Racing Malines – la volonté sera-t-elle suffisante ?

Ce dimanche, l'autre club malinois faisait à nouveau parler de lui dans l’actualité. Alors que le voisin du KaVé fêtait un partage heureux sur la pelouse d’Anderlecht, les joueurs et le staff du Racing annoncent qu’ils partent en grève parce qu’ils ne sont plus payés depuis trois mois. Fin 2014, le club avait été sauvé provisoirement par le don d’un de ses... stewards qui a expliqué son geste par la simple volonté de voir son club vivre. Volonté, le mot est gravé sur le fronton du très british stade Oscar Van Kesbeeck. “Waar is er een wil, is een weg”. Traduisez : “là où il y a une volonté, il y a un chemin”.

Le Racing est un club à part dans cette ville de Malines où le supporter se distingue par sa ferveur. Fondé en 1904, le matricule 24 ne peut se targuer du même palmarès que son voisin de derrière les Casernes. Il n’a jamais remporté le titre de champion, ses deux seuls faits d’arme étant une place de vice-champion acquise en 1952 derrière Anderlecht et une finale de Coupe de Belgique contre le Standard deux ans plus tard. A cette époque, lesRacingers comptaient dans leurs rangs un fer de lance en la personne de Rik De Saedeleer qui deviendra après sa carrière la voix des matches de football à la télévision flamande.

Il faudra ensuite attendre 60 ans pour que justice soit rendue à Jozef Mannaerts. En 1952, l’attaquant avait terminé deuxième du classement des buteurs derrière Rik Coppens. Un supporter du Racing refera les comptes pour prouver que c’était bien Mannaerts qui avait fait le plus trembler les filets. Ce dernier s’éteindra quelques mois après cette reconnaissance.

Présent pendant 32 saisons au plus haut niveau du football belge, le Racing s’est surtout forgé un palmarès dans les divisions inférieures avec quatre titres de champion en D2 et trois en D3.

Ce qui rend le club si particulier dans l’histoire de notre football, c’est évidemment son formidable soutien populaire. Les affluences au stade Van Kesbeeck restent impressionnantes pour ce niveau et le public n’a pas son pareil pour mettre la pression sur les joueurs adverses. Demandez un peu aux joueurs de Zulte Waregem ce qu’ils en pensent. Eux qui furent éliminés en 1/8e de finale de la Coupe de Belgique au terme d’une incroyable séance de pénalties qui vit le jeune bruxellois Michael Clepkens se mettre en évidence bien aidé par des fans déchainés et venus en nombre.

Mais il faudra sans doute plus que ça pour que le club s’en sorte cette fois-ci. Le RC Malines sait qu’il retournera quoiqu’il arrive en D3 puisque la commission des licences lui a refusé le droit d’évoluer parmi l’antichambre de l’élite la saison prochaine. Avec des joueurs en grève, le club pourrait être contraint de terminer la saison avec ses jeunes.

La course à la recherche de fonds est lancée. Malines a su sauver son KaVé il y a quelques années pour le faire renaître de ses cendres. Pourquoi n’en serait-il pas de même avec les Racingers, histoire de faire honneur à leur devise.






Leopold Uccle, le papy sympathique

Né avant même le vingtième siècle, le club ucclois reste un mythe malgré un palmarès désespérément vierge.

Le Leo, il est un peu de la famille de tout le monde. D’ailleurs, on se permet tous de l’appeler « le Leo ». Comme si c’était un ami. Au moins un pote, quoi. Pourtant, le Leopold Uccle, plus personne ne le connaît vraiment.

Et pour cause : dans l’histoire du football belge, le club n’a laissé que son poussiéreux matricule 5. Assez vieux sage pour être aimé par tout le monde, mais pas assez titré pour figurer à la table des géants. En dix-huit ans d’élite, le club ucclois doit se contenter d’un titre de vice-champion de Belgique 1902 pour tout presque-titre. Un bon siècle et une place en milieu de Promotion B plus tard, le club n’a plus que ses belles anecdotes à raconter.

L’histoire d’un club choisi pour représenter la Belgique du football aux Jeux olympiques de 1900, les deuxièmes de l’ère moderne. L’histoire d’un club où jouait Fernand Nisot, qui reste encore à l’heure actuelle, du haut de ses seize ans et dix-neuf jours, le plus jeune des internationaux belges de football. L’histoire d’un club qui s’est appelé Léopold parce que le capitaine Reyntiens, officier du roi Léopold II, avait visiblement envie de se faire bien voir par Sa Majesté.

