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Red Lions

l’autre génération dorée face à son destin

Neuf ans après, d’un exploit à l’autre ?



Championnat d’Europe 2007, Manchester, le 26 août. Après plus de trente ans d’absence aux JO, les Red Lions accrochent une qualification aussi jubilatoire qu’inattendue pour les Jeux de Pékin. Lors de la petite finale, les Belges scalpent la Mannschaft à deux secondes du terme grâce à un plongeon salvateur de Jérôme Truyens. Cerise sur le museau, les Lions s’offrent une médaille de bronze, la première de leur histoire à l’Euro.


Un groupe incroyablement soudé, une équipe qui n’a jamais aussi bien porté son surnom, du talent à tous les étages de la fusée noire-jaune-rouge dessinée par le coach Adam Commens. Les Red Lions décollaient pour retrouver la stratosphère olympique et ne plus la quitter depuis.

Neuf ans après, quels héros de cette campagne miraculeuse s’affublent encore de la vareuse nationale? Ils sont trois et s’intitulent Thomas Briels, Jérôme Truyens et John-John Dohmen. Ce dernier, qui n’avait même pas 20 ans en 2007 a fait du chemin jusqu’à s’emparer du brassard de capitaine. "Collectivement, nous avons fait le match de notre vie. Nous avons formé un bloc. Rien ne pouvait nous arriver et nous arrêter." Voilà ce qu’il déclarait après ce premier coup d’éclat.

Une dynamique et un état d’esprit que John-John et ses troupes ont reproduit à de nombreuses reprises avec des sacres à la clé au Champions Challenge en 2011 ou encore au troisième tour de World League face au géant australien en 2013. Sans oublier la médaille d’argent décrochée lors de l’Euro à domicile la même année.



L’équipe a également connu quelques down ces deux dernières années avec des éliminations précoces à la Coupe du Monde 2014 ou au Championnat d’Europe l’an dernier. Mais au fil des années, les Red Lions se sont solidement installés comme l’une des nations du Big Five mondial aux côtés de l’Australie, des Pays-Bas, de l’Allemagne et de la Grande-Bretagne.

Car le formidable crew de 2007 constitué entre autres de Luycx, des frères Vandeweghe ou de De Greve a laissé place à une génération exceptionnelle. Avec Vanasch, Van Doren, Boon ou van Aubel, les ambitions du hockey belge ont été amplifiées. Leurs aînés ont lancé la machine, il leur faut désormais la mener au sommet. Et pour que le projet "Road to Rio" ne se transforme pas en "Rio ne répond plus", l’équipe pétrie d’une précieuse expérience au haut-niveau sait qu’elle devra à nouveau "former un bloc."

Neuf ans après, le hockey belge n’attend qu'une chose : vibrer à nouveau devant le "match de leur vie".



CHAPITRE 1

Les Lions rugiront-ils de plaisir à Rio ?


Lors des prochains JO, les Red Lions cristalliseront donc l’un de nos plus grands espoirs de médaille. Mais quelles sont leurs chances de faire résonner la Brabançonne au sommet du podium ?

"A l’heure actuelle, on manque de points de repères. Mais le groupe est arrivé à maturité et contient beaucoup de qualités, du potentiel et surtout de l’expérience qui se révèle essentielle en vue d’aborder ce grand rendez-vous", nous explique Alain Geens, ancien entraîneur des Red Lions et vieux sage du hockey belge.

Car ces quelques années parmi le Top mondial ont permis aux Belges de se forger une assise, une légitimité et de s’inscrire dans une dynamique pérenne. "Ils l’ont prouvé ! Les Red Lions sont capables de battre tout le monde", soutient Jean-François Rémy qui commente les matchs de l’équipe nationale sur BeTV.

A quatre mois de l’événement, nombreux sont ceux, qu’ils soient joueurs ou observateurs, qui évoquent le fait que, selon la formule consacrée : "cela se jouera sur des détails. Il faudra jouer match par match et être à 100% au bon moment". Une rhétorique classique même si le groupe ne cache pas son but ultime en août prochain.



Avec une troisième olympiade consécutive et des performances notables et régulières dans les grands rendez-vous, ils se présentent désormais avec des ambitions clairement affichées : une médaille à Rio. "A Londres en 2012, notre objectif était le Top 6 et nous avions fini cinquième à la surprise générale", analyse Maxime Luycx, ex-Red Lions, "cette fois-ci, ils annoncent leur envie de médaille, ce qui est légitime. Maintenant, ils doivent veiller à ne pas trop se mettre la pression". Dans l’histoire des JO, nos hockeyeurs n’ont glané qu’une seule breloque. Celle de bronze. C’était à Anvers en… 1920.

