Les héros de l’ombre : plongée dans le quotidien des métiers insoupçonnés de l’hôpital en pleine crise Covid

Immersion d’un mois au coeur des hôpitaux Iris Sud

Une enquête de Jimenez Ludovic

Derrière les blouses blanches, de nombreuses professions s’activent en coulisses pour que l’hôpital résiste à cette crise. Avec des précautions extrêmes, ils sont aussi en première ligne dans cette guerre.

Introduction

S’ils sont moins visibles que les soignants, leur rôle est pourtant vital. Des agents d’entretiens aux cuisiniers, en passant par les biotechniciens, le morguiste, les nutritionnistes et encore bien d’autres fonctions, ils forment ce qu'ils appellent les “coulisses des soins”.

Et nous,
où sommes-nous représentés ?

Ils ne sont ni médecins, infirmières ou soignants, mais sans leur travail, c’est tout l’hôpital qui s’écroulerait. Ces hommes et femmes de l’ombre ne comptent ni leurs heures, ni leur dévouement car il faut bien nourrir les patients et nettoyer les chambres des malades du coronavirus. Avec des précautions extrêmes, ils sont aussi en première ligne dans cette guerre.

Méconnus, insoupçonnés voire carrément oubliés, ces métiers sont pourtant essentiels au bon fonctionnement d’un hôpital. Déjà mis sous pression et frappé par la pénurie de personnel et les coupes budgétaires en temps normal, la crise du covid est venue fragiliser leur quotidien. Tous forment un maillage essentiel à la qualité des soins octroyés et ont dû bien souvent se réinventer durant la pandémie. Nous les avons suivis au sein des Hôpitaux Iris Sud pendant un mois durant dans tous les services invisibles à l'œil nu, tous les recoins et couloirs jusqu’aux sous-sols de leur “deuxième maison” en plein pic de la seconde vague, venue bouleverser un peu plus leur quotidien. De l’ombre à la lumière: plongée dans le règne de la débrouille, entre pénurie de personnel, manque de moyens et solidarité à toute épreuve, partez à la découverte des métiers insoupçonnés du monde hospitalier, tout juste un an après l’apparition d’une mystérieuse pneumonie venue de Chine, responsable de plus d’un million et demi de morts à ce jour et de la plus grave crise sanitaire mondiale depuis plus d’un siècle, et qui continue d’ébranler notre vie à tous.

S’ils ne sont ni médecins, infirmières ou soignants, sans leur travail, l’hôpital s’écroulerait. Ces hommes et femmes de l’ombre ne comptent ni leurs heures, ni leur dévouement car il faut bien nourrir les patients et nettoyer les chambres des malades du coronavirus. Avec des précautions extrêmes, ils sont aussi en première ligne dans cette guerre.

Merci, vous êtes extraordinaires. Une affiche placardée dans les couloirs de l'hôpital vient rappeler combien le personnel s'est donné corps et âme dans une bataille contre une pandémie mondiale, historique et dévastatrice. Rue Jean Paquot, aux abords de l’hôpital Etterbeek-Ixelles, une fresque vient compléter l'hommage rendu aux soignants pendant cette lutte sans merci dont on ne connaît pas encore la date de fin. Source de frustration, elle est devenue une sorte de mur des lamentations. "Et nous, où sommes-nous représentés"? Sur l'affiche comme sur la fresque, on peut reconnaître infirmière, médecin et chirurgien. Mais aucune trace des "autres", ces oubliés des médias, des autorités, des responsables hiérarchiques et de l’opinion publique. Ces fonctions dont on tait le nom mais qui sont pourtant tout aussi exposés au virus et souvent moins protégés que les soignants. “Sur ce dessin comme dans les messages de remerciement des autorités, je ne vois aucun gars du service technique ! Il faudra expliquer à mes collègues pourquoi ils n’y sont pas alors qu’eux aussi ont dépanné et se sont rendus dans les chambres Covid, tout ça donne l’impression de ne pas exister”, regrette Moustafa Finsi, chef de secteur à l'hôpital Ixelles. Nous avons donc voulu mettre en lumière ces petites mains derrière les soins, ces hommes et ces femmes qui se sont jetés corps et âme dans une bataille sans fin pour que leur hôpital continue de tourner, dans l’ombre des soignants.

Chapitres