Aujourd’hui, on entend plus souvent son nom sur les pelouses synthétiques de hockey que sur le vrai gazon bruxellois. Le Leo est à tout le monde, sans vraiment être à quelqu’un. D’ailleurs, en un bon siècle d’histoire, il a joué à Ixelles, à Uccle, pour finir sa course sur la pelouse du stade Fallon, à Woluwé Saint-Lambert. Sa façon à lui d’être chez lui partout, sans avoir de toit fixe nulle part. Un club vraiment pas comme les autres.

La Louvière, la gueule des Loups

Après une pige éphémère dans les années septante, La Louvière a vécu la (trop) grande vie dès l’an 2000.

Parce qu’il vaut mieux vivre avec de bons souvenirs, on évitera d’évoquer longuement cette triste fin de la grande histoire des Loups, entre malheureux protagonisme dans l’affaire des paris truqués et radiation après plusieurs années de purgatoire.

Retour au début des années 2000 donc. La Louvière retrouve la D1 après un bref passage par l’élite dans les années septante. Le reste, ce sont des souvenirs en images. Les entraînements commando d’Albert Cartier, les potions magiques du druide Leclercq, les folies du président Gaone. Les coups de patte de Benoit Thans et les coups de canon de Klukowski. Les muscles d’Onyewu et les sprints d’Odemwingie. Les buts d’Yves Buelinckx et ceux de Frédéric Tilmant.

Et puis, bien sûr, il y a 2003. Une finale de Coupe de Belgique face au Saint-Trond de Jacky Mathijssen. Un but de Georges Aerts, mais surtout un doublé inoubliable de Manasseh Ishiaku pour permettre aux Loups d’ouvrir les portes de leur armoire à trophées. Et celles de la Coupe d’Europe par la même occasion. Direction l’UEFA, et une double confrontation de prestige face à Benfica. Il y aura encore une septième place en 2005, sous les consignes militaires du général Cartier. Et puis la D3, et la radiation.

La suite ressemble aux mauvais scénarios devenus trop récurrents. Fusion avec Couillet, puis dégoût du public face à l’artificiel FC Charleroi. Les supporters se tournent vers la défunte Union du Centre, devenue Union Royale La Louvière Centre. Un club qui joue en division 3, sur la pelouse du Tivoli, avec un loup sur le blason. Le club vit, à présent, presque dans la quiétude. Presque, seulement. Ça reste La Louvière, quand même.




Seraing, l'art du contre-pied

Un champion d'Europe en D2, des danses brésiliennes vers l'Europe, et d'improbables fusions. La belle histoire de Seraing s'écrit en deux temps. Un premier passage en première classe dans les années quatre-vingt, avec une cinquième place en 1984 obtenue par la grâce des buts de Nico Claesen, sacré meilleur buteur après quatre années de domination sans partage d'Edwin Vandenbergh. Cinq années de D1, avant un retour à la cave. Une histoire de bon vin, puisque le R.F.C. Sérésien en ressortira meilleur que jamais.

Le stade du Pairay retrouve l'élite en 1993. Pour sortir de D2, Seraing a pu compter sur l'improbable concours de Lars Olsen, tout juste sacré champion d'Europe avec le Danemark. Pour briller au sommet du football belge, le club de la périphérie liégeoise se met à l'heure brésilienne. Heylens joue les chorégraphes, et fait danser Wamberto, Edmilson et Isaias sur les pelouses du pays. Avec les buts de Roger Lukaku en prime, Seraing monte sur le podium et s'invite en Coupe d'Europe.

L'aventure tournera court, le temps d'une confrontation perdue aux buts à l'extérieur face au Dinamo Moscou en Coupe de l'UEFA. Agacé par les dépenses faramineuses, le président Blaton met la clé sous le paillasson en 1996 et offre le matricule serésien au Standard, dans une fusion qui est en fait une assimilation. Les fidèles snobent le Standard au milieu des années nonante et se tournent vers le matricule 23, celui du Seraing RUL. L'histoire se joue entre la D3 et la Promotion, avec une âme rafistolée par un nouveau maillot rouge et noir et un retour au nom de R.F.C. Sérésien. C'était sans compter sur une nouvelle fusion l'été dernier, quand le club s'allie avec le FC... Charleroi pour devenir le Racing Club Charleroi-Couillet-Fleurus. Le matricule 23 disparaît, mais Seraing ressuscite une nouvelle fois sur les cendres du... RBDB pour s'offrir un voyage vers la D2.



