Les 40 ans du walkman
Tour de piste des choses que vous ne savez peut-être pas sur le mythique baladeur.
Les mythiques baladeurs à cassette fêtent leur quarantième anniversaire cette année. Si les plus jeunes ont sans doute connu ce produit devenu désuet dans des séries à succès comme Stranger Things ou dansdes films comme Guardians of the Galaxy, le walkman a pourtant révolutionné à tout jamais la manière dont on écoute la musique.
Alors que les premières radios portables sont mises sur le marché dans les années 50 et 60, Sony va plus loin en créant en 1979 au Japon un objet qui permet d’écouter sa propre musique, où l’on veut et quand on veut. Les chansons deviennent portatives et se glissent dans la poche, plus besoin de rester chez soi et proche de sa chaîne stéréo pour écouter sa cassette. Le walkman s’est vendu à plus de 200 millions d’exemplaires dans le monde et même si la firme japonaise a arrêté de produire ce type de lecteurs en 2010, il reste un accessoire nostalgique pour toute une génération. Tour de piste des choses que vous ignorez peut-être sur le walkman.
D'abord un enregistreur pour les astronautes
À l’origine de la saga Walkman, il y avait donc le TPS-L2 de Sony, le premier baladeur mis sur le marché en juillet 1979. Enfin, ça c’est la version dite officielle. Car à y regarder de plus près, le concept a une dizaine d’année de plus et s’est illustré ailleurs que sur Terre. Car il convient de rendre à César ce qui lui appartient. En fait, l’ancêtre du fameux Walkman, c’était le TC-50, toujours de Sony. C’était un enregistreur "miniature", à cassettes bien sûr, qui ressemble à s’y méprendre – mais en plus épais - au premier Walkman commercialisé dix ans plus tard.
Conçu par les ingénieurs de Sony en 1968, c’était l’époque un condensé de haute technologie qui en faisait l’enregistreur le plus petit jamais réalisé. En tant que dictaphone, il avait avant été développé tout pour capter capter du son grâce à son micro intégré, même s’il comportait un petit haut-parleur et la possibilité d’en brancher un à l’extérieur. Il ne comportait pas de prise pour y brancher un casque d’écoute mais uniquement un petit haut-parleur intégré. Il était si fiable et ergonomique qu’il a été utilisé par les astronautes de la NASA durant le programme Apollo qui a conduit l’homme sur la Lune. Il est apparu pour la première fois lors de la mission Apollo 7 (17-22 octobre 1968), la première qui était habitée, avant de graviter autour du satellite naturel de la Terre en mai 1969 avec Apollo 10. Un TC-50 apparaît d’ailleurs dans le film First Man sorti l’an dernier qui retrace la conquête de la Lune.
Le walkman ne s'est pas toujours appelé comme ça
Le premier nom qui a été suggéré par la société nippone était "Sony Disco Jogger". Pas sûr que si cette appellation était restée, le destin de ce produit aurait été identique ! Le premier modèle mis en vente, le TPS-L2, était d’abord baptisé "Soundabout" en Amérique, au Royaume-Uni, il prenait le nom de "Stowaway" et en Australie et en Suède, il s’appelait "Freestyle". Ce n’est qu’au Japon que le baladeur répondait au nom de "Walkman".
Lors d’un passage dans la capitale française, le vice-président de Sony, Aki Morita, rencontre les enfants de ses employés qui lui demandent quand est-ce qu’ils pourront se procurer ces fameux walkmans. Le patron décide alors d’appliquer le nom original à l’international. Le mot walkman fait même son entrée dans le Oxford English Dictionnary en 1986 et devient donc officiellement un mot anglais.
Le walkman est né grâce à l’opéra et au Golf
Si le walkman a été créé, c’est notamment parce que son co-fondateur Masaru Ibuka voulait être en mesure d’écouter de l’opéra pendant ses vols d’avion longs et fréquents. Norio Ogha, un designer de Sony, s’attelle à la tâche et construit un prototype du Pressman, un enregistreur destiné aux journalistes et dépourvu de son stéréo. Le souhait du fondateur n’aurait cependant pas été exaucé. Selon les rumeurs, les batteries se seraient épuisées en plein vol ou bien les cassettes disposées dans le lecteur auraient été vierges.
