Émmeline Van Den Bosch
Photos : Ennio Cameriere et Mathieu Golinvaux
La FJA annonce trois blocages routiers supplémentaires, entre dimanche après-midi et lundi soir. Les échangeurs E411-E42 et E19-R0 sont ciblés. La province de Luxembourg est aussi visée. D'importants embarras de circulation sont à prévoir.
La colère des agriculteurs wallons ne faiblit pas. La Fédération des Jeunes Agriculteurs (FJA) annonce trois importants dispositifs de blocage routier supplémentaires qui seront déployés entre dimanche après-midi et lundi soir.
Dans la province de Namur, l’échangeur de Daussoulx, où se croisent la E411 et la E42, sera bloqué par la fédération agricole à partir de dimanche 14h00 et jusqu’à lundi soir. Dans la province du Brabant wallon, c’est l’échangeur de Haut-Ittre, à la jonction entre la E19 et le Ring de Bruxelles (R0) qui sera ciblé dès 20h00 dimanche soir et jusqu’à lundi soir. Enfin, dans la province du Luxembourg, la commune de Libramont sera aussi visée lundi.
Au niveau autoroutier, l’objectif de la FJA est surtout de bloquer les camions, mais de gros embarras de circulation seront sans doute à prévoir pour tous les véhicules. Une cinquantaine de tracteurs ont déjà confirmé leur présence pour le blocage de l’échangeur de Daussoulx, mais d’autres pourraient également se joindre à l’action.
”Il faut bien se rendre compte que le monde agricole va très mal, explique Florian Poncelet, président de la FJA. Aujourd’hui, pratiquement aucun jeune ne veut se lancer dans le métier tellement c’est compliqué. On n’est pas rémunérés correctement pour nos productions. On vit avec une véritable surcharge administrative. Ce n’est plus possible.”
Le syndicat des jeunes agriculteurs dénonce un deux poids, deux mesures, avec une Europe qui étrangle selon eux les agriculteurs de normes et de réglementations, mais signe dans le même temps des traités d’importation de produits qui permet à des aliments meilleur marché et de moins bonne qualité d’arriver dans nos rayons. “On est mis en concurrence avec des produits importés qui ne sont pas soumis aux mêmes normes. L’Europe signe des traités, encore récemment avec le Chili et la Nouvelle-Zélande. On ne sait pas ce qu’il y a dans les aliments : des animaux bourrés d’antibiotiques, des fruits bourrés de produits chimiques. Mais c’est moins cher, alors les gens achètent. Et nous, on vend moins de stocks. Les prix sont tirés vers le bas.”
Avec l’inflation, les agriculteurs ont vu leurs coûts de production exploser, mais sans que leurs prix de vente ne suivent. Leurs marges ont donc largement diminué. Selon eux, le surcoût payé par les consommateurs au magasin ne finit par directement dans leurs poches, mais dans celles de l’industrie agroalimentaire.
Toute la semaine devrait être marquée par les actions des syndicats agricoles, avec notamment des blocages disséminés un peu partout en Wallonie. La FWA prévoit des barrages filtrants dans toutes les provinces, avec une province différente ciblée chaque jour de la semaine.
La Fugea prévoit, elle, une action symbolique mardi à Namur pour “dénoncer l’ultra-complefixation administrative qui étouffe les fermes”. La fédération prévoit aussi de cibler un industriel et un acteur de la grande distribution (dont les noms sont tenus secret) lors de deux actions distinctes supplémentaires. Enfin, tous les syndicats agricoles se retrouveront jeudi à Bruxelles à l’occasion d’un Sommet européen extraordinaire pour interpeller les autorités européennes.