Après un stage en Afrique du Sud au mois de janvier dernier où elle a disputé quelques test-matchs face à l’Espagne ou l’Irlande, l’équipe nationale a retrouvé son train-train au plat pays avec quatre séances d’entraînement hebdomadaires. Un programme intensif auquel se grefferont plusieurs rencontres amicales, un premier Fan Day où les Red Lions espèrent affronter les Pays-Bas en match de gala et enfin un Champions Trophy, qui se révélera un test prépondérant à deux petits mois de l’olympiade…

Programme prévisionnel des Red Lions

28 mai : Premier Fan Day des Red Lions au Beerschot.
10 au 17 juin : Champions Trophy à Londres (Allemagne, Australie, Belgique, Corée, Grande-Bretagne et Inde).
14 au 17 juillet : Düsseldorf Masters (Allemagne, Belgique, Grande-Bretagne et Pays-Bas).
25 juillet : Départ de l’équipe nationale pour le Brésil.
6 août : Coup d’envoi du tournoi olympique à Rio de Janeiro.
18 août : Finale du tournoi olympique à Rio de Janeiro.

Shane McLeod, l’homme de la situation



En 2015, les Red Lions ont goûté à un cru contrasté : ils ont composté leur billet pour les JO devant leur public à Anvers avant de s’effondrer à l’Euro au mois d’août. A la suite de cet échec cuisant, Jeroen Delmée, une légende du hockey mondial, rendait son tablier et Shane McLeod reprenait le flambeau. Pour son premier rendez-vous, ce fut une réussite: les Belges croquèrent l’argent en finale de la prestigieuse World League en Inde.

"Lorsque Jeroen a décidé de mettre fin à l’aventure à la tête des Red Lions, nous avons attendu un mois avant de le remplacer. Nous avons pris le temps d’écouter les joueurs, le staff, etc. Ce fut un luxe de décider quel serait son successeur dans le calme et la sérénité. Ça n’aurait sans doute pas été possible dans le cas du football par exemple", raconte Marc Coudron.

Au-delà de ses qualités, le nouvel entraîneur est parvenu à générer du plaisir et une atmosphère positive mais surtout à libérer un peu de folie dans le jeu tricolore, qui était apparu trop stéréotypé. "Ce qui est primordial aussi, c’est qu’il fait l’unanimité au sein du groupe", approuve Alain Geens. "Il a prouvé ses qualités dans le passé, il connaît très bien la Belgique et est très ouvert", ajoute Max Luycx.



Enfin, il offre une certaine autonomie à chaque joueur. Une façon de travailler qui plaît notamment à Tom Boon. "Shane insiste pour que chacun trace sa propre route, évolue à sa manière jusqu’aux JO. Au final, le but est simple : que chacun soit au top même si on prend des chemins différents."

Et puis enfin, il offre une certaine autonomie à chaque joueur. Une façon de travailler qui plaît notamment à Tom Boon. « Shane insiste pour que chacun trace sa propre route, évolue à sa manière jusqu’aux JO. Au final, le but est simple : que chacun soit au top même si on prend chacun des chemins différents. »

"L’Australie, le Djokovic du hockey"



Lauréate de la dernière finale de World League face aux Belges et Championne du monde en titre, l’Australie apparaît comme le grandissime favori des prochains JO. Si pour certains comme Jean-François Rémy, les Kookaburras sont "au-dessus du lot", il ne faut pas en faire un adversaire injouable.

"Sûrement pas !", clame Marc Coudron. "Lors de nos derniers duels, nous avons perdu à chaque fois d’un petit goal d’écart. Toutes proportions gardées, l’Australie on peut la comparer à Djokovic. Elle perd très rarement, mais cela arrive encore parfois. Et puis, ils n’ont plus été champions olympiques depuis 2004. Sur un match, l’Allemagne, les Pays-Bas, la Belgique et l’Angleterre peuvent les battre."



Au-delà de ses qualités intrinsèques, la bande à Jamie Dwyer jouit d’une profondeur de noyau aussi large que talentueuse. "Leur grande force, c’est qu’ils parviennent à intégrer de nouveaux joueurs très rapidement. Ils ont une capacité à se renouveler tout simplement phénoménale", observe Alain Geens.