L’idée viendrait également de Akio Morita, l’un des boss de Sony et fan inconditionnel de golf, qui aurait demandé à ses ingénieurs de concevoir un petit objet léger avec un casque pour écouter de la musique lors de ses parties de golf.
Sony était réticent vis-à-vis de son invention
Lorsque le premier modèle est lancé en 1979, le succès est immédiat. Son poids léger (un boîtier de 390 grammes et un casque de 45 grammes), son prix abordable (120 euros), mais aussi son look moderne gris et bleu (pour rappeler la couleur des jeans, très tendance à cette époque chez les jeunes) sont des éléments qui participent à cet exploit. Au bout de deux ans, l’appareil est vendu à plus d’1,5 million d’exemplaires. Au bout de dix, les ventes atteignent les 50 millions, puis les 150 millions en 1995.
Au début de l’aventure, les équipes chargées du marketing chez Sony n’étaient pourtant pas du tout convaincues par le produit. Akio Morita a même dû insister et argumenter sur le potentiel du baladeur. Lors de la présentation officielle, la presse a beaucoup critiqué le projet en déclarant que personne ne serait intéressé par un lecteur de cassette qui ne fait pas enregistreur. Sony ne s’est pas laissé décourager pour autant et s’est focalisé sur les jeunes et les célébrités pour générer de la demande. Certaines personnes ont même été engagées par la société pour descendre dans la rue et faire connaître le walkman en leur faisant écouter de la musique. Une stratégie qui s’est avérée payante.
Le "Walkman effect"
Le walkman était devenu un tel phénomène à l’époque qu’il est même devenu un terme utilisé en sociologie. Inventé par le professeur Shuhei Hosokawa en 1984, le concept de « walkman effect » pointe du doigt la prolifération de l’utilisation de ce type d’appareils dans l’espace public. Il estime que les gens s’impliqueraient moins dans l’environnement qui les entoure car ils concentrent leur attention uniquement sur leur baladeur. Cet effet fait évidemment écho à ce qu’il se passe encore aujourd’hui avec les smartphones où l’on se retrouve coupé du monde la tête rivée sur notre écran.
Les gens ont davantage marché grâce au walkman
Selon le magazine américain The Time, les gens auraient été plus amène à faire du sport car ils pouvaient dorénavant rendre l’exercice plus distrayant en écoutant de la musique. La revue note une augmentation de 30 % de personnes faisant du sport entre 1987 et 1997, le même moment où les walkmans étaient au top de leur popularité. "Presque immédiatement, il était devenu courant de voir des gens faire de l'exercice avec ce nouvel appareil ", écrit le producteur amérciain Richard James Burgess dans The History of Music Production (2014). "Une musique personnalisée appropriée soulage l'ennui et la douleur de l'exercice répétitif."
Ils se vendent très cher aujourd'hui
Si quasi tout le monde aujourd’hui possède un smartphone et écoute de la musique via les plateformes de streaming, la demande pour les walkmans est toujours présente. Cet objet devenu culte et représentatif d’une époque peut se vendre à des sommes astronomiques sur des sites comme Ebay. Les premiers modèles peuvent se revendre jusqu’à plus de 1500 euros et un modèle identique à celui de Marty McFly dans le film Retour vers le futur s’est même vendu à 11 950 euros, soit 40 fois son prix initial.
L’année dernière, plus de 15 000 exemplaires de toutes les marques ont été vendus dans le monde.
Sony réédite une nouvelle version pour ses 40 ans
Pour fêter les 40 ans de ce produit révolutionnaire, Sony a décidé de sortir une nouvelle édition de son walkman au format digital. Le baladeur remis au goût du jour a été présenté au salon de l’IFA 2019 à Berlin qui présente toutes les nouveautés high-tech début septembre. Il va reprendre les traits du premier modèle sorti en 1979 à la seule différence qu’il ne pourra plus accueillir de cassettes. Il sera composé d’un petit écran où l’on pourra faire défiler ses chansons et équipé d’un économiseur d’écran qui imite la lecture d’une cassette. La sortie de ce lecteur est prévue pour le mois de décembre et se vendra pour 440 euros tout de même.