Alost, tous les chemins mènent à Rome

Une histoire éphémère qui mène de la D2 à Francesco Totti, en passant par le Soulier d'Or. Alost a quitté la Division 1 au printemps 2002. Sans faire trop de bruit. Peut-être parce qu'on était sûr qu'ils reviendraient. Pourtant, depuis bientôt treize ans, les Oignons n'ont plus que leurs yeux pour pleurer, et des matches de D2, de D3, voire de Promotion pour tenter de se consoler. En seize saisons, Alost avait pris goût à l'élite. Il doit maintenant s'habituer au ventre mou de son antichambre. Dans la deuxième moitié des années nonante, l'Eendracht passe même sept saisons consécutives en D1. Les Oignonsdéboulent dans l'élite en 1994 via le tour final, avec Jan Ceulemans sur le banc et Godwin Okpara, Yves Vanderhaeghe ou encore Gilles De Bilde sur le terrain. Fraîchement promu, le club s'apprête à vivre l'année la plus folle de son histoire.

Au mois de janvier, Gilles De Bilde braque le Soulier d'Or au nez et à la barbe des tauliers brugeois. Fou de rage, Lorenzo Staelens quitte carrément la cérémonie avant son terme. Alost s'en moque et poursuit son rêve éveillé jusqu'à une demi-finale de Coupe de Belgique et, surtout, une quatrième place en fin de saison qui lui ouvre les portes de la Coupe de l'UEFA. Une qualification qui semble anodine, mais qui permettra aux Oignons d'avoir une place de choix dans les souvenirs d'une des légendes du football contemporain. Après une victoire face au Levski Sofia, l'Eendracht croise la route de l'AS Roma. L'affaire est pliée dès le match aller, avec un 4-0 bien tassé sur la pelouse de l'Olimpico. Vanderhaeghe marque contre son camp, mais la belle histoire du jour est celle d'un jeune homme de dix-neuf ans, qui marque son premier but en Coupe d'Europe. Un certain Francesco Totti.



Lommel, histoire d'une Coupe

Seuls les dribbles de Fadiga et les buts de Van Geneugden sont parvenus à sortir les Vert et Blanc de leur éternel anonymat.

Lommel est l'un des rares endroits de Belgique où les habitants se rappellent que notre pays a hébergé, l'espace de quelques années, une Coupe de la Ligue. Et pour cause : les Limbourgeois ont soulevé le trophée en 1998, écrivant face à Ekeren la plus belle ligne d'un palmarès plutôt famélique grâce à ses tauliers qu'étaient Jacky Mathijssen, Harm Van Veldhoven ou le buteur maison Waligora.

Pour ceux qui suivaient le football belge dans les années nonante, Lommel faisait pourtant partie du paysage. Un peu comme ce vieil oncle qu'on voit avec indifférence lors des fêtes de fin d'année, mais dont l'absence nous interpelle une fois qu'il n'est plus là.

Une fois, seulement, au milieu de ses dix saisons au sein de l'élite Lommel sort de l'anonymat du ventre mou. Le temps d'une cinquième place en 1997, acquise entre les buts de Ronny Van Geneugden et les coups de génie de Khalilou Fadiga. De quoi offrir une première fois à Lommel l'ivresse des soirées européennes. Ivresse discount, parce que ce n'était quand même que la Coupe Intertoto.

Abattu par la faillite en pleine saison 2002-2003, le club au maillot vert restera aussi comme l'un des pourvoyeurs préférés du Club brugeois, qui aura sorti Khalilou Fadiga, mais aussi Timmy Simons ou Jochen Janssen du Limbourg pour leur faire découvrir les charmes de la Venise du Nord.