Réputés pour leur force physique et leur solidité dans le money-time, les Australiens ne sont pas pour autant redoutés par les Red Lions qui ont déjà prouvé qu’ils pouvaient rivaliser. "Ils ne me font pas peur", tonne Tom Boon. "C’est une équipe qui n’hésite pas à jouer au bluff via un pressing agressif mais nous disposons des capacités pour aller à la guerre ‘physique’ contre eux."





Nouveau tournoi, nouveau format



Les quarts de finale feront leur apparition aux prochains JO. Alors, grande nouveauté mais pour quelles conséquences ?

Officialisé fin décembre dernier, le nouveau format des Jeux olympiques permettra désormais à huit des douze équipes en lice de disputer la phase éliminatoire. Dans le passé, seuls les deux premiers de chaque groupe poursuivaient l’aventure.

Au sein de la fédération belge, cette initiative en a surpris certains. "Modifier ainsi la structure est inédit. L’ancien modèle était beaucoup plus difficile puisqu’il fallait se classer parmi les deux premiers de la poule pour jouer les demies. Avec cette formule, il faudra se classer au pire quatrième d’un groupe de six pour rester dans le tournoi", explique Denis Van Damme, responsable de la communication à l'ARBH.

Établis sur le classement mondial, les groupes des prochains Jeux Olympiques de Rio n’ont pas révélé de surprise. Les Kookaburras, premiers mondiaux, ainsi que la Grande-Bretagne, qui avait éliminé nos couleurs lors de la dernière Coupe du monde, se dresseront sur la route des Lions dans la course aux quarts.



“Sans doute que l’autre poule avec l’Allemagne et les Pays-Bas aurait été plus aisée”, siffle Marc Coudron. Un avis que ne partage pas tout à fait Tom Boon. “Pour moi, c’est mieux de se retrouver dans le groupe le plus relevé. L’objectif est bien sûr de se classer parmi les deux premiers de la poule afin d’éviter les deux gros morceaux.” 

De manière unanime, la nouvelle a été accueillie positivement par le hockey belge. Sauf énorme accident de parcours, les Red Lions seront en quarts. Pour Alain Geens, "c’est avant tout une bonne chose car cela permet de grandir pendant le tournoi".

Les poules des JO de Rio

Poule A : Belgique (5), Australie (1), Grande-Bretagne (4), Nouvelle-Zélande (8), Espagne (11) et Brésil (32).
Poule B : Pays-Bas (2), Allemagne (3), Argentine (6), Inde (7), Irlande (12) et Canada (14).

Les quatre premières équipes de chaque poule disputeront les quarts de finale. Le premier du groupe A sera opposé au quatrième du B, le second du A au troisième du B, etc.

CHAPITRE 2

Tom Boon, la star qui ne croit pas au Hazard

En quelques années à peine, le Bruxellois est devenu une des icônes du hockey mondial par ses coups d’éclats avec les Red Lions mais aussi par ses performances renversantes aux Pays-Bas avec Bloemendaal et au sein de la Ligue belge sous le maillot du Racing. L’an dernier, il a également participé à la prestigieuse et prospère India League où il avait été parachuté pour plus de 100.000$, un record!

Bref, il a fait le choix de vivre du hockey. Son rêve de devenir professionnel s’est mué en une réalité, mais cette vocation s’est surtout révélée possible grâce à l’évolution de son sport. "J’ai eu la chance d’éclore dans une nouvelle ère du hockey mondial et après avoir signé mon premier contrat au Racing tout s’est enchaîné très rapidement. Au début, ça n’a pas été facile, c’est vrai, j’ai dû m’accrocher mais je ne regrette absolument pas ce choix."

Pro, en se diversifiant certes, mais sans suivre des études en parallèle comme la majeure partie de ses coéquipiers, voilà la particularité qui colle à la peau de celui que l’on surnomme Sna. "C’est devenu quasi impossible de mener une carrière professionnelle à côté du hockey. Ceux qui étudient à côté sont nombreux à valider une année sur deux. Je n’ai pas fait d’études mais je compte sur ma carrière de hockeyeur pour absorber un maximum d’expérience et acquérir des langues qui serviront à ma reconversion."

