Le téléviseur du futur
Taille, format, design, performances… : à quoi ressemblera la télévision de demain ?
Les leaders du marché télévisuel se livrent actuellement une bataille acharnée pour convaincre des avantages indispensables de leurs écrans. Depuis la création de la télévision, les marques ont toujours tenté de se réinventer. Design, technologies utilisées, contenu proposé... : les éléments d'amélioration sont multiples et son évolution ne semble pas connaître de limite. Les constructeurs n’hésitent d’ailleurs pas à sortir l’artillerie lourde en matière de marketing pour nous en persuader et nous pousser à l’achat dans un secteur où la croissance s’est tassée en 2019 (+1,4% contre 3,4% en 2018 d'après le cabinet de conseil IHS Markit).
Ces pratiques sont particulièrement visibles à l’approche de grands évènements sportifs qui sont l’occasion rêvée pour les entreprises d’exhiber leurs technologies dernier cri et tenter de séduire le consommateur. 2020 représente par exemple une année charnière avec les Jeux Olympiques qui se dérouleront à Tokyo ou bien l’Euro de football.
Pourtant, par le passé, de nombreuses technologies vantées tout un temps sont passées à la trappe faute d’intérêt de la part du public, par manque de soutien des autres acteurs (notamment au niveau de la production de contenu) ou tout simplement à cause de coûts de production trop élevés. Qui de nos jours parle encore par exemple des écrans à plasma ou des télévisions 3D ? Néanmoins, à leurs sorties, ces innovations avaient enchanté les amateurs de nouvelles technologies qui voyaient en elles le futur de la télévision.
Chaque tentative des constructeurs pour proposer le téléviseur de demain est donc un risque, un pari. Il n’existe pas de formule gagnante.
Aujourd’hui, plusieurs pistes sont privilégiées par les acteurs du milieu télévisuel. Si ceux-ci continuent sur ces voies, et à moins d’une révolution technologique soudaine, voici donc à quoi pourraient vraisemblablement ressembler nos écrans d’ici une dizaine d’années.
Design: deux grandes tendances complémentaires
S'il y a bien une constante qui se vérifie ces dernières années, c'est la volonté d’affranchir le produit de ses contraintes actuelles : la taille encombrante du téléviseur et l'écran lorsqu'il n'est pas utilisé.
Nombre de consommateurs sont demandeurs d'un produit toujours plus grand, toujours plus "tape à l’œil" et incorporant les technologies dernier cri. La taille est de plus en plus importante car elle permet aux spectateurs d’être immergés par ce qu’il se passe à l’écran.
Les constructeurs , s’ils souhaitent rester concurrentiels, sont ainsi dans l'obligation de poursuivre cet idéal. Ils vont donc proposer des écrans plus grands qui répondent à cette demande et qui, par la force des choses, prennent plus de place dans l’habitation. Par conséquent, lorsque la télévision est en veille, c’est également un plus grand bloc monolithique noir, statique, qui est présent et qui dénote avec l’intérieur.
Les constructeurs ont bien réalisé qu’il s’agit là de réelles problématiques auxquelles il faut remédier et plusieurs moyens sont étudiés pour tenter d’y répondre.
Lors de l’édition 2020 du Consumer Electronics Show (CES) qui s’est déroulée à Las Vegas, plusieurs modèles ont été exposés et ont illustré parfaitement cette vision nouvelle de la télévision. Même si la frontière entre les différentes tendances est parfois ténue, deux dynamiques complémentaires semblent caractériser les stratégies principales adoptées pour le téléviseur du futur:
D’un côté, une télévision qui s’efface, qui se fond dans le décor. De l’autre, une télévision hyperconnectée, qui constitue une véritable expérience pour l’utilisateur.
La télévision intégrée
L’une des solutions proposées pour économiser de l’espace et ne plus dénaturer l’habitation consiste à intégrer au mieux le téléviseur dans celle-ci. Voire à le faire complètement disparaître.
C’est le parti pris de la marque LG qui a exposé un modèle pour le moins prometteur lors du CES 2020 : une télévision enroulable. Véritable star du salon. Déjà présentée l’année dernière, la nouveauté tient ici du fait que l’écran s’enroule au plafond (contre un écran qui s’enroulait dans un socle au sol auparavant) afin d’occuper le moins de place possible. De cette manière, la télévision ne vient plus perturber de manière disgracieuse son chez-soi.
