Olivier Rochus

"J’ai eu une carrière exceptionnelle"

«Qu’est-ce que ce petit est grand !»

La réflexion fuse de la bouche d’un certain Roger Federer. Tombé, après tant d’autres, sous le charme tennistique de cet adversaire, pas plus haut que trois pommes et qui, pourtant, a eu le toupet de s’offrir, face au géant suisse, la bagatelle de deux balles de match.

C’est tout cela Olivier Rochus. Un talent inné, une main magique, une passion sans mesure pour un sport, le tennis, où il ne fait pourtant pas bon vivre quand, sous la toise, on n’atteint même pas les 170 centimètres ! Mais l’espace de quatorze années, Olivier Rochus, malgré ses centimètres trop courts, n’a eu cesse de satisfaire le public par son agilité raquette à la main, tout en se présentant, pour ses adversaires, comme un morceau très dur à croquer. Membre à part entière du top 100 mondial pendant ces presque 15 ans, propriétaire de deux titres en simple et, surtout, d’une victoire en double à Roland-Garros avec son complice de toujours, Xavier Malisse, Olivier Rochus s’est inscrit comme un monument atypique dans le patrimoine du tennis belge.

Qu'est-il devenu ? Rencontre avec le joueur professionnel de tennis qui a mis un terme à sa carrière au tournoi de Mons en 2014... Il y a 4 ans déjà !

QUE FAITES-VOUS AUJOURD’HUI ?

« Actuellement, je suis le coach personnel d’Arthur Degreef, que j’accompagne un minimum de 15 tournois par an à l’étranger, et dont je gère la préparation lorsque ce dernier est en Belgique. Globalement, ce rôle de coach m’occupe donc 25 semaines par année. »

C’EST VOUS QUI GEREZ SON CALENDRIER ?

« On fait cela à deux. Là il est dans une période moins faste, il a quelque peu perdu confiance, donc forcément ses résultats sont moins bons et son classement mondial à la baisse. Cela nous mène à quelque peu revoir son calendrier, puisqu’en fonction de son classement actuel, il va devoir repasser par les qualifications dans nombre de tournois Challengers. »

EN QUOI CE RÔLE DE COACH VOUS APPORTE-T-IL DES SURPRISES ?

« Quand vous êtes joueur, c’est vous qui avez les cartes en main, c’est vous qui allez jouer le coup. Et là je me rends compte qu’être coach, donc être à côté du jeu, c’est beaucoup plus stressant que de jouer soi-même. En fait, là où je peux apporter le plus, c’est sur l’aspect tactique et mental, car sur le plan technique, à 25 ans, Arthur Degreef est formé. C‘est donc difficile, à cet âge-là, de lui demander de modifier certains gestes qu’il pratique depuis tant et tant d’années. »

VOUS AVEZ ENVIE DE POURSUIVRE DANS CETTE VOIE DE COACH ?

« Oui, tant que mon élève me montre qu’il a envie de progresser, qu’il est à l’écoute de mes conseils et qu’on s’accorde sur le plan tactique. Si vous me demandiez de m’occuper d’un joueur très fort mais qui n’écoute rien, du genre Gael Monfils, alors je préfèrerais mettre un terme à cette collaboration. Il faut que le joueur soit à l’écoute... »

COMMENT S’EST DEROULE VOTRE PASSAGE DE LA LUMIERE A L’OMBRE ?

« En arrêtant ma carrière de joueur, je savais que cela prendrait un peu de temps avant de trouver ma voie. Mais comme l’AFT m’a très vite demande de m’occuper de joueurs en devenir, tout s’est passé en douceur. Et le reste de mon temps libre je le consacre à ma passion pour le golf, un sport dans lequel je vais passer tous les examens pour obtenir le statut de joueur pro. »

VOUS EST-IL ARRIVE DE VOUS ENNUYER ?