En parallèle de son statut de joueur, Tom Boon est devenu organisateur de stages de hockey pendant les vacances scolaires (Tom Boon Hockey Camps) depuis l’an dernier et il développe désormais sa propre marque de matériel de hockey. A 26 ans, l’artificier des Red Lions confesse vivre une période excitante. "Je pense avoir trouvé un certain équilibre entre mon club, le Racing, où cela devient intéressant avec l’arrivée du playoff, les Red Lions avec lesquels je prends toujours autant de plaisir à m’entraîner et mes activités personnelles. Je suis bien dans ma tête et dans mon corps. Bref, toutes les conditions sont réunies pour que je propose mon meilleur niveau", sourit ce parfait trilingue dont l’oncle n’est autre que Marc Coudron, le président de la Fédé.

En tous cas, au niveau physique, on veut bien le croire. Celui qui est devenu l’une des mascottes de la Fédération Internationale (comme le prouve la vidéo ci-dessous) a réalisé un impressionnant travail de fond durant la trêve hivernale. "On m’avait fait des remarques sur mon poids. Je les ai entendues et j'ai changé ma préparation afin d’être plus 'fit'. J’ai perdu 4 kilos et 3% de masse graisseuse."

Maintenir le cap jusqu’au mois d’août, un marathon éprouvant et enivrant pour cet Eden Hazard de la petite balle blanche qui a pleine conscience que c’est maintenant ou jamais. "Je veux mettre toutes les chances de mon côté pour ne pas nourrir de regrets aux JO. Mon but, c’est qu’au moment de monter dans l’avion, je puisse me dire que tout a été fait, que je n’ai rien laissé au hasard."

CHAPITRE 3

Le hockey belge à la croisée des terrains

Si le nombre de ses affiliés (près de 40.000) est loin de rivaliser avec ceux du football qui tutoie les 440.000 membres, cela fait quelques années déjà que le hockey belge enregistre une croissance d’adhérents en constante progression. 10% de plus chaque saison.

"Élargir la base" résonne comme une priorité, si bien que la Fédération belge en a fait son cheval de bataille et son chantier principal. "Il faut continuer d’avancer. Nous visons les 50.000 à l’horizon 2020", assène Marc Coudron. Un défi gourmand qui s’accompagne d’un sacré challenge pour les clubs, au niveau des infrastructures notamment. D’ailleurs, certains matricules de la capitale se demandent comment passer un nouveau palier sans s’asphyxier.

Pour preuve, les listes d’attente s’amoncellent au sein d’institutions "historiques" bruxelloises qui ne peuvent répondre au boum de la demande. "L’Ombrage, l’Orée ou le Léopold sont handicapés par des problèmes d’infrastructures", constate Serge Pilet, secrétaire général de l’ARBH. "Le hockey est victime de son succès. C’est une maladie qui a touché d’autres sports", note Jean-François Rémy, commentateur sur BeTV et adjoint d’Enzo Scifo chez les Espoirs belges de football.

Ambitions et nouveaux bastions

Pour faire face à cet afflux de mordus du stick, Marc Coudron défend un projet original pour inciter aux investissements dans les clubs de hockey, mais pas seulement. "Je souhaiterais développer un Tax shelter, tel qu’il est appliqué actuellement au niveau de l’audiovisuel en Belgique, pour les infrastructures sportives. Il y a énormément à faire en Belgique: nous ne disposons ni d’une piscine olympique, ni d’une salle d’athlétisme digne de ce nom."

Certains clubs entreprennent de leur côté des initiatives ambitieuses tel que le plan "La Gantoise 2020". "Le club de football de la ville dispose désormais d’un stade formidable et nous voulons nous inscrire dans cette logique de renouveau. Dès lors, un déménagement semblait évident pour transformer une institution qui était logée au même endroit depuis 100 ans. Une fois installés, nous disposerons de trois terrains mouillés", se réjouit déjà Fabrice Rogge, le président du club.



Face à l’engorgement que subissent certains clubs, de nouveaux bastions se créent aux quatre coins du royaume. Pour preuve, d’ici 2018, la Ligue francophone envisage d’épauler six nouveaux clubs dans des régions où lorsqu’on parle de ‘hockey’, c’est plus souvent pour désigner un réflexe respiratoire. À savoir : Marche-en-Famenne, Bastogne, Enghien, Hannut, Neufchâteau et Dinant. "Au niveau de la visibilité, on sort de l’axe Bruxelles-Anvers où se trouve la majorité des clubs historiques. C’est un sport qui s’étend. En 2005, il n’y avait aucun club dans les provinces du Limbourg ou du Luxembourg, désormais ça commence à bouger", confirme Marc Coudron.

