Le kin-ball


Sport coopératif venu du froid

Une salle de gymnastique quelque part près du bois de la Cambre. Une odeur de vestiaires, des lignes multicolores tracées sur le sol pour délimiter les terrains. D’un coup, des souvenirs d’école qui remontent : la constitution des équipes au cours d’éducation physique ("lui, lui, lui… oh non, pas lui !"). Ceux qui sont choisis en premiers, ceux qui restent sur le carreau et passeront le match à côté du but, en attendant que ça passe.


On nous l’avait promis avant de venir : le kin-ball est l’activité par excellence pour évacuer ces mauvais souvenirs des sports qui divisent "bons" et "mauvais" en deux camps figés jusqu’à la fin de la scolarité. Imaginé au Canada à la fin des années 80, le kin-ball a été pensé par son concepteur comme un sport collectif au sens le plus strict du terme.


Prenez une balle d’1,22m de diamètre, douze joueurs divisés en trois équipes de quatre et vous avez le kin-ball. Le but : "servir" le ballon à l’une des équipes adverses, en évitant que cette dernière ne puisse le réceptionner avant qu’il ne touche le sol.


"Ma plus grande fierté est de voir une ouverture face au sport
chez un jeune qui n’en aurait jamais pratiqué sans le Kin-Ball."

Mario Demers, professeur d’éducation physique et inventeur du kin-ball

Ce jeu a séduit les professeurs d’éducation physique belges il y a une quinzaine d’années. Sur le plan international, notre pays compte de belles victoires à son palmarès. La dernière en date : le titre de champion d’Europe en 2014. La première coupe de Belgique de kin-ball a vu le jour, quant à elle, lors de la saison 2015-2016.

Mais le meilleur moyen de comprendre le principe du jeu et ses valeurs reste encore de regarder la vidéo ci-dessous :





Pour la Brussels Team, l’heure est à la concentration en cet après-midi de vacances de Pâques. Ils ont un match à disputer dans quelques jours et leur coach, Olivier Laurent, ne veut rien laisser au hasard. "Qui devait venir encore ?", lance-t-il à la cantonade. "Icham, il y a toujours moyen qu’il vienne, mais on ne sait pas…", hasarde une voix au milieu de la salle. L’entraîneur poursuit sans se démonter : "Les gars, échauffez les bras. On va rentrer directement sur le terrain."


Tous s’exécutent avant d’enfiler l’une des vareuses aux couleurs officielles (gris, noir ou bleu) qui servent à identifier les équipes. Un étrange ballet sonore et visuel commence. Les baskets couinent sur le sol. La balle claque de manière impressionnante à chaque fois qu’elle est frappée par un joueur. Différents cris résonnent au milieu des indications de l’entraîneur qui a endossé le rôle d’arbitre.



"Omnikin gris !", "Omnikin noir !" Chaque manche commence par l’appel d’une couleur d’équipe. Une fois frappée, la balle, qui pèse environ un kilo, tournoie un instant dans les airs… Aussitôt, l’équipe appelée se précipite pour empêcher que le ballon n’entre en contact avec le sol. La manœuvre réserve parfois d’amusantes figures acrobatiques, entre plongeon désespéré et coup de pied dans le vide. Heureusement que les joueurs sont équipés de genouillères semblables à celles utilisées par les volleyeurs pour amortir les chocs.


"L’avantage de ce jeu, c’est que tout le monde participe", se félicite Olivier Laurent. "Ce n’est pas comme au foot où deux ou 3 trois forts dominent le match." Parmi les joueurs de la Brussels Team, on trouve d’ailleurs certains de ses anciens élèves. Chacun a ses propres qualités dans un sport où le fair-play, la coopération et la rapidité sont des qualités indispensables.



CARTE D’IDENTITE

Journaliste

Ambroise Carton

DH.be

2016