Une autre idée qui revient régulièrement chez les différents constructeurs est la disparition de l’écran noir de veille. Par exemple, en y projetant des images, des peintures pour amener directement l’art dans le salon ou simplement en faisant en sorte qu’il se confonde avec le mur sur lequel l’écran repose. Que les plus exigeants se rassurent tout de suite : la consommation énergétique n’est pratiquement pas impactée par ce mode d’utilisation. Le modèle ‘’The Frame’’ de Samsung a une consommation d’énergie annuelle moyenne tout à fait respectable de 176 kWh par exemple.
Le but recherché ici est en réalité de faire oublier au maximum l’existence du téléviseur, de l’intégrer harmonieusement au sein du foyer.
L'expérience télévisuelle
L’autre grande tendance veut que la télévision constitue une véritable expérience, avec une fonction presque centrale dans la maison, avec laquelle les interactions sont plus nombreuses et plus poussées.
La télévision qui pivote à la verticale était l’un des concepts intéressants du CES qui illustre parfaitement cette volonté. L’intérêt se trouve ici dans la connectivité avec le smartphone. Horizontalement, la télévision s’exploite de manière classique mais, une fois connectée à son GSM, l’écran se tourne verticalement et permet de visionner et de consommer de manière ergonomique le contenu mobile. Ainsi, naviguer sur Instagram ou Facebook se fait de manière beaucoup plus intuitive. Il s’agit cependant d’un produit qui visera surtout les plus jeunes ou les plus férus d’hyper-connectivité. Les autres y verront là certainement plutôt l’aspect ‘’gadget’’ du produit.
Par contre, The Wall Luxury était peut-être l’élément le plus intéressant montré au Nevada. Cette télévision Samsung composée d’écrans MicroLED à assembler à sa guise et qui permettent de choisir la taille et le format de son écran. L’écran peut donc tout aussi bien s’adapter parfaitement à l’intérieur qu’aux utilisations multiples du téléviseur: ‘’Aujourd’hui, regarder la télévision ne consiste plus à simplement regarder un écran statique. Les gens souhaitent de plus en plus interagir avec leur TV: surfer sur internet, écouter de la musique, regarder des films et des séries en streaming, profiter de la connectivité avec les autres appareils de la maison…‘’, affirme Peter Vanden Bossche, Product Manager chez TV Samsung. ‘’Il est important pour nous de rendre cette interactivité possible et intuitive’’.
Cette recherche d’expérience télévisuelle vise donc la personnalisation du produit, qui s’adapterait au consommateur plutôt que l’inverse. Le téléviseur deviendrait plus qu’un téléviseur. Il serait le reflet des envies de l’utilisateur.
Le design des télévisions du futur se caractérisera certainement par un habile équilibre entre les deux grandes tendances exposées ici. Il est tout à fait envisageable de retrouver, d’ici une dizaine d’années, des produits qui seraient dans les faits beaucoup plus personnels, multiusages mais également moins invasifs.
Résolution: la 4k vs la 8k
Alors que le contenu 4k (3840x2610 pixels ou Ultra HD) commence seulement à se développer, les leaders du marché télévisé semblent déjà passés à la vitesse supérieure. En effet, les différents constructeurs présents au salon cette année n’avait que la résolution 8k à la bouche. Soit une résolution d’image de 7680 × 4320 pixels. Deux fois plus que la 4k.
Pour le téléspectateur cela sera donc intéressant dans la mesure où un nombre important de pixels garantissent plus de détails à l’écran, une plus grande richesse dans les couleurs et des contrastes plus profonds. L’expérience télévisuelle s’en retrouvera donc enrichie. Une question se pose tout de même: la différence entre la 4k et la 8k est-elle si significative qu’elle justifie l’achat d’un nouvel écran ?
De plus, il faut bien reconnaître que l’intérêt actuel est pratiquement nul car les sources de contenus en 8k sont relativement pauvres pour ne pas dire inexistants. Mis à part des séries sur Netflix, certains évènements sportifs (Jeux Olympiques, Coupe du monde de rugby…) ou bien encore des jeux vidéos, l’offre 8k n’est clairement pas considérable et son attrait présent est négligeable.
