour moi. Je me disais déjà à l’époque que c’était peut-être ma seule chance d’être à une Coupe du Monde et c’est le cas. Je suis content de pouvoir raconter à mes petits enfants que j’ai joué un match en Coupe du Monde. Puis, selon les stats, je n’ai pas donné la moindre mauvaise passe. Du 100 % (rires). Nous avons longtemps joué à dix, ce n’était pas simple mais nous nous en sommes bien sortis.”

"Au Brésil, il y avait une super atmosphère dans le groupe"
Nicolas Lombaerts

Les Diables ont passé un mois loin des paillettes lors de leur passage au Brésil.

“Disons que beaucoup de Belges ont de plus beaux hôtels en vacances en Espagne. Le confort était toutefois suffisant. Puis, j’ai dû un peu réclamer pour le Wifi. Quand tu es longtemps à l’étranger, c’est le plus important.”

Heureusement pour Lombaerts et les 22 autres Diables l’ambiance était au beau fixe.

“Au Brésil, il y avait une super atmosphère dans le groupe. Tout le monde me demande si tout ce qu’on a dit à ce sujet est vrai, et honnêtement j’ai rarement connu un groupe pareil. On se connaît depuis très longtemps, il y a beaucoup de bons amis. Dans ce genre de grands tournois, c’est crucial.”