C’est un petit tremblement de terre qui secoue le championnat belge en mai 1995. Après 50 ans saisons consécutives en Division 1, le FC Liège est relégué à l’étage inférieur. Quelques mois plus tôt, le stade de Rocourt avait été déclaré non-conforme et allait être détruit pour faire place à un cinéma. Depuis lors, les Sang et Marine végètent dans les divisions inférieures, évoluant désormais en Promotion après avoir été relégué de D3 en 2012 au terme d’un barrage contre un autre grand nom du passé : l’Union St Gilloise.
Premier club wallon fondé en 1892 et organisateur du premier Liège-Bastogne-Liège de l’histoire, le matricule 4 pèse cinq titres de champion et une Coupe dans le palmarès de notre football. Il s'est surtout paré des premiers lauriers nationaux de l'histoire en 1896. Les Liégeois enchainent ensuite avec un doublé (1898-1899) avant de devenir les premiers anciens champions à connaître les affres de la relégation.
Il faudra attendre l’après-guerre pour que Rocourt s’enflamme avec un nouveau doublé (1952 et 1953) acquis sous la houlette de Jean Loos, qui reste jusqu’à ce jour le seul entraineur wallon à avoir gagner à deux reprises le titre de champion dans sa carrière. Dans les sixties, le club se distingue surtout sur la scène continentale en atteignant le dernier carré de la Coupe des Villes de foire en 1964, privé de finale par Saragosse après qu’un troisième duel eut été nécessaire pour départager les deux formations.
Avec l’arrivée de l’homme d’affaires André Marchandise à sa tête dans les années 80, le “Great Old” wallon espère renouer avec les sommets. Robert Waseige y accomplit ses tours de magie et les Sang et Marine ramènent la Coupe en bord de Meuse en mai 1990 grâce à un but du remplaçant Malbasa contre le Germinal Ekeren.
Quart de finaliste de la Coupe de l’UEFA la même année, le FC Liège réédite l'exploit 12 mois plus tard en Coupe des vainqueurs de Coupe où il est sorti sans discussion par la Juventus d’une compétition dont l’épilogue mettra aux prises le futur vainqueur Manchester United au Barça. Difficile d’imaginer alors que la descente aux enfers des Liégeois serait si brutale.
De nombreux grands joueurs sont passés par Rocourt puis par le Pairay, désormais lieu d’hébergement du matricule 4. Des Anoul, Moes, Deschamps et Carré aux Boffin, de Sart et Malbasa en passant par les Ikpeba, Oliseh, Sljivo et Thans. Considéré comme l'un des meilleurs clubs formateurs du pays à la fin des eighties, le RFCL a aussi vu éclore des garçons comme Guillaume Gillet, Bailly, Turaci ou plus récemment Bakkali.
Depuis deux saisons, le RFCL peut compter sur une nouvelle direction qui restructure complètement le club afin qu'il repose sur de solides fondations. Si les supporters rêvent toujours dans un coin de leur tête d'un retour premier plan, ils ne veulent pas s'enflammer pour autant. Les déceptions de certains grands projets récents ayant refroidi leur enthousiasme naturel.
Le plus important pour eux est que le club continue d'exister en revendiquant son glorieux passé. Le FC Liège est en effet à part dans le microcosme de la Principauté mosane. Son ancrage local et régional est sans doute plus fort que celui du puissant voisin Standarmen qui draine des fans à travers nombreuses régions du pays.