Les ventes le prouvent d’ailleurs: sur les 226 millions de téléviseurs vendus dans le monde en 2019, seuls 400 000 étaient équipés de la technologie 8k selon IHS Markit !
‘’Il faudra attendre quelques années avant que ce type de télévision se retrouve dans le salon de monsieur et madame Tout-le-Monde’’, explique Jennifer Mertens, journaliste chez Geeko. ‘’Avec un prix d’entrée à plusieurs milliers d’euros, rares sont les personnes à pouvoir (ou vouloir) s’offrir un tel produit. De plus, à l’heure actuelle, peu de contenus sont compatibles avec cette qualité d’image. Il est donc peut-être préférable d’attendre que ce type de technologie se démocratise et que les créateurs de contenus et vidéastes s’équipent de matériel adéquat’’.
Il est en effet raisonnable d’espérer une démocratisation de la 8k dans les 10 ou 15 ans à venir. Comme pour toute nouvelle technologie, il y a tout d’abord un temps d’ingestion, d’adaptation. A titre de comparaison, la résolution 1080p n’est devenue le standard qu’aux alentours de 2014 alors qu’elle existait déjà depuis une dizaine d’années. La 4k, elle aussi, ne commence seulement à se développer réellement alors qu’elle a été officiellement annoncée en 2013.
Si la 8k suit le même parcours, elle apparaît donc aujourd’hui comme la résolution qui caractérisera les téléviseurs du futur, ce qui profitera à l’expérience télévisuelle des consommateurs.
La technologie : la révolution MicroLED
Le MicroLED s’impose comme la technologie incontournable qui équipera probablement les télévisions à l’avenir. Le MicroLED est en quelque sorte un condensé des meilleurs technologies actuellement sur le marché et il devrait permettre d’obtenir des résultats incroyables à l’écran. Comme son nom l’indique, il est constitué de LED microscopiques qui produiront potentiellement des performances supérieures aux normes actuelles.
Luminosité élevée, couleurs vives, noirs absolus, réactivité importante (pour moins d’effet de flou à l’écran), angles de vision étendus et produit moins énergivore: voici les promesses que cette nouvelle technologie espère matérialiser.
Le MicroLED est notamment utilisée dans le modèle The Wall Luxury, présenté précédemment, avec son écran modulable : « Pour Samsung, le MicroLED est l’avenir et la révolution dans le domaine de l’affichage intelligent. Cette nouvelle technologie vous permet de rendre votre écran de télévision aussi grand que vous le souhaitez. Il suffit d’ajouter des panneaux MicroLED. Comme les dalles n’ont pas de cadre, il n’y a pas de frontières entre les modules », explique le Product Manager de TV Samsung. « La technologie MicroLED optimise le contenu en tenant compte de la taille et de la forme. L’écran MicroLED s’adapte pour augmenter la résolution tout en maintenant une densité de pixels constante. La lumière de toutes ces dalles permet d’obtenir des couleurs vives sur l’écran et une qualité d’image sans précédent ».
Onéreux avant la démocratisation
Il est évident que les premiers modèles des télévisions du futur seront particulièrement coûteux. Ils ne s’adresseront qu’aux bourses qui peuvent se permettre de telles dépenses. Certaines télévisions sont vendues par exemple à plusieurs dizaines de milliers d’euros, voire plus !
A l’arrivée de chaque innovation, il y a tout d’abord une période d’acclimatation, tant pour les consommateurs que pour les industries. Ces dernières devront d’abord apprivoiser les nouvelles technologies. En l’occurrence la 8k et le MicroLED. A terme, la diminution des coûts de production devraient leur permettre de proposer des produits plus abordables.
Cette dynamique ne sera par contre possible que si les autres acteurs du marché télévisuel (plateformes de streaming, câble, opérateurs, cinéma, jeux vidéo) soutiennent ces avancées. Notamment sur le plan de la production de contenu adapté aux nouveaux standards.
Sans ce contenu, les consommateurs ne verront pas l’intérêt d’opter pour de nouveaux écrans et l’évolution vers le futur de la télévision ne pourra pas pleinement se réaliser.