L'art nouveau du football belge



Les secrets de fabrication d'une génération dorée



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« Ça ne peut pas continuer comme ça ». Les mots sont ceux de Michel D’Hooghe, alors président de l’Union belge, et ils sont glissés dans l’oreille d’un autre Michel, Sablon, qui occupe le poste de Directeur technique national. Nous sommes dans la tribune d’honneur du stade roi Baudouin, le 19 juin 2000. Sous les yeux du duo, Hakan Sükür ridiculise un Filip De Wilde qui alterne bourdes et sorties ubuesques. La Belgique s’incline 0-2, et regardera la suite de « son » Euro à la télévision. Une élimination dès le premier tour pour l’organisateur, c’est tout simplement du jamais vu à l’époque. Une triste première dont la Belgique se serait bien passée.

« On doit faire quelque chose » poursuit Michel D’Hooghe, effrayé par le spectacle qui se déroule sous ses yeux. « Ce n’était pas seulement ce match » raconte aujourd’hui Michel Sablon. « C’était surtout le fait que derrière, il y avait de bons joueurs, mais pas de grand talent. » En ce soir de juin, les deux hommes se rendent compte que l’élimination au premier tour du Mondial français n’était pas qu’une anecdote. Non, décidément, les Diables ne séduisent plus. Les courses folles d’Émile Mpenza suffisent à peine à éveiller un public lassé de cette bonne organisation, et plus enclin à regarder vers les sublimes voisins que sont les Oranje du gracieux Bergkamp ou les Bleus d’un Zidane au sommet de son art.

En plus d’avoir séché les cours d’esthétique, cette Belgique du football se voit également attribuer la mention « absente » dans les cases système, structure, formation des jeunes, créativité et, surtout, identité de jeu. L’épopée asiatique, réussie par la grâce d’un Wilmots préparé comme jamais et mythifiée par l’hypothétique but du Taureau de Dongelberg face à un Brésil dans les cordes, mais qui a pris le dessus dès que Rivaldo et Ronaldo ont appuyé sur l’accélérateur, ne sera qu’un dernier soupir avant douze années au purgatoire.




Pourtant, pendant que la Belgique pleure ses héros disparus au soir de ce presque exploit, la révolution diabolique est déjà en marche. Dans les couloirs de la Maison de Verre, antre de la fédération, quelques hommes planchent sur une brochure en papier glacé, intitulée « Vision de la formation de l’URBSFA ». Un fascicule d’une petite cinquantaine de pages qui doit emmener le football belge jusqu’aux cimes du football mondial. On a beau dire que les révolutions commencent toujours dans les livres, la scène a de quoi faire sourire.

Le sourire, Michel Sablon l’a justement aux lèvres quand des journalistes belges demandent son nom à la réceptionniste de la Maison de Verre. « On ne fait pas ça pour qu’on parle de nous », affirme modestement l’ancien DTN. « Nul n’est prophète en son pays » ajoute Bob Browaeys, sélectionneur des U17 diaboliques, dans son bureau tout en préfabriqué du Centre national de Tubize. Douze ans ont passé, et les Diables rouges pointent fièrement à la quatrième place du classement FIFA, avec un quart de finale de Coupe du Monde presque décevant dans le rétroviseur.

D’Ostende à Arlon, tout le monde chante les louanges d’une génération dorée, et bénit la chance de nous avoir offert tant de talents en même temps. Pendant ce temps, l’Australie engage un Belge pour repenser la formation de ses futurs Socceroos, et les têtes pensantes du football anglais se pressent par centaines à St. George’s Park pour écouter Michel Sablon présenter sa brochure. Avec une question qui leur brûle les lèvres :
« Mais comment avez-vous fait ? »

Et si, finalement, tout ça n’était pas seulement de la chance ? C’est l’histoire d’un plan…

NOS CHAPITRES

chapitre 1

Chapitre 1

REVOLUTION DE PALAIS

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chapitre 1

Chapitre 2

SUR LE TERRAIN

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chapitre 1

Chapitre 3

A LA RECHERCHE DU TALENT

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chapitre 1

Chapitre 4

LA RENAISSANCE

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chapitre 1

Chapitre 5

DÉJÀ PENSER À APRÈS-DEMAIN

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