Enfin, pour accueillir ces néo-hockeyeurs et hockeyeuses dans des conditions optimales, l’encadrement tient également un rôle prépondérant. Et désormais la formation des formateurs est prise en charge par l’Adeps en Wallonie. "On a passé un cap", explique Marc Coudron. "Cette époque durant laquelle un papa se retrouvait à entraîner l’équipe de son fiston est révolue. Le hockey vogue vers une professionnalisation de l’encadrement qui doit répondre à des critères plus précis. Attention, j’ai dit professionnalisation et non professionnalisme !"

Et en effet, la distinction renferme des différences considérables…



Le budget du hockey belge? La moitié du salaire annuel de Kompany

6 millions d’euros. Le budget total du hockey belge réparti entre toutes les fédérations doit doucement faire sourire les professionnels du sport roi.

"Cela couvre les dépenses liées aux 30 personnes qui travaillent à la Fédé ainsi que les staffs des équipes nationales. A cela, il faut rajouter les voyages à l’étranger, les assurances, ou encore les locations des salles. Sans oublier les défraiements des joueurs de l’équipe nationale estimés entre 1000 et 1500€ bruts par mois", énumère Marc Coudron.

Des rétributions dérisoires par rapport au monde du basket ou du football, d’autant plus lorsque l’on pense à la prime pharaonique que les Diables rouges se partageront en cas de victoire à l’Euro (16.2 millions d'euros).

"Cela me rend d’autant plus admiratif lorsqu’on voit l’implication et les efforts qui sont consentis", confesse Jean-François Rémy. "Mais cela ne sert à rien de comparer ces deux univers qui sont complètement différents. Le football est beaucoup plus aseptisé, baigne dans un business surréaliste et se nourrit d’une passion irrationnelle."





"Rendre le hockey plus sexy, cela demande des moyens"

Rappelons qu’assister à un Racing – Dragons, équivalent d’un Anderlecht – Bruges au foot, est totalement gratuit mais ne rassemble jamais plus que quelques centaines de quidams au maximum. Alors si le hockey est en ascension, l’exemple hollandais a vite fait de calmer les ardeurs des plus optimistes. "Aux Pays-Bas, où le hockey fait office de sport national, on dénombre pas moins de 250.000 membres ! Et pourtant, les clubs ne parviennent pas à créer de la valeur même avec la chaîne publique NOS qui diffuse des matchs. Les clubs ne perçoivent pas d’argent. Ici, pour que le hockey passe à la télévision, il a fallu un investissement de la part des clubs."

Bien loin des croquignolets droits télé de la Pro League, le championnat de hockey a trouvé un accord avec les opérateurs Telenet et BeTV pour se faire une place dans la petite lucarne. Mais aux frais des clubs qui prennent en charge les coûts de diffusion.

"C’est un sport qui fait appel à un public de passionné et n’est pas toujours facile à suivre. Mais pour offrir de l’émotion et le rendre plus sexy, cela demande des moyens", souligne Jean-François Rémy. "Par exemple, on pourrait extraire le match phare et le positionner en soirée, comme c’est le cas en foot. A 15h, (heure à laquelle se disputent les matchs chaque dimanche) tous les amateurs de hockey sont au clubhouse ou en train de jouer."



L’ambiance face au billet de lotto

Évidemment, il ne parviendra certainement jamais à susciter le même attrait, la même passion que le football. Pour une raison toute simple, soufflée par le commentateur de la chaîne à péage. "Les parents inscrivent leurs enfants au football comme ils grattent un billet de lotto. Au hockey, on y va parce que c’est convivial, que l’atmosphère est sympa."

Pour préserver ses valeurs et son identité, le hockey belge doit maintenant gérer ce pic de croissance sans basculer dans la crise d’adolescence. Les clubs et la Fédé en ont parfaitement conscience. Et pour construire un futur où la balle continue de coller au stick, il leur faudra faire preuve de créativité et d’initiatives. "En ne formant qu’un seul bloc", pour reprendre la formule de John-John Dohmen. Après tout, l'union ne fait-elle pas la force ?

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CRÉDITS


Philippe Demaret, Photonews, AP.



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Pierre VANGROOTLOON

Journaliste sportif


Laurent DEPRÉ

Rédacteur en chef
& Chef de projet


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