« Oui, je ne le cache pas. Par exemple, l‘année dernièrej’ai très peu travaillé car il y avait eu une rupture avec Arthur Degreef, et oui, parfois, le temps me paraissait long, surtout qu’en Belgique la météo n’a rien de sublime. Il m’arrivait donc de me lever en me demandant ce que j’allais bien pouvoir faire de ma journée. C’est sûr qu’on se sent mieux quand on est occupé... »

L’ABSENCE DE TOUTE FORME DE MEDIATISATION ?

« Cela ne me touche pas du tout. Et puis, il arrive encoresouvent que les gens me reconnaissent, et me glissent un messagepositif, du genre « encore merci pour tout ce que vous avezfait pour le tennis belge », voire « on a regardétellement match de Coupe Davis avec vous, vous nous avez faitvibrer ». C’est gentil, cela fait plaisir, et comme celam’arrive encore assez souvent, j’apprécie ce contact avec lepublic... »

ALORS, HEUREUX ?

« Oui, tout se passe bien en ce moment. L’année dernièrefut plus difficile, mais là tout baigne. Et si j’obtiens mondiplôme pro en golf, je pourrai soit donner des cours de golf, soitparticiper à des compétition de golf pour les pros. Ce serait unnouveau challenge sportif qui m’excite beaucoup... »

A CHOISIR ENTRE UNE FINALE AVEC FEDERER OU UN TOUR FINAL DE WOODS, SI LES DEUX EVENEMENTS SONT DIFFUSES A LA MÊME HEURE, LEQUEL PRIVILEGERIEZ-VOUS ?

« Franchement, je couperais le tout en deux. Je regarderaisquelques trous de Woods, puis je zapperais sur le tennis pour voir lescore du match de Federer et regarder la fin de son set. Mais s’ilfallait vraiment opter pour l’un et pas pour l’autre, alorsj’opterais pour le tennis »

QUELLE EST VOTRE PLUS GRANDE FIERTE EN REGARD DE VOTRE CARRIERE ?

« C’est d’avoir eu une aussi longue carrière, d’avoirjoué 15 années sans interruption en Coupe Davis, d’avoirparticipé à trois Jeux Olympiques. Mais ma plus grande fierté,c’est d’être parvenu à rester plus de 15 ans dans le top 100mondial alors que j’étais le plus petit joueur, en taille, sur lecircuit. Battre autant de joueurs du Top 10 mondial que je l’aifait, avec 1,65 m et 60 kilos, c’est quelque chosed’exceptionnel. »

VOUS VOUS ETES SURPRIS VOUS MÊME ?

« Franchement, oui. Et plus encore aujourd’hui, avec lerecul, que lorsque j’étais dans l’action. Là je n’avais pasvéritablement la portée des résultats que je pouvais signer alorsque sur le plan physique je rendais autant de centimètres et dekilos à mes adversaires. Car n’oublions pas qu’au tennis cen’est pas comme en boxe ou au judo, il n’existe pas decatégories, on met tout le monde dans le même panier, que vousmesuriez 1,20 m ou 2m ! »

Le CV d’Olivier Rochus

Nationalite :Belge

Naissance : né le 18 janvier 1981 à Namur

Taille : 1,68 m

Poids : 65 kg

Gains en tournois : 4.905.754 $

Palmarès en simple :

Vainqueur de l’Open de Palerme en 2000

Vainqueur de l’Opende Munich en 2006

Finaliste à : Copenhague (2002 et 2003) ; Auckland (2005) ; Bombay(2006) ; Stockholm (2009) ; Newport (2010 et 2011); Auckland (2012)

Meilleurclassement en simple à l ATP : 24e (17/10/2005)

Palmarès en double :

Vainqueur du tournoi Roland Garros (avec Xavier Malisse) en 2004

Vainqueur du tournoi d’Adélaïde (avec Xavier Malisse) en 2005

Meilleur classement en double à l’ATP : 29e (05/07/2004)

Meilleurs résultats en Grand Chelem :

1/8e de finale à Roland-Garros, Wimbledon et l’US Open

Vainqueur du tournoi Juniors à Wimbledon en double (avec Roger Federer) en 1998

Vainqueur de l’Orange Bowl et du tournoi des Petits As

Numéro 1 mondial des 14 ans

Révélation de l’année (2000) de l’ATP