Sauvé par Overpelt, puis par Mol-Wezel, le club a presque changé de nom chaque année, tentant de se raccrocher à l'histoire du club vert et blanc pour finalement devenir le Koninklijke Lommel United. Une fusion qui permet au club de s'installer en D2, flirtant souvent avec un retour parmi l'élite. Actuel troisième du championnat, Lommel pourrait aller chercher une cinquième participation au Tour Final en une dizaine d'années. Avec un cinquième échec à la clé?



Diest, dans les profondeurs

Loin de son glorieux passé, le club brabançon végète en deuxième provinciale.

En 1964, le club de Diest a été tout près de laisser pour l’éternité son nom dans l’histoire du football belge. Mais au bout des prolongations, c’est La Gantoise qui a fini par soulever la Coupe de Belgique. Diest a manqué sa chance, et elle ne semble pas prête de repasser.

Parce que pour retrouver une trace du club brabançon en division 1, il faut remonter jusqu’au milieu des années septante et aux derniers épisodes des neuf saisons passées par Diest dans l’élite. Une belle aventure qui a écrit ses derniers chapitres de gloire avec le Français Alfred Kaiser, l’énigmatique buteur paraguayen Agustin Riveros Falcón ou encore Eddy « Tintin » Voordeckers, qui s’envolera ensuite pour le Standard, avec une belle carrière de Diable rouge menée dans la foulée.

La suite, c’est un long séjour dans l’antichambre de l’élite, avant le début d’une chute vertigineuse au début du millénaire. Diest plonge jusqu’en troisième provinciale, avant de se redresser sous l’impulsion des légendaires Bruno Versavel et Jos Heyligen, venus relever le géant. La quarantaine bien accomplie, Bruno marche sur les provinciales brabançonnes entre deux clopes grillées au bord du terrain et emmène le club jusqu’aux portes de la Promotion.

Un tour final manqué plus tard, le club cherche un second souffle et retombe en deuxième provinciale. Le public, anormalement mais merveilleusement nombreux pour des rencontres de ce niveau, répond toujours présent pour suivre un club qui, cette saison, semble bien parti pour coiffer les lauriers et retrouver l’élite provinciale. Pour la nationale, il faudra sans doute attendre beaucoup plus longtemps…



Harelbeke, les autres Mauves

Le club a réussi l'incroyable "exploit" d'emmener un finaliste de Coupe du Monde sur un banc de Division 2.

Quand le Beerschot manquait à l'appel, il a bien fallu un club pour empêcher Anderlecht de monopoliser le mauve sur les pelouses de première division. Entre 1996 et 2001, c'est le modeste Harelbeke qui s'y est collé, prenant sa tâche au sérieux au point d'aller gratter une cinquième place en 1998, deux points derrière les autres Mauves. Une place synonyme de Coupe Intertoto, et de duel de prestige perdu face à la Sampdoria.

Sous la tenue mauve d'Harelbeke, il y a bien sûr eu l'immense David Paas, le robuste défenseur Hein Vanhaezebrouck ou encore l'enfant de la maison Joris De Tollenaere. Mais l'histoire du club a surtout été marquée par un gardien et un entraîneur.

C'est à Harelbeke que s'est véritablement révélé Ronny Gaspercic. Ses exploits quotidiens lors de la fameuse saison 1997-1998 lui ont ouvert les portes de la sélection nationale, mais aussi celles de la Liga, rejointe l'année suivante avec un titre de meilleur gardien de Belgique dans la poche. Voilà qui aurait pu être l'anecdote la plus folle de l'Histoire d'Harelbeke. Mais la vraie folie, c'est dans les années 80 qu'on la retrouve sur le banc des Ratten. Ernst Happel débarque auForestierstadion pour aider le club à assurer son maintien en ... Division 2. Quelques mois plus tôt, le coach autrichien venait d'échouer en finale de la Coupe du Monde 1978 à la tête de la sélection néerlandaise. Un sacré grand écart...

En proie à des problèmes financiers, le club demande sa radiation en 2001, la relégation tout juste acquise. Harelbeke fusionne avec Ingelmunster, et entame une incroyable chute libre qui l'emmène jusqu'en première provinciale. Revenu à l'échelon national en 2011, le club lutte à présent pour le titre en Promotion A. Avec l'ambition de devenir à terme un club stable de Divison 3. Et sans Alejandro Sabella, finaliste malheureux du Mondial brésilien